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    Steven Spielberg a toujours été considéré comme l’un des cinéastes les plus populaires, les plus “commerciaux” et les plus “rentables” de l’histoire du 7ème Art. Pourtant, c’est aussi paradoxalement l’un de ceux dont l’œuvre est la plus personnelle et la plus intime.

     

    A chaque film, Spielberg nous dévoile les facettes de sa propre personnalité, nous communique ses frayeurs les plus profondes, nous offre en partage ses passions les plus dévorantes, nous livre ses souvenirs les plus intimes. Qu’il convoque les requins mangeurs d’homme, les visiteurs de lointaines galaxies, les vestiges archéologiques de lointaines civilisations, les dinosaures miraculeusement ressuscités ou les heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité, Steven Spielberg raconte toujours son propre récit : celui d’un être fragile, aux liens familiaux distendus, qui lutte désespérément pour ne pas perdre le contrôle de sa vie et de son monde. Le surgissement d’événements extraordinaires, qu’ils soient ouvertement fantastiques ou au contraire puisés dans les faits réels, agit dès lors comme un parcours d’obstacles qu’il faudra franchir pour ressortir grandi et enfin rééquilibré. En plongeant dans l’œuvre de Steven Spielberg, on découvre des trésors d’humanité et d’humanisme, ainsi qu’un fascinant réseau de correspondances thématiques et visuelles qui n’en finissent plus de se répondre, comme autant d’échos échappés d’une même symphonie.

     

    Spielberg a compris que le cinéma était l’un des vecteurs d’émotion les plus universels de notre civilisation. Puisant son inspiration dans les travaux de ses illustres prédécesseurs, de John Ford à Alfred Hitchcock en passant par David Lean, Victor Fleming, Frank Capra et Akira Kurosawa, il a su transcender l’influence des grands maîtres pour construire son propre univers, et surtout le redéfinir à chaque film, préférant le risque à la redite, l’audace à la routine.

     

    Voici un petit film hommage à ce cineaste d'exception, qui contient des extraits de ses propos, enregistrés lors de son passage à Paris en janvier 2012 :

     

     

    Et voici l'intégralité des films fantastiques de Steven Spielberg, chroniqués dans L'Encyclopédie du Cinéma Fantastique :

     

    1971: Duel

     1975: Les Dents de la Mer

    1977: Rencontres du 3ème Type

    1981: Les Aventuriers de l'Arche Perdue 

    1982: E.T. L'extra-terrestre

    1983: La Quatrième Dimension

    1984: Indiana Jones et le Temple Maudit

    1989: Indiana Jones et la dernière Croisade

    1990: Always, pour toujours

    1991: Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet

    1993: Jurassic Park

    1997: Le Monde Perdu: Jurassic Park

    2001: A.I. Intelligence Artificielle

    2002: Minority Report

    2005: La Guerre des Mondes

    2008: Indiana Jones et le Royaume du Crâne de cristal

    2011: Les Aventures de Tintin: le Secret de la Licorne

     

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    © Gilles Penso

    Un grand merci à Michèle Abitbol et Séve

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  • Histoire de la naissance du cinéma égyptien Version imprimable Suggérer par mail
    Aziza Amir, la pionnière
    Le 16 novembre 1927 a vu une naissance bénie, celle du cinéma égyptien.
    Cette nuit-là, on a projeté un véritable long métrage alors que, jusque-là, la production cinématographique se résumait tout au plus à un ou deux actes d’un court métrage. L’évolution a été remarquable. Un véritable tournant dans l’histoire du 7e art arabe, après les courts documentaires, les fameuses actualités des principaux évènements politiques ou sociaux.

    Leïla


    Le premier long métrage, ou, disons, le premier essai, pour être plus précis, porte la signature d’une dame aventurière et folle amoureuse de cinéma. C’est Moufida Mohamed Ghanem alias Aziza Amir, comme elle aimait à être appelée.

    Le film était intitulé Leïla et réalisé par Stéphan Rosti. Aziza Amir y joue le premier rôle à côté d’Ahmed Jalel (père du cinéaste Nader Jalel) et son frère Houcine Faouzi, Marie Mansour et la célèbre danseuse Bamba Kecher.

    Aziza Amir avait en fait au départ confié le soin d’écrire le scénario du film et de le réaliser à l’artiste turc fort connu, Wided Orfi. Malheureusement, la partie filmée par ce dernier n’a guère plu à Aziza lors de son visionnage. Elle en fut même choquée tellement l’incohérence entre scènes régnait en maître.

    Les scènes étaient indéchiffrables et cela ressemblait à tout, sauf à un long métrage de fiction. En tout cas, le constat d’échec était patent. Dépitée, Aziza Amir charge le comédien Stéphan Rosti cette fois de reprendre le film, tout en s’aidant des séquences tournées pour Widad Orfi.

    Le 16 novembre 1927, Leïla était projeté pour la première fois au cinéma Métropole à l’intention d’un aréopage de grandes figures des arts et de la culture, ainsi que d’hommes politiques ayant à leur tête Talaât Harb Bacha. L’événement était historique, l’Egypte entrait dans l’ère cinématographique.

     

    Mari et compagnon

     

    Convaincue du rôle primordial du cinéma dans la promotion de la condition humaine et l’essor de la société, Aziza Amir a continué à produire des longs métrages, dont nous citerons Bayaâtou attoufah (La vendeuse de pommes) en 1937, où elle joue aux côtés de la nouvelle star Mahmoud Dhulfikar qu’elle épousera plus tard, dans une réalisation de Houssine Faouzi. Aziza joue une vendeuse de fruits qui exprimera ses talents auprès de Dhulfikar pour jouer devant la famille de celui-ci le rôle de l’épouse. Une famille aristocratique et qui s’obstine à marier Mahmoud à une parente. Mais le bonhomme n’éprouve qu’un vague sentiment d’amitié pour elle.

    Pour les besoins de la supercherie, Mahmoud sera contraint de changer la physionomie de la vendeuse de fruits, tout en lui inculquant les bonnes manières, afin qu’elle puisse jouer le rôle de l’épouse.

    Aziza Amir produira ensuite Masnaâ azzawjat (L’usine des épouses) en 1938. Elle a confié les premiers rôles à Mahmoud Dhulfikar et Kouka, et la réalisation à Niazi Mustapha.

    Puis viendra un autre film du genre réaliste : Al Warcha (L’atelier) qui raconte le combat de la classe ouvrière et les efforts qu’elle consent au travail. Aziza Amir y incarne le rôle principal aux côtés de Mahmoud Dhulfikar et Anouar Wajdi, dans une réalisation de Stéphan Rosti.

    En 1943, elle produit et joue dans le film historique Hababa lequel narre l’histoire de la célèbre dame de la cour omeyade. A ses côtés, on pouvait trouver Mahmoud Dhulfikar et son frère cadet Salah.

    Puis vient Ibnati (ma fille), un mélodrame réalisé par Miazy Mustapha. Mahmoud Dhulikar et Zaki Touléïmat en sont les premières figures.

    En 1945, elle produit, sans y jouer, un film de fiction Takiatou al Ikhfaa interprété par Bichara Wakim, Tahia Carioca, Mohamed Kahlaoui, Amina Chérif et un enfant juif, Ibrahim Youssef. Ce film rencontre un franc succès, générant de belles recettes, ce qui invite d’autres cinéastes à exploiter le film en produisant ce qui peut ressembler à une suite à ce film Awdatou takiet al ikhfa (le retour de takiet al ikhfa), Sirrou de takiet al ikhfa (le secret de takiet al ikhfa).

     

    Pluie de films

     


    D’autres films non moins importants dans l’histoire du cinéma arabe vont suivre‑: Hadya (le cadeau) en 1947, avec Aziza Amir, Najet  Essaghira et Mahmoud Choukoukou dans une réalisation de Mahmoud Dhulfikar,  Fatatoun men falestine (une fille de Palestine) avec Souad Mohamed et Mahmoud Dhulfikar en 1948, Qesma wa nassib (une destinée) avec Aziza Amir et Yahia Chahine, réalisé en 1949 par Mahmoud Dhulfikar, Aminti bellah (je crois en Dieu) avec Aziza Amir, Médiha Yosri, Mahmoud El Melligi et Nébil El Olfi réalisé par Mahmoud Dhulfikar en 1952, Aminti bellah a été le dernier long métrage joué par Aziza Amir. Le film ne sera projeté qu’après sa mort en 1952, alors qu’elle n’avait que quarante quatre ans.

    La société de production portant son nom Amir film, qu’elle avait fondée en 1927, poursuivra tout de même son ouvrage après sa mort. Ainsi, Amir film produira par la suite Achak el qatel (le doute mortel) avec Meriem Fakhreddine, Mahmoud Dhulfiker et Mohsen Sarhane dans une réalisation de Ezzeddine Dhulfikar‑: Al ardh attaïba (la terre bénie), interprétée par Mériem Fakhreddine, Kamel Chenaoui et Houcine Ryadh, Al ghaïba (l’absente), le film est interprété par Meriem Fakhreddine, Kamel Chenaoui et Mahmoud El Melligi dans une réalisation de Ezzeddine Dhulfikar.

    Le 7e art retiendra donc le nom de Aziza Amir comme étant celui de la pionnière et la doyenne. Celle qui montra la voie à des générations entières qui allaient s’engouffrer dans la brèche ouverte par la grande dame du cinéma arabe.

    Tahar MELLIGI
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  • Rencontre avec le metteur en scène libanais Roger Assaf Version imprimable Suggérer par mail
    Rencontre avec le metteur en scène libanais Roger Assaf«Le théâtre est le seul espace où un monde meilleur est possible» 
    Parmi nous, dans le cadre d'une rencontre arabe «Début de partie» à El Hamra du 24 juin au 2 juillet, le metteur en scène et grand homme de théâtre libanais Roger Assaf, a assuré un atelier destiné aux acteurs, aux metteurs en scène et aux dramaturges, organisé par «El Mawred», une organisation culturelle non lucrative, pour la promotion et la rencontre des jeunes créateurs dans le monde arabe, avec la collaboration de l’association «Shams» du Liban.

    17 jeunes artistes ont suivi cet atelier pour mener à terme des projets artistiques et bénéficier de l’expérience de Roger Assaf.
    Né en 1941 à Beyrouth, Roger Assaf entame, en 1958, ses études de médecine à l’université jésuite Saint Joseph, où il fonde le Centre Théâtral Universitaire avec le célèbre dramaturge George Shahada.Il est le directeur du premier théâtre de Beyrouth fondé en 1965 et réouvert avec l’aide de l’écrivain libanais, Elias Khouri, en 1992, après 20 ans de guerre civile.
    Roger Assaf a une longue carrière théâtrale et un parcours dans la formation et l’enseignement des arts dramatiques. De nos jours, il est considéré comme une des références incontournables du théâtre arabe engagé. 
    Son action théâtrale et artistique ne se limite pas à ses nombreuses mises en scène, il est à l’origine, avec d’autres, de la création de «Shams» et du théâtre du Tournesol, première coopérative artistique du jeune théâtre et du cinéma libanais, qui veut en renouveler l’esthétique et l’écriture. 
    L’artiste fondateur croit dur comme fer en la relève et en la nouvelle génération. Ses convictions artistiques l’ont mené à réfléchir autrement le théâtre et à le concevoir comme le seul espace où des idées utopiques sont encore possibles. 

    Entretien. 
    Pouvez-vous nous parler de l’objectif de l’atelier que vous venez d’animer ici à Tunis ? 
    Je suis présent ici à Tunis dans le cadre de mon activité au sein de l’organisation culturelle arabe «El Mawred», qui soutient les jeunes artistes arabes. L’objectif de cette rencontre m’intéresse au plus haut au point, par rapport à un certain cadre, certes créatif, mais qui de surcroît favorise les rencontres et l’échange entre artistes et intellectuels dans l’espoir de créer un mouvement artistique arabe, d’abolir les frontières et les distances et d’aider à la compréhension de l’autre. Le but essentiel pour moi est de créer un espace vivant, modeste, mais vivant»…

    Qu’elle est l’idée directrice de cet atelier ? 
    L’idée de cet atelier auquel participent Marocains, Libanais, Syriens, Palestiniens, Egyptiens...venus tous avec une idée de projet artistique plus au moins avancée, est celle d’aboutir à une forme artistique, avec un objectif moral, plus général, et d’arriver à créer une certaine synergie où la magie de la rencontre opère autour du travail artistique et à travers la confrontation des idées et des différentes visions. 
    Il ne s’agit pas d’un atelier de formation, mais d’une certaine méthode de réflexion sur notre manière de penser et de se rapprocher de l’autre. 

    Ce principe régit-il également votre travail théâtral, en dehors des ateliers? 
    Tout à fait. C’est dans cet esprit là que je fonctionne aussi dans ma démarche théâtrale et c’est ce qui fait que je suis actif dans le cadre de cet organisme, avec lequel je partage les mêmes objectifs et le même mode de fonctionnement. 
    Le théâtre pour moi est un lieu extraordinaire qui permet de donner corps à des idées utopiques, celles qui dans la réalité n’ont pas de présence physique et qu’une fois confrontées à la scène, nous montrent la possibilité d’une vie meilleure. 
    la réalité de notre théâtre arabe est une réalité difficile à vivre et à assumer. Ces jeunes qui sont là dans cet atelier viennent avec des idées qu’ils mettent en scène pour arriver à une ébauche de spectacle possible. 

    Vous définissez votre théâtre comme étant le théâtre de la guerre, pouvez-vous nous expliquer ce choix? 
    Nous n’avons pas choisi la guerre, c’est la guerre qui nous a choisis. C’est une réalité, voire un quotidien très ressenti et très fréquent, chez nous au Liban et dans le monde arabe.
    La guerre fait partie de notre mémoire collective. 
    C’est une expérience omniprésente dans notre imaginaire, notre discours, et qui revient sur le tapis même dans notre langage le plus usuel. 
    Elle devient un concept auquel personne n’échappe, elle conditionne les générations passées, présentes et celles à venir. 

    Vous travaillez toujours avec des jeunes, quel intérêt tirez-vous de cette collaboration? 
    Je suis toujours proche des jeunes aussi bien dans le cadre de mes cours à l’université que dans mon expérience théâtrale. Cette fusion avec la nouvelle génération est essentielle à ma vie et au théâtre que je pratique. Le théâtre par définition est intimement lié au présent. C’est une formidable convergence entre le culturel, la mémoire individuelle et collective, tout ce qui est ancien et toutes les formes modernes que les jeunes connaissent mieux que moi. 
    La dialectique entre les formes du passé et celles du présent, crée un théâtre ancré dans sa réalité actuelle, d’une manière ou d’une autre, dans sa forme et dans le fond. 
    Ensemble, avec cette nouvelle génération, on peut faire de tout ça une culture. Ces jeunes, en réalité, n’apprennent rien de moi, c’est moi qui apprends d’eux. 
    Les jeunes sont très conscients des questions qui nous tracassent tous, mais ils n’ont pas accès à la parole, ils sont marginalisés alors qu’ils sont les plus concernés, c’est pour cela que nous avons créé l’association Shams et le théâtre Tournesol, un espace qui accueille des projets de jeunes, suscite les rencontres, oriente et produit dans une vision pluridisciplinaire. On essaye de fusionner les outils artistiques et de faire travailler des personnes de milieux culturels, sociaux, politiques et confessionnaux différents. 

    Comment voyez-vous les relations entre le théâtre tunisien et le théâtre libanais? 
    entre le théâtre libanais et le théâtre tunisien, il y a une longue histoire qui date des années 70. Ils se sont rencontrés autour de grands idéaux nationalistes militants et plusieurs atomes crochues. Depuis cette période, le développement du théâtre dans le monde arabe s’est estompé et les distances nous séparent de plus en plus. La circulation des artistes, devenue de plus en plus difficile, a fait que la nouvelle génération ne se connaisse pas, cette histoire d’amitié ne vit aujourd’hui que sur son passé. Ce n’est pas la faute aux artistes, ni un manque d’intérêt de part et d’autre, mais la réalité des choses rend les rencontres de plus en plus rares.
    Autre grande inquiétude : c’est la question de moyens. Le théâtre libanais a toujours fonctionné avec le mécénat privé, de plus en plus rare de nos jours. Du coup, on s’est tourné vers l’Occident qui, en réalité, ne nous impose rien, mais nous conditionne pour fabriquer des idées et des concepts qui intéressent leur programme et nous facilite la circulation, en Europe, beaucoup plus que dans le monde arabe.

    Propos recueillis par Asma Drissi

     

    source : La presse

     

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  • Mohamed Habib Attia, producteur de Laïla's Birthday du réalisateur palestinien Rashid Masharaoui Version imprimable Suggérer par mail
    Laïla’s Birthday «Rencontre fructueuse» 
    • «Une comédie dramatique et sarcastique réalisée dans l’urgence…»
    • Avant-première mondiale le 5 septembre à Toronto, en attendant les JCC Laïla’s Birthday est le nouveau long métrage du Palestinien Rashid Masharaoui dont l’avant-première mondiale est prévue le 5 septembre au festival international de Toronto (3-13 septembre) au Canada. 
    Mohamed Habib Attia, producteur tunisien

    Auteur-réalisateur de 22 films entre documentaires et fictions (Couvre-feu, Haïfa, Ticket pour Jérusalem et Attente), Masharaoui a réalisé son 5e long métrage Laïla’s Birthday ou L’anniversaire de Laïla dans l’urgence afin d’être présent sur la scène cinématographique internationale lors de l’anniversaire de La Nakba, soit les 60 ans de la création d’Israël, d’autant qu’à cette occasion, l’occupant a produit plusieurs films présents dans nombre de festivals internationaux.

    Laïla’s Birthday est, en fait, une coproduction réalisée entre la Tunisie (Cinétéléfilms), La Hollande (Sweet Water Pictures) et la Palestine (Cinéma Production Center) avec la contribution de la société de distribution hollandaise «Fortissimo-Films» et dont le coût total est de 700.000 dinars. Une coproduction sélectionnée par nombre de festivals tels, outre «Toronto», «San Sebastian», «Tokyo», «Londres», «Rome», «Le Caire», «Abu-Dhabi» et, dans l’attente d’une réponse, éventuellement les Journées cinématographiques de Carthage (JCC).

    Le producteur tunisien, Mohamed Habib Attia (Cinétéléfilms) nous a entretenus de cette production de 70 mn fond et forme confondus dont «l’originalité innovante, entre autres, du propos» les conditions de production, ainsi que les raisons qui l’ont incité au cofinancement de cette comédie-dramatique.

    Comment le projet a-t-il vu le jour ?
    C’est en juin 2007, lors d’une rencontre fortuite avec Rashid Masharaoui à La Rochelle en France, que le projet est né. Je connaissais très bien le réalisateur avec lequel j’ai essayé auparavant de coproduire un film, mais pour des raisons financières cela ne s’est pas concrétisé… A La Rochelle, il m’a parlé d’une histoire simple et poignante qui lui tenait à cœur et qu’il avait commencé à écrire lors d’un séjour à Ramallah, alors qu’il arrivait de Paris.
    Le film exprime un vœu: dire une fois pour toutes qu’aujourd’hui la vraie ambition du commun des Palestiniens est de vivre normalement en Palestine, comme partout ailleurs dans le monde, tout en s’offrant le luxe d’aimer, de haïr et, en l’occurrence, de pouvoir fêter normalement l’anniversaire de ses enfants.

    Justement, qu’est-ce qui vous a poussé à vous investir dans le projet?
    C’est cette aspiration noble à une vie normale en Palestine qui m’a vraiment emballé. Ce qui m’a d’autant plus séduit, c’est que le réalisateur a construit une histoire simple qui coule de source. C’est l’histoire d’un juge campé par l’acteur palestinien Mohamed Bakri qui, pour arrondir ses fins de mois difficiles, est contraint de travailler comme chauffeur de taxi. Un matin, sa femme lui rappelle que c’est le jour du 7e anniversaire de leur fille, Laïla, et qu’il doit donc rentrer le soir assez tôt, à 20h00 précises, sans oublier d’acheter un gâteau et un cadeau pour la circonstance. Abou Laïla part donc avec l’idée de faire au mieux son travail et de retourner tôt à la maison.
    Mais la réalité en Palestine semble déjouer tout son programme Ce qui m’a vraiment attiré au-delà de l’anecdote c’est le discours franc, cru et sincère du réalisateur. Un discours vraiment proche de la réalité palestinienne d’aujourd’hui et un regard sarcastique qu’il promène sur le quotidien palestinien. C’est aussi un point de vue responsable et honnête sur les différentes parties du conflit israélo-palestinien aussi bien arabe qu’israélienne mais surtout palestinienne. D’où l’originalité du film, car ce n’est pas d’un nième opus palestinien qui verse dans le victimisme qu’il s’agit mais d’une position spécifiquement palestinienne consistant à dire qu’on pourrait et qu’on devrait pouvoir vivre normalement aujourd’hui en Palestine.

    A quel moment la décision d’investir financièrement dans le film a été prise?
    Une fois rentré de La Rochelle à Tunis, j’ai parlé de l’idée du scénario à mon père, feu Ahmed Bahaeddine Attia, alors patron de «Cinétéléfilms», il m’a tout de suite encouragé à coproduire le film en me disant : «Si tu perds de l’argent en produisant ce film, tu le regretteras pendant quelque temps, mais si tu ne le produis pas, tu le regretteras toute ta vie».
    J’ai alors demandé à Rashid Masharaoui d’écrire un scénario qui, une fois lu, nous a emballés, j’ai alors foncé tête baissée tout en sachant qu’il faudra compter sur nos propres moyens.

    Quel a été le rôle effectif de Cinétéléfilms?
    Notre rencontre a été vraiment fructueuse car j’ai joué un vrai rôle de promoteur et de producteur en incitant le réalisateur à écrire le scénario, j’ai entamé la production avec les moyens du bord, car, à mes yeux, un vrai producteur ce n’est pas d’être un exécutif sur des films ou des séries télévisées mais d’initier des projets un peu partout, ici comme ailleurs. Plus, ce qui m’a poussé à investir financièrement dans cette production filmique, c’est l’urgence de la situation et l’impératif de proposer en 2008, 60 ans après la «Nakba», et donc de la création d’Israël en 1948, un film sur la Palestine relaté et réalisé d’un point de vue palestinien. Cela d’autant qu’on prévoyait, à cette occasion, une production massive de films israéliens. Notre souci avec Rashid Masharaoui est que la production palestinienne soit également présente.

    Nous avons donc travaillé dans l’urgence afin de tourner ce long-métrage avec des moyens propres, outre une contribution de parties étrangères. L’important pour nous étant de finaliser le film et de le proposer dans plusieurs rencontres et festivals internationaux à partir de 2008.
    En une année, l’idée a été concrétisée et pratiquement sans aide à l’exception d’une aide, à la post-production du «Fonds-Sud», laquelle est moins importante qu’une aide à la production.
    Il a donc fallu non seulement un investissement à la hauteur des capacités de chacun des coproducteurs mais aussi une structure et une exécution de la production optimisées afin de réduire les coûts sans pour autant lésiner sur les postes-clés où nous avons mis tous les moyens nécessaires.

    C’est là également une nouvelle manière d’appréhender la production d’un film, au plan du coût. Aujourd’hui, quand je pense au marché assez réduit du film tunisien, ici ou ailleurs, je me dis qu’on pourrait raisonner autrement, c’est-à-dire en adaptant les coûts de production au marché. Autrement dit, des productions moins coûteuses certes, mais en plus grand nombre. En ce sens, on peut jouer sur la quantité et s’investir davantage dans le travail avec l’auteur et/ou le réalisateur en recherchant de vrais débouchés au scénario, ainsi que de vrais créneaux de financements.


    Tout ça afin d’optimiser l’étape la plus coûteuse de la production, qui est le tournage. Sachez que Laïla’s Birthday a été tourné à Ramallah à l’orée de 2008 avec au casting : Mohamed Bakri, Areen Omari et Nour Zoubi, ainsi que différents intervenants et techniciens tunisiens à des postes-clés dont Tarak Ben Abdallah, le directeur photo. La musique est l’œuvre de Kaïs Sellami. Quant à la post-production, elle a été entièrement réalisée en Tunisie. Tourné en haute définition (HD), le film a été kinescopé au Maroc grâce à une contribution financière marocaine du Centre marocain du cinéma (CMC).

    Quelles ont été les conditions de tournage ?
    D’abord des problèmes de logistique. Le réalisateur étant à Paris, il n’a pu rejoindre Ramallah qu’après de nombreuses semaines d’attente à Amman, car il devait passer par un check-point israélien situé entre la Jordanie et la Cisjordanie.


    Ensuite, nous avons dû faire moult acrobaties afin de faire rentrer le matériel de prise de vue en Palestine.


    Enfin, je désirais voir l’équipe de tournage compter plus d’un technicien tunisien, mais nous avons dû nous contenter d’un seul poste, celui de chef opérateur. Lui-même n’a pu avoir un visa israélien qu’après trois mois d’attente, d’où le report du tournage.
    Au final, à la fin du tournage, il fallait bien sortir les rush de la Palestine à travers le check point israélien. Ce fut une véritable aventure.


    Car on a dû les acheminer, séparément et par lots, grâce à des citoyens bénévoles, des Territoires occupés vers la Jordanie, puis enfin vers Paris.

    Quelle carrière culturelle et commerciale prévoyez-vous pour le film?
    Le film est déjà sélectionné aux festivals de Toronto, San Sébastien, Tokyo, Le Caire, Abou Dhabi, Londres, Rome film festival. Concernant les JCC, nous attendons encore une réponse.
    La sortie commerciale est prévue en priorité en Palestine et en Tunisie, puis espérons-le, dans d’autres pays arabes et européens, outre les diffusions à la télévision. Justement, j’ai tenu à l’apport de bailleurs de fonds tels les Hollandais et les Marocains, car au-delà des financements, ils représentent également des marchés potentiels.


    Chacun étant représentatif de sa contrée et de son continent. Je suis sûr que le film sera visible un peu partout à travers les festivals et les circuits commerciaux. Je suis encore sûr que Laila’s Birthday peut contribuer à casser les barrières ou du moins à provoquer quelques brèches. A preuve, il est sélectionné à Toronto, l’un des festivals les plus prestigieux au monde qui représente, de surcroît, un énorme marché. Ce qui est une véritable chance car non seulement il sera vu en compétition mais pourrait aussi être vendu et ce n’est pas fortuit que «Fortissimo film» lequel est avant tout un distributeur soit l’un des coproducteurs du film.


    Enfin, la conjoncture mondiale est telle aujourd’hui qu’il est encore heureux que le cinéma demeure le dernier maillon de la chaîne à pouvoir exporter l’image d’un pays à travers sa production, son savoir-faire technique et esthétique, outre l’originalité, la force et l’intelligence de son propos.

     

    Source : La presse

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  • Rencontre avec Michel Boujenah : ´J' attends le bon scÈnario pour tourner en Tunisieª Version imprimable Suggérer par mail
    Rencontre avec Michel Boujenah
    Comédien, auteur de «one-man-show», réalisateur de cinéma et humoriste, Michel Boujenah est certainement le plus célèbre des artistes du genre en Tunisie. 

    Nous avons donc profité de sa présence au tournoi international de golf, organisé le week-end dernier dans le nouveau terrain de golf de Gammarth, pour solliciter une interview. Bien qu’invité VIP à cet événement, Michel Boujenah reste avant tout une personne d’une modestie rare...

     

    Est-il vrai que vous avez beaucoup souffert lorsque, à l’âge de 11 ans, vous aviez dû quitter la Tunisie pour partir vivre en France? 
    Oui, absolument. J’ai beaucoup souffert de ma rupture avec mon pays natal. C’était d’ailleurs le thème principal abordé dans mon tout premier spectacle «Albert», au début des années 1980, où je parlais de mes racines juives tunisiennes et des juifs tunisiens immigrés en France. Il faut aussi savoir que lorsque j’ai passé le concours de l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre national de Strasbourg, j’ai été recalé à cause de mon accent juif tunisien trop marqué.


    En pensant à tous les spectacles que vous avez montés depuis plus de trente ans, quel est celui que vous aimez le plus ? 
    Je dois être persuadé par mon rôle avant de pouvoir le jouer. J’aime donc tous mes spectacles avec tout de même un petit faible pour «Les magnifiques» qui a véritablement lancé ma carrière d’humoriste.


    Vous attendiez-vous à connaître le même succès au cinéma ? 
    J’ai débuté ma carrière au cinéma à l’âge de 27 ans, avec le rôle d’un homme gentil et naïf dans le film Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes de Jan Saint-Hamont. Dans ce film, j’ai constaté que l’humour drôle naïf, c’est lorsqu’on se fait passer pour un c… et que ça fait rire tellement on l’est. Par la suite, j’ai joué dans Trois hommes et un couffin où je me suis vu attribuer le César du meilleur second rôle masculin (1984). Sincèrement, je ne m’y attendais pas du tout et j’avoue que cette distinction m’a encouragé à m’investir dans mon métier d’acteur.


    Le respect du père et de la famille est un thème récurrent dans vos spectacles, comment expliquez-vous ce choix? 
    C’est un thème qui me touche particulièrement. J’ai été éduqué dans le respect de ceux qui m’entourent. Il n’y a rien de plus beau qu’un père qui avoue son amour à son fils et qu’un enfant qui prend son père entre ses bras en lui disant je t’aime. Cela peut sembler banal, mais lorsque je traite cela dans mes spectacles et même quand c’est fait avec beaucoup de distance et de dérision, le public adhère profondément.


    Quelle différence faites-vous entre votre métier d’acteur au cinéma et votre travail de comédien au théâtre ? 
    Je dirais qu’au cinéma c’est comme lorsque tu écris une lettre d’amour à ta femme. Elle reçoit la lettre sans voir comment tes yeux brillent et tes lèvres tremblent. Tandis qu’au théâtre, tu lui dis ce que tu as à dire en face. Il y a une sacrée différence. En 1996, Férid Boughedir vous a sollicité pour jouer dans son film Un été à La goulette, comment jugez-vous cette expérience? Je garde un excellent souvenir de cette période. Je me rappelle qu’en compagnie de Claudia Cardinale, on s’était beaucoup amusé. En même temps, ce film a éveillé beaucoup de nostalgie.


    Maintenant que vous êtes passé derrière la caméra en réalisant Père et Fils ( 2003) et 3 amis ( 2007), pensez-vous tourner un film en Tunisie avec des Tunisiens et dont le sujet concerne votre pays d’origine? vous verra-t-on un jour réaliser un film tunisien? 
    Certainement. Mais j’attends qu’un bon scénario me tombe entre les mains. A ce moment-là, je foncerais.

     

     

    Source : La presse    

     

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