• Mohamed Habib Attia, producteur de Laïla's Birthday du réalisateur palestinien Rashid Masharaoui

    Mohamed Habib Attia, producteur de Laïla's Birthday du réalisateur palestinien Rashid Masharaoui Version imprimable Suggérer par mail
    Laïla’s Birthday «Rencontre fructueuse» 
    • «Une comédie dramatique et sarcastique réalisée dans l’urgence…»
    • Avant-première mondiale le 5 septembre à Toronto, en attendant les JCC Laïla’s Birthday est le nouveau long métrage du Palestinien Rashid Masharaoui dont l’avant-première mondiale est prévue le 5 septembre au festival international de Toronto (3-13 septembre) au Canada. 
    Mohamed Habib Attia, producteur tunisien

    Auteur-réalisateur de 22 films entre documentaires et fictions (Couvre-feu, Haïfa, Ticket pour Jérusalem et Attente), Masharaoui a réalisé son 5e long métrage Laïla’s Birthday ou L’anniversaire de Laïla dans l’urgence afin d’être présent sur la scène cinématographique internationale lors de l’anniversaire de La Nakba, soit les 60 ans de la création d’Israël, d’autant qu’à cette occasion, l’occupant a produit plusieurs films présents dans nombre de festivals internationaux.

    Laïla’s Birthday est, en fait, une coproduction réalisée entre la Tunisie (Cinétéléfilms), La Hollande (Sweet Water Pictures) et la Palestine (Cinéma Production Center) avec la contribution de la société de distribution hollandaise «Fortissimo-Films» et dont le coût total est de 700.000 dinars. Une coproduction sélectionnée par nombre de festivals tels, outre «Toronto», «San Sebastian», «Tokyo», «Londres», «Rome», «Le Caire», «Abu-Dhabi» et, dans l’attente d’une réponse, éventuellement les Journées cinématographiques de Carthage (JCC).

    Le producteur tunisien, Mohamed Habib Attia (Cinétéléfilms) nous a entretenus de cette production de 70 mn fond et forme confondus dont «l’originalité innovante, entre autres, du propos» les conditions de production, ainsi que les raisons qui l’ont incité au cofinancement de cette comédie-dramatique.

    Comment le projet a-t-il vu le jour ?
    C’est en juin 2007, lors d’une rencontre fortuite avec Rashid Masharaoui à La Rochelle en France, que le projet est né. Je connaissais très bien le réalisateur avec lequel j’ai essayé auparavant de coproduire un film, mais pour des raisons financières cela ne s’est pas concrétisé… A La Rochelle, il m’a parlé d’une histoire simple et poignante qui lui tenait à cœur et qu’il avait commencé à écrire lors d’un séjour à Ramallah, alors qu’il arrivait de Paris.
    Le film exprime un vœu: dire une fois pour toutes qu’aujourd’hui la vraie ambition du commun des Palestiniens est de vivre normalement en Palestine, comme partout ailleurs dans le monde, tout en s’offrant le luxe d’aimer, de haïr et, en l’occurrence, de pouvoir fêter normalement l’anniversaire de ses enfants.

    Justement, qu’est-ce qui vous a poussé à vous investir dans le projet?
    C’est cette aspiration noble à une vie normale en Palestine qui m’a vraiment emballé. Ce qui m’a d’autant plus séduit, c’est que le réalisateur a construit une histoire simple qui coule de source. C’est l’histoire d’un juge campé par l’acteur palestinien Mohamed Bakri qui, pour arrondir ses fins de mois difficiles, est contraint de travailler comme chauffeur de taxi. Un matin, sa femme lui rappelle que c’est le jour du 7e anniversaire de leur fille, Laïla, et qu’il doit donc rentrer le soir assez tôt, à 20h00 précises, sans oublier d’acheter un gâteau et un cadeau pour la circonstance. Abou Laïla part donc avec l’idée de faire au mieux son travail et de retourner tôt à la maison.
    Mais la réalité en Palestine semble déjouer tout son programme Ce qui m’a vraiment attiré au-delà de l’anecdote c’est le discours franc, cru et sincère du réalisateur. Un discours vraiment proche de la réalité palestinienne d’aujourd’hui et un regard sarcastique qu’il promène sur le quotidien palestinien. C’est aussi un point de vue responsable et honnête sur les différentes parties du conflit israélo-palestinien aussi bien arabe qu’israélienne mais surtout palestinienne. D’où l’originalité du film, car ce n’est pas d’un nième opus palestinien qui verse dans le victimisme qu’il s’agit mais d’une position spécifiquement palestinienne consistant à dire qu’on pourrait et qu’on devrait pouvoir vivre normalement aujourd’hui en Palestine.

    A quel moment la décision d’investir financièrement dans le film a été prise?
    Une fois rentré de La Rochelle à Tunis, j’ai parlé de l’idée du scénario à mon père, feu Ahmed Bahaeddine Attia, alors patron de «Cinétéléfilms», il m’a tout de suite encouragé à coproduire le film en me disant : «Si tu perds de l’argent en produisant ce film, tu le regretteras pendant quelque temps, mais si tu ne le produis pas, tu le regretteras toute ta vie».
    J’ai alors demandé à Rashid Masharaoui d’écrire un scénario qui, une fois lu, nous a emballés, j’ai alors foncé tête baissée tout en sachant qu’il faudra compter sur nos propres moyens.

    Quel a été le rôle effectif de Cinétéléfilms?
    Notre rencontre a été vraiment fructueuse car j’ai joué un vrai rôle de promoteur et de producteur en incitant le réalisateur à écrire le scénario, j’ai entamé la production avec les moyens du bord, car, à mes yeux, un vrai producteur ce n’est pas d’être un exécutif sur des films ou des séries télévisées mais d’initier des projets un peu partout, ici comme ailleurs. Plus, ce qui m’a poussé à investir financièrement dans cette production filmique, c’est l’urgence de la situation et l’impératif de proposer en 2008, 60 ans après la «Nakba», et donc de la création d’Israël en 1948, un film sur la Palestine relaté et réalisé d’un point de vue palestinien. Cela d’autant qu’on prévoyait, à cette occasion, une production massive de films israéliens. Notre souci avec Rashid Masharaoui est que la production palestinienne soit également présente.

    Nous avons donc travaillé dans l’urgence afin de tourner ce long-métrage avec des moyens propres, outre une contribution de parties étrangères. L’important pour nous étant de finaliser le film et de le proposer dans plusieurs rencontres et festivals internationaux à partir de 2008.
    En une année, l’idée a été concrétisée et pratiquement sans aide à l’exception d’une aide, à la post-production du «Fonds-Sud», laquelle est moins importante qu’une aide à la production.
    Il a donc fallu non seulement un investissement à la hauteur des capacités de chacun des coproducteurs mais aussi une structure et une exécution de la production optimisées afin de réduire les coûts sans pour autant lésiner sur les postes-clés où nous avons mis tous les moyens nécessaires.

    C’est là également une nouvelle manière d’appréhender la production d’un film, au plan du coût. Aujourd’hui, quand je pense au marché assez réduit du film tunisien, ici ou ailleurs, je me dis qu’on pourrait raisonner autrement, c’est-à-dire en adaptant les coûts de production au marché. Autrement dit, des productions moins coûteuses certes, mais en plus grand nombre. En ce sens, on peut jouer sur la quantité et s’investir davantage dans le travail avec l’auteur et/ou le réalisateur en recherchant de vrais débouchés au scénario, ainsi que de vrais créneaux de financements.


    Tout ça afin d’optimiser l’étape la plus coûteuse de la production, qui est le tournage. Sachez que Laïla’s Birthday a été tourné à Ramallah à l’orée de 2008 avec au casting : Mohamed Bakri, Areen Omari et Nour Zoubi, ainsi que différents intervenants et techniciens tunisiens à des postes-clés dont Tarak Ben Abdallah, le directeur photo. La musique est l’œuvre de Kaïs Sellami. Quant à la post-production, elle a été entièrement réalisée en Tunisie. Tourné en haute définition (HD), le film a été kinescopé au Maroc grâce à une contribution financière marocaine du Centre marocain du cinéma (CMC).

    Quelles ont été les conditions de tournage ?
    D’abord des problèmes de logistique. Le réalisateur étant à Paris, il n’a pu rejoindre Ramallah qu’après de nombreuses semaines d’attente à Amman, car il devait passer par un check-point israélien situé entre la Jordanie et la Cisjordanie.


    Ensuite, nous avons dû faire moult acrobaties afin de faire rentrer le matériel de prise de vue en Palestine.


    Enfin, je désirais voir l’équipe de tournage compter plus d’un technicien tunisien, mais nous avons dû nous contenter d’un seul poste, celui de chef opérateur. Lui-même n’a pu avoir un visa israélien qu’après trois mois d’attente, d’où le report du tournage.
    Au final, à la fin du tournage, il fallait bien sortir les rush de la Palestine à travers le check point israélien. Ce fut une véritable aventure.


    Car on a dû les acheminer, séparément et par lots, grâce à des citoyens bénévoles, des Territoires occupés vers la Jordanie, puis enfin vers Paris.

    Quelle carrière culturelle et commerciale prévoyez-vous pour le film?
    Le film est déjà sélectionné aux festivals de Toronto, San Sébastien, Tokyo, Le Caire, Abou Dhabi, Londres, Rome film festival. Concernant les JCC, nous attendons encore une réponse.
    La sortie commerciale est prévue en priorité en Palestine et en Tunisie, puis espérons-le, dans d’autres pays arabes et européens, outre les diffusions à la télévision. Justement, j’ai tenu à l’apport de bailleurs de fonds tels les Hollandais et les Marocains, car au-delà des financements, ils représentent également des marchés potentiels.


    Chacun étant représentatif de sa contrée et de son continent. Je suis sûr que le film sera visible un peu partout à travers les festivals et les circuits commerciaux. Je suis encore sûr que Laila’s Birthday peut contribuer à casser les barrières ou du moins à provoquer quelques brèches. A preuve, il est sélectionné à Toronto, l’un des festivals les plus prestigieux au monde qui représente, de surcroît, un énorme marché. Ce qui est une véritable chance car non seulement il sera vu en compétition mais pourrait aussi être vendu et ce n’est pas fortuit que «Fortissimo film» lequel est avant tout un distributeur soit l’un des coproducteurs du film.


    Enfin, la conjoncture mondiale est telle aujourd’hui qu’il est encore heureux que le cinéma demeure le dernier maillon de la chaîne à pouvoir exporter l’image d’un pays à travers sa production, son savoir-faire technique et esthétique, outre l’originalité, la force et l’intelligence de son propos.

     

    Source : La presse

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