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    Wikimedia Foundation2010.

    Le cinéma européen désigne les films et la production cinématographique associés aux pays d'Europe. C'est dire s'il recouvre une immense diversité.

    Sommaire

    Europe et cinéma

    Historiquement, l'Europe a vu naître les mouvements cinématographiques les plus importants artistiquement : l'expressionnisme allemand, lenéoréalisme italien, la Nouvelle Vague française, le Dogme 95 danois etc.. Elle a aussi fourni un nombre incalculable d'exilés à Hollywood avant et pendant la Seconde Guerre mondiale comme Ernst Lubitsch (allemand), Billy Wilder (polonais), ou Greta Garbo (suédoise).

    Festivals et récompenses

    La Berlinale en 2007

    L'Europe abrite les plus grands festivals de cinéma internationaux dits de catégorie A : le Festival de Cannes en France, le Festival de Venise en Italie, la Berlinale en Allemagne ou encore le Festival international du film de Karlovy Vary en Tchéquie. Depuis 1988, l'Europe s'est dotée d'un système de récompenses communes, les Prix du cinéma européen. D'autres Festivals d'une taille moins importante existe mais jouent autant dans la diffusion du film court : Le Festival Européen du Film Court de Brest [ www.filmcourt.fr ]

    Bibliographie

    • (en) Richard Dyer et Ginette Vincendeau, Popular European Cinema, Londres, Routledge, 1992, 280 p.
    • (en) Pierre Sorlin, European Cinemas, European Societies 1939-1990, Londres, Routledge, 1991, 256 p.
    • (en) Ginette Vincendeau (sous la direction de), Encyclopedia of European Cinema, Londres, BFI/Cassell, 1995, 475 p.
    • (fr) Annuaire : Cinéma, télévision, vidéo et multimédia en Europe (12ème édition), Volume 3 : "Cinéma et vidéo", Strasbourg, Observatoire européen de l'audiovisuel, 2006.
    • (fr) Michel Boujut (sous la direction de), "Europe-Hollywood et retour", Autrement n° 79, avril 1986, 236 p.
    • (fr) Claude Forest, Économies contemporaines du cinéma en Europe : L'improbable industrie, CNRS Éditions, 2001.
    • (fr) Gilles Garcia (sous la direction de), 250 cinéastes européens d'aujourd'hui, Paris, Europictures, 1994, 335 p.
    • (fr) Frédéric Sojcher, Cinéma européen et identités culturelles, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, 1996.
    • (fr) Patrice Vivancos, Cinéma et Europe. Réflexions sur les politiques européennes de soutien au cinéma, Paris, L'Harmattan, 2000, 140 p.

    Liens externes

    NISI MASA Le réseau européen du jeune cinéma

    Voir aussi

    • Portail du cinéma Portail du cinéma
    • Portail de l’Europe Portail de l’Europe
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  • Photo : Intouchables

    Comédie (01h52min) - Date de sortie : 02/11/2011

    De Eric ToledanoOlivier Nakache

    Avec François CluzetOmar Sy

    Presse

    3,7(3,7)

     

    La rencontre improbable, touchante et drôle entre un riche aristocrate, tétraplégique depuis un accident de parapente, et un jeune de banlieue engagé par hasard pour être son aide à domicile...

     
     
     
    Photo : Les Jeux des nuages et de la pluie

    Drame (01h30min) - Date de sortie : 09/01/2013

    De Benjamin de Lajarte

    Avec Hiam AbbassAlain Chamfort

    Presse

    2,8(2,8)

     

    Peut-on changer sa vie en une nuit ? Sous un ciel capricieux, six âmes perdues vont devenir les héros d’une histoire d’amour tour à tour cruelle, imprévisible, poignante… et mouvementée ! 
    Certains se trouveront. D’autres pas.

     
     
     
    Photo : Ernest et Célestine

    Animation (01h20min) - Date de sortie : 12/12/2012

    De Benjamin RennerVincent PatarStéphane Aubier

    Avec Lambert WilsonPauline Brunner

    Presse

    4,3(4,3)

     

    Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs.

     
     
     
    Photo : Jappeloup

    Drame (02h10min) - Date de sortie : 13/03/2013

    De Christian Duguay

    Avec Guillaume CanetMarina Hands

    Presse

    3,6(3,6)

     

    Au début des années 80, abandonnant une carrière d’avocat prometteuse, Pierre Durand se consacre corps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Soutenu par son père, il mise tout sur un jeune cheval auquel personne ne croit vraiment : Jappeloup.

     
     
     
    Photo : Le Pianiste

    Drame (02h28min) - Date de sortie : 25/09/2002

    De Roman Polanski

    Avec Adrien BrodyThomas Kretschmann

    Presse

    4,1(4,1)

     

    Durant la Seconde Guerre mondiale, Wladyslaw Szpilman, un pianiste juif polonais, est interné dans le ghetto de Varsovie dont il partage les souffrances, les humiliations et les luttes héroïques. Un officier allemand l'aide et lui permet de survivre.

     
     
     
    Photo : Léon

    Policier (01h43min) - Date de sortie : 26/06/1996

    De Luc Besson

    Avec Jean RenoGary Oldman

    Un tueur à gages répondant au nom de Léon prend sous son aile Mathilda, une petite fille de douze ans, seule rescapée du massacre de sa famille. Bientôt, Léon va faire de Mathilda une "nettoyeuse", comme lui...

     
     
     
    Photo : Senna

    Documentaire (01h44min) - Date de sortie : 25/05/2011

    De Asif Kapadia

    Avec Ayrton SennaAlain Prost

    Presse

    3,2(3,2)

     

    Le destin exceptionnel d’Ayrton Senna, ses réalisations sur et en dehors de la piste, sa quête de perfection et son statut mythique constituent le sujet de ce documentaire.

     
     
     
    Photo : Les Fils du Vent

    Documentaire (01h36min) - Date de sortie : 10/10/2012

    De Bruno Le Jean

    Avec Angelo DebarreNinine Garcia

    Presse

    3,3(3,3)

     

    Ils s’appellent Angelo Debarre, Moreno, Ninine Garcia et Tchavolo Schmitt. Ils sont guitaristes. Ils sont Manouches. Ils jouent et perpétuent la musique de Django Reinhardt. Ils cultivent aussi un certain sens de l'humour, de l'amitié et une façon bien à eux de vivre debout.

     
     
     
    Photo : Good Morning England

    Comédie (02h15min) - Date de sortie : 06/05/2009

    De Richard Curtis

    Avec Tom SturridgePhilip Seymour Hoffman

    Presse

    3,7(3,7)

     

    Carl s'est fait renvoyer du lycée, et sa mère a décidé qu'il irait réfléchir à son avenir auprès de son parrain. Il se trouve que celui-ci est le patron de Radio Rock, une radio pirate qui émet depuis un bateau en mer du Nord...

     
     
     
    Photo : Pierre Rabhi au nom de la terre

    Documentaire (01h38min) - Date de sortie : 27/03/2013

    De Marie-Dominique Dhelsing

    Avec Pierre Rabhi

    Presse

    3,4(3,4)

     

    Pierre Rabhi est paysan, écrivain et penseur. Il est l’un des pionniers de l’agro-écologie en France. Amoureux de la Terre nourricière, engagé depuis quarante ans au service de l’Homme et de la Nature...

     
     
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    RENCONTRES DU CINÉMA FRANÇAIS À LA CINÉMATHÈQUE ALGÉRIENNE DU 20 AU 25 OCTOBRE

    Rencontres du cinéma français à la cinémathèque algérienne du 20 au 25 octobredu samedi 20 octobre à 13h00 au jeudi 25 octobre à 18h30à l'Institut français d'Alger

    Les premières Rencontres du cinéma français sont organisées en partenariat par la Cinémathèque algérienne et l’Institut français d’Algérie. C’est une première et un rendez-vous de choix que proposent en 2012 la Cinémathèque algérienne et l’Institut français d’Algérie. Ces rencontres du cinéma français sont organisées en effet sous le signe de la Nouvelle création cinématographique française.

    Cinéma

    Les premières Rencontres du cinéma français sont organisées en partenariat par la Cinémathèque algérienne et l’Institut français d’Algérie.

    Elles proposent au public algérien un regard sur les films de la nouvelle création cinématographique française, en présence de leurs réalisateurs.

    Au programme :

    9 films de la nouvelle création française
    1 cycle (5 films) Alain Resnais
    1 sélection TV5 Monde
    1 master-class et 1 table-ronde sur la critique de cinéma

    Les Rencontres du cinéma français, c’est aussi :

    3 projections par jour à 13h, 15h30 et 18h30 à la Cinémathèque algérienne
    Des projections et des débats, en présence des réalisateurs et des critiques

    Un atelier sur le son à destination des professionnels

    Les cinéastes présents :

    Noémie Lvovsky, Meiwen, Jean-Marc Moutout, Christian Rouaud, Chloé Scialom,

    Avec Jean-Michel Frodon, universitaire et critique de cinéma
    et la collaboration d’Ahmed Bedjaoui et de Samir Ardjoum (animation, débats)


    Les Rencontres du cinéma français

    C’est une  première et un rendez-vous de choix que proposent en 2012 la Cinémathèque algérienne et l’Institut français d’Algérie. Ces rencontres du cinéma français sont organisées en effet sous le signe de la Nouvelle création cinématographique française.

    Fraîcheur, créativité, audace : nous sommes heureux de mettre à disposition du public algérien une sélection de films récents, marqués à la fois par l’effervescence d’une époque, par les interrogations que suscitent les tiraillements de la société, mais aussi par l’exigence esthétique et le goût de l’expérimentation qui sont ceux de nombreux cinéastes français d’aujourd’hui.


    Des films, des rencontres, des ateliers…

    Ces rencontres sont… des rencontres ! L’objectif est de favoriser de véritables échanges entre professionnels français et algériens autour de la filmographie retenue, ceci grâce à la présence de réalisateurs et de professionnels venus présenter et commenter les films projetés.

    Si l’axe « nouvelle création » est le propos central de ces rencontres, nous avons aussi souhaité, dans l’esprit de la Cinémathèque algérienne et de sa mission patrimoniale, offrir une séquence Mémoire du cinéma  grâce à la projection - tous les après-midi -  d’un cycle Alain Resnais. Alain Resnais ou comment un cinéaste avant-gardiste devient un classique du cinéma d’aujourd’hui…

     

    A noter :

    une séance spéciale est dédiée à la chaîne TV5 Monde, qui présentera en avant-première un film de sa programmation 2012-2013.

    Les Rencontres se veulent un rendez-vous de découverte, de réflexion, de débat, mais aussi de formation : les critiques et chroniqueurs de cinéma étant des « passeurs » incontournables, aptes à faire connaître et mettre en relief toutes les formes de cinéma, y compris le cinéma réputé « difficile », il nous a paru important d’associer ce cycle  Nouvelle création  à une réflexion sur le métier de critique de cinéma. Ceci dans le cadre d’une table-ronde ouverte à tous, et d’une master class destinée aux journalistes et commentateurs professionnels.

    Autre proposition de réflexion et de formation : il n’y aurait pas de film, on le sait, sans les techniciens qui donnent forme à une idée cinématographique, et assurent à celle-ci le concours de leur savoir faire et de leur créativité.

    Les Rencontres organisent donc un atelier sur les métiers du cinéma, la thématique retenue étant celle de cet ingrédient essentiel entre tous, à côté de l’image : le son (à destination des techniciens, ingénieurs du son, et réalisateurs).

    Les Rencontres, il convient de le rappeler, ont lieu à la Cinémathèque algérienne, un lieu mythique dans l’histoire du cinéma algérien, mais aussi mondial : on se remémore tous les grands cinéastes passés à Alger depuis sa création en 1965. Nombre d’entre eux étaient français. Ils ont noué ainsi une relation très forte avec la Cinémathèque qui poursuit aujourd’hui sa riche mission de création et de préservation de la mémoire.

    ______

    Les Rencontres du cinéma français se poursuivent en province : les 29 et 30 octobre à la Cinémathèque d’Oran et à la Cinémathèque de Tlemcen.

    ______


    Qui, comment

    Les organisateurs : Cinémathèque algérienne, Institut français d’Algérie

    Consultants et animation : Ahmed Bedjaoui, Samir Ardjoum

    Coordination : Karim Moussaoui, Institut français d’Alger

    Avec le concours de l’ISMAS, Institut Supérieur des métiers des Arts du Spectacle et de l'Audio Visuel

    Et de l’ENSJ/SI, Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'Information d'Alger

    Le programme des Rencontres  du cinéma français (ALGER)

      20-oct 21-cot 22-oct 23-oct 24-oct 25-oct
    10h - 12h00   Master class
    critique de cinéma avec Jean Michel Frodon       
    Cycle Alain Resnais 13h00-15h00   Table ronde autour de la critique de cinéma Hiroshima, mon amour d’Alain Resnais Trois courts métrage :
    Guernica, Les statues meurent aussi, Nuit et Brouillard
    d’Alain Resnais Mon oncle d'Amérique d’Alain Resnais On connait la chanson
    d’Alain Resnais
    Cycle  Nouvelle création 15h00-18h00  Muriel ou le temps d'un retour
    d’Alain Resnais La ballade de Quidam
    de Chloé Scialom Tout est bon dans le cochon
    de David Delrieux
    (Séance TV5) Hors Satan de Bruno Dumont Sport de filles
    de Patricia Mazuy
    Cycle  Nouvelle création 18h30-20h30 Camille redouble
    de Noémie Lvovsky Tous au Larzac
    de Christian Rouaud Nuit sur la mer
    de Marc Scialom Polisse
    de Maîwenn De bon matin
    de Jean Marc Moutout Holy Motors
    de Léos Carax

     

    Le programme des Rencontres  à Oran et Tlemcen

    CYCLE NOUVELLE CREATION

    Sport de filles de Patricia Mazuy, (France, Drame, 101’, 2012)
    Avec : Marina Hands, Bruno Ganz, Josiane Balasko.

    Samedi 20 octobre à 18h30 à la cinémathèque algérienne

    Révoltée par la vente du cheval d’obstacle qu’on lui avait promis, Gracieuse, une cavalière surdouée, claque la porte de l’élevage qui l’employait. Elle redémarre à zéro en acceptant de rentrer comme palefrenière dans le haras de dressage qui jouxte la ferme de son père. La propriétaire, Joséphine de Silène, y exploite d’une main de fer la renommée internationale d’un entraineur allemand, Franz Mann, ancien champion cynique et usé dont les riches cavalières du monde entier se disputent le savoir - mais aussi le regard !

    Ce microcosme de pouvoir et d’argent n’attend pas Gracieuse qui n’a pour seules richesses que son talent, son caractère bien trempé et surtout sa rage d’arriver. Branchée sur 100 000 volts, prête à affronter Franz Mann lui-même et tous les obstacles - jusqu’à se mettre hors-la-loi, elle poursuit son unique obsession : avoir un cheval pour elle, qu’elle emmènerait au sommet…

    « Sport de filles se révèle ainsi un film merveilleux, qui fonde sa morale, comme les vieux westerns, sur l'action des personnages, sans prétendre nous donner de leçons. »
    Le Monde


    Camille redouble de Noémie Lvovsky, (France, Comédie dramatique, 115’, 2012).
    Avec : Noémie Lvovsky, Samir Guesmi, India Hair
    Dimanche 21 octobre à 18h30 à la cinémathèque algérienne.

    En présence de la réalisatrice

    Camille a seize ans lorsqu’elle rencontre Eric. Ils s’aiment passionnément et Camille donne naissance à une fille… 25 ans plus tard : Éric quitte Camille pour une femme plus jeune. Le soir du 31 décembre, Camille se trouve soudain renvoyée dans son passé. Elle a de nouveau seize ans. Elle retrouve ses parents, ses amies, son adolescence… et Eric. Va-t-elle fuir et tenter de changer leur vie à tous deux ? Va-t-elle l’aimer à nouveau alors qu’elle connaît la fin de leur histoire ?

    « Une fable drôle, sensible, poétique et humaniste, véritable ode à l'amour, de soi et des autres. (...) Un ravissement » Première

    Camille redouble a été primé lors de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2012 (Prix SACD)


    Noémie Lvovsky
    Scénariste, réalisatrice, actrice, Noémie Lvovsky jongle tour à tour avec ces trois métiers où elle peut donner libre cours à ses talents d'écriture et de comédie. Etudiante en lettres modernes et en cinéma, Noémie Lvovsky est formée à la Fémis. Elle réalise deux premiers courts métrages, Dis-moi oui, dis-moi non et Embrasse-moi (1989), qui mettent en scène une certaine Emmanuelle Devos, alors débutante. Ceci lui sert de tremplin et lui permet de collaborer avec son ami Arnaud Desplechin pour les films La Vie des morts et La Sentinelle en 1992. L'année suivante, elle passe au long métrage avec Oublie-moi, dont elle confie le premier rôle à Valeria Bruni-Tedeschi. La chaîne Arte fait appel à elle pour tourner les téléfilms Petites et La Vie ne fait pas peur, qui obtient le prix Jean Vigo en 1999. Deux ans plus tard, Noémie Lvovsky passe devant la caméra pour Ma femme est une actrice, Ah ! si j'étais riche ! et France Boutique. En 2003, elle dirige le trio Isabelle Carré, Nathalie Baye, Jean-Pierre Bacri dans le bouleversant Les Sentiments, succès dans les salles et auprès de la profession, qui lui décerne le prix Louis-Delluc. La même année, elle signe pour Valeria Bruni-Tedeschi le scénario de Il est plus facile pour un chameau... En 2004, elle reprend le chemin des plateaux et apparaît dans L' Un reste, l'autre part et Backstage. Elle fait également un tabac en professeur farfelue dans L’Ecole pour tous et aux côtés de Pierre Arditi dans Le Grand Appartement. En 2007, Noémie Lvovsky est sur tous les fronts : réalisatrice et scénariste de L' Ami de Fred Astaire, elle est aussi la partenaire de Valeria Bruni-Tedeschi dans Actrice. Dans les trois domaines dans lesquels elle exerce, Noémie Lvovsky imprime au cinéma français  son énergie et son humour, et livre une fine analyse des comportements humains. En 2011, elle joue le rôle d'une tenancière de bordel dans L' Apollonide de Bertrand Bonello, qui lui vaut une nomination au César de la meilleure actrice (second rôle). En 2011, on la voit aussi dans Le Skylab de Julie Delpy, 17 filles de Delphine et Muriel Coulin et Présumé coupable de Vincent Garenq. En 2012, elle sort Camille redouble, son cinquième film dans lequel elle met en scène Mathieu Amalric, Jean-Pierre Léaud et Yolande Moreau. Le film raconte l'histoire d'une femme qui se retrouve soudain projetée dans le passé.
    _____

    La Ballade de Quidam et Lambda de Chloé Scialom et Nicolas Le Bras, (France, Documentaire, 59’, 2012).
    Lundi 22 octobre à 15h00 à la cinémathèque algérienne

    En présence de la réalisatrice.

    Cette nuit, Quidam s'est trouvé magiquement transféré dans un pays étranger, à mille lieues de sa famille et de tous ses repères. Le voilà en France, à Marseille, et tout en haut de la Canebière, sur la place Gambetta. Ici, venus du Nord comme du Sud, beaucoup d'hommes et de femmes vivent dans la rue où ils partagent survie, ennui, amitié, amour et colère dans des relations de solidarité complexes.

    Or, certains d'entre eux témoignent d'avoir aperçu pour la première fois Quidam alors qu'il dormait sous le kiosque à musique, en plein cœur de la place. D'autres racontent qu'au matin ils l'ont vu rôder, perdu, cherchant au hasard les moyens de sa survie. Parce qu'ils lui ressemblaient tous par aspects, ils ont resserré leur groupe autour de lui. Parmi eux, Quidam aurait rencontré une femme, Lambda, dont il serait tombé amoureux.

    À travers cette légende urbaine qui roule d'une bouche à une autre, les naufragés de la place Gambetta nous racontent les péripéties d'une vie ballottée, qui ressemble par bribes à chacune de leurs vies.

    Chloé Scialom et Nicolas Le Bras.

    Associant très tôt leurs parcours, (Chloé Scialom est issue des lettres et de l'anthropologie, et Nicolas Le Bras est musicien au départ : trompettiste et chef d'orchestre) ils se rencontrent autour de la co-réalisation d'un premier long-métrage documentaire : Qui ça, personne ? (1999) traduction culturelle par l'image et le son qui allie ethnopsychiatrie et expérimentations visuelles et langagières au sein d'un orchestre philarmonique en tournée en Bosnie.
    Depuis, Chloé a réalisé plusieurs courts-métrages dont une série de portraits de cinéastes (Alain Guiraudie, Albert Lamorisse), produits par Shellac Sud.
    Parallèlement, elle travaille à l'émergence d'un cinéma de création collective. (ateliers, work-shops), dont son issus ses derniers projets et films : L'Egrégore, Alphéa, La ballade de Quidam et Lambda.
    En 2005, elle retrouve chez son père, Marc Scialom, les bobines oubliées de son film Lettre à la prison (1969), et travaille, en collaboration avec l'association Film Flamme (Marseille), à la renaissance de son cinéma. Deux ans plus tard, le film sort en salles (distribution Shellac). Plus qu'une histoire de famille personnelle, c'est d'une filiation artistique et d'une connivence dont il s'agit, et c'est ainsi qu'elle co-écrit le scénario de son prochain film, Nuit sur la mer, et qu'il co-écrit avec elle le scénario de son film en cours, L'Égrégore.
    La même année 2005, Nicolas intègre la société de production Shellac Sud au sein de laquelle il porte plusieurs films en tant qu'assistant et directeur de production (courts et longs métrages) ainsi que les éditions DVD. Il s'essaie également à la distribution en sortant dans les salles françaises La maison de Mariata de Gaëlle Vu. Il est actuellement en écriture d'un projet d'adaptation pour le cinéma du roman de Patrick Chamoiseau L'esclave vieil homme et le molosse.

    En 2008, Nicolas Le Bras et Chloé Scialom fondent Batoutos, qui produit des films (courts et longs) de jeunes auteurs : Till Röeskens (Videomappings : Aïda, Palestine, Plan de situation : Joliette), Niccolo Manzollini (Babis !),etc. ainsi que leurs propres films.

     


    Tous au Larzac de Christian Rouaud, (France, Documentaire, 118, 2011)
    Lundi 22 octobre à 18h30 à la cinémathèque algérienne.

    En présence du réalisateur
    Tout commence en 1971, lorsque le gouvernement, par la voix de son ministre de la Défense Michel Debré, déclare que le camp militaire du Larzac doit s’étendre. Radicale, la colère se répand comme une trainée de poudre, les paysans se mobilisent et signent un serment : jamais ils ne cèderont leurs terres. Dans le face à face quotidien avec l’armée et les forces de l'ordre, ils déploieront des trésors d’imagination pour faire entendre leur voix. Bientôt des centaines de comités Larzac naitront dans toute la France... Dix ans de résistance, d'intelligence collective et de solidarité, qui les porteront vers la victoire.

    César 2012 du meilleur documentaire.

    « Passionnant, le documentaire de Christian Rouaud déroule l’histoire d’un apprentissage politique, raconte comment, au fil des ans et en dépit d’épisodiques divergences de stratégies, s’est formée une communauté inflexible et non violente, un art de s’insurger collectivement. Épreuves de force à coups de lâchers de moutons, défilés de tracteurs, occupations de fermes… La victoire est au bout des manifs. »
    Le Nouvel Observateur

    Christian Rouaud
    Avant de passer derrière la caméra, Christian Rouaud a été professeur de lettres. Puis sa passion pour le 7e art le pousse à devenir responsable de formation audiovisuelle dans l'éducation nationale. Durant cette période, il réalise des films pour le système éducatif, participe à différents projets sociaux et culturels - notamment un circuit interne de télévision à la prison de Fresnes - ou encore à la création de l'association Audiovisuel Pour Tous dans l'Education (APTE), qu'il préside pendant cinq ans. Dès 1985, il réalise plusieurs films destinés à l'enseignement, comme Plus poète que moi et Autour de Dom Juan avant de tourner divers documentaires Le Fleuve, La Vision... En 1996, il sort son premier film, Le Sujet, chronique sur une femme entre deux âges. Après avoir filmé ses Histoires de paysans et La Bonne longueur pour les jambes en 2002, il joue dans Lapin intégral en 2003,  réalise Une maison radieuse et L' Homme dévisagé en 2004, puis L' Homme, la terre, le paysan et Les Sages fous et les fous sages deux ans plus tard. Mais Christian Rouaud frappe fort en 2007 avec un documentaire intitulé Lip, l'imagination au pourvoir, long métrage sur la grève des usines LIP à Besançon, filmant des portraits d'hommes et de lutte pour sauver la célèbre entreprise de montres. En 2011, il présente Tous au Larzac au Festival de Cannes (hors compétition), histoire de cette région, le Causse des Midi-Pyrénées, à travers la défense d’un espace de vie et de son paysage.

    _____

    Séance spéciale : Coup de cœur TV5 Monde

    Tout est bon dans le cochon de David Delrieux, (France, Comédie, 2012)
    Avec : Saïda Jawad, Erwan Creignou, Yveline Hamon.
    Mardi 23 octobre à 15h00 à la cinémathèque algérienne.

    En présence de Saida Jawad.

    Sophia Eltrani, jeune femme dynamique d’origine marocaine en galère, est à la recherche d’un emploi stable. A la suite d’une erreur administrative, Sophia Eltrani devient Sophia Beltrani. Il a suffi d’une consonne pour qu’elle passe d’immigrée à "exotique", de marocaine à italienne… Et la chance se présente enfin ! Le pôle emploi lui propose un poste à Beauséjours. Ce petit village reculé de la Creuse, en plein exode rural, recherche désespérément un repreneur pour l’un de ses derniers commerces. C’est une véritable aubaine, Sophia accepte aussitôt ! Mais à la suite d’un malentendu, elle découvre que le commerce en question n’est autre qu’une charcuterie… Prise au piège, Sophia ne peut reculer et doit trouver des solutions pour composer avec sa culture.


    Saîda Jawad
    Saïda Jawad s'intéresse très jeune à la comédie et intègre une troupe de théâtre professionnel avec laquelle elle tourne dans toute la France. Comédienne ? Son père n’y est pas favorable… La jeune actrice persévère et à  20 ans elle entre au conservatoire de Roubaix.

    Descendue à Paris, elle commence à tourner pour la télévision et le cinéma. On la retrouve notamment en 2001 dans C'est la vie de Jean-Pierre Améris où elle est entourée par Jacques Dutronc et Sandrine Bonnaire, elle collabore ensuite avec Chad Chenouga sur 17, rue Bleue. En 2006, elle quitte les plateaux de tournage et se lance dans l'écriture de son spectacle Monsieur Accordéon qu'elle joue sur les planches du Splendid. Le succès de la pièce lui permet de tourner dans toute la France et même jusqu'au Maroc dont elle est originaire. Saïda Jawad revient sur le petit écran en 2007 aux côtés de Gérard Jugnot et Michèle Bernier dans le téléfilm de Pierre Aknine : Ali Baba et les 40 voleurs. L'année suivante, elle figure à l'impressionnant casting du film Musée haut, musée bas de Jean-Michel Ribes. En 2009, elle joue Amalia dans Rose & Noir, comédie de Gérard Jugnot.

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    Polisse de Maîwenn, (France, Drame, 134’, 2011)
    Avec : Joey Starr, Maïwenn, Karin Viard
    Mardi 23 octobre à 18h30 à la cinémathèque algérienne.

    En présence de la réalisatrice

    Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec…

    Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.
    Prix du Jury au Festival de Cannes 2011.

    « (...) l'on passe sans temps mort du drame le plus atroce au rire les plus libérateurs. Des gestes d'amitié intense à la rancœur haineuse entre collègues. (...) Des acteurs qu'elle sait pousser dans leurs retranchements sans qu'à l'écran on assiste à une accumulation de performances solitaires. Polisse est bel et bien une œuvre collective, au sens premier du terme, dans laquelle la réalisatrice a eu la belle idée de se confier le rôle de la photographe qui vient observer ce petit monde avant d'être emportée dans la ronde de leurs existences. »
    StudioCiné Live

    Maïwenn
    Bouche pulpeuse et longs cheveux bruns, Maïwenn s'est imposée depuis quelques années dans le cinéma français. Elle débute très tôt sa carrière de comédienne, encouragée par une mère ambitieuse et passionnée de théâtre, et fait ses premiers pas sur les planches dès l'âge de cinq ans. Antoine Vitez la remarque et lui donne un petit rôle dans Hippolyte de Garnier. Elle joue aussi au théâtre de Bobino pour Daniel Mesguich. Kafka et Marivaux s'ajoutent à son répertoire. Elle tourne avec Thierry Lhermitte dans L' Année prochaine, si tout va bien, puis interprète le personnage d'Isabelle Adjani enfant dans 'L' Eté meurtrier' de Jean Becker. Après un passage chez Luc Besson (Léon et Le Cinquième élément) et à la télévision dans Maigret et une série populaire, La Famille Ramdame, elle décroche enfin son premier grand rôle dans La Gamine, aux côtés de Johnny Hallyday. Elle séjourne en Amérique puis s'affirme dans un one-woman show qu'elle écrit elle-même : Le Pois chiche. Seule sur la scène du Café de la gare, elle affronte le public, le régalant de ses dialogues mordants. Jouée à guichets fermés pendant plusieurs mois, la pièce est saluée par la critique. Elle s'illustre alors dans Haute tension d'Alexandre Aja et renoue avec le cinéma français dans Les Parisiens ainsi que Le Courage d'aimer en 2005. En 2006, elle réalise, produit et interprète son premier long métrage, Pardonnez-moi et entame ainsi une carrière de réalisatrice qui ne fait que se confirmer avec le succès du Bal des actrices en 2009. En 2011, son troisième film en tant que réalisatrice, Polisse, reçoit le Prix du jury au 64e festival de Cannes. Personnalité déterminée et atypique, Maïwenn entend mener sa carrière à sa façon, et multiplie les expériences réussies.

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    Hors Satan de Bruno Dumont, (France, Drame, 109’,  2011)
    Avec : David Dewaele, Alexandra Lematre, Valerie Mestdagh,

    Mercredi 24 octobre à 15h00 à la cinémathèque algérienne

    En bord de Manche, sur la Côte d'Opale, près d'un hameau, de ses dunes et ses marais, demeure un gars étrange qui vivote, braconne, prie et fait des feux. Un vagabond venu de nulle part qui, dans un même souffle, chasse le mal d’un village hanté par le démon et met le monde hors Satan.

    « Film plein de bruit et de fureur, sans paroles (ou presque) ni musique, baigné d'une lumière changeante qui doit plus au passage des nuages devant le soleil qu'à la complexité des éclairages, Hors Satan est un grand spectacle austère. »
    Le Monde

    Bruno Dumont
    Ancien professeur de philosophie, Bruno Dumont réalise une quarantaine de films documentaires et publicitaires depuis 1986 (pour des bonbons, des tracteurs, des notaires, du jambon, des ouvriers, des briques, du charbon…). En 1993, il signe son premier court métrage : Paris (Paris), puis l'année suivante, il écrit pour la télévision quatre volets de la série documentaire Arthur et les fusées, ainsi qu'un scénario de court métrage, Marie et Freddy. Ces deux personnages deviennent les héros de son premier long métrage, La Vie de Jésus, qui reçoit le prix Jean Vigo 1997. Il réalise ensuite L' Humanité, avec des acteurs non professionnels, qui reçoit un accueil plus que mitigé au Festival de Cannes, en raison de sa brutalité. Il est cependant récompensé par le Grand prix du Jury. Il va encore plus loin dans l'exploration de la violence avec 29 Palms, tourné dans le désert américain. Il revient dans le nord de la France avec Flandres en 2006, qui lui vaut une nouvelle fois le Grand prix du Jury à Cannes. Trois ans plus tard, Bruno Dumont revient avec Hadewijch, moins frontalement provoquant que ses précédents films, dans lequel il s'interroge sur la foi. Hors Satan est sélectionné dans la compétition Un certain Regard lors du 64e festival de Cannes en 2011. À travers son œuvre, Bruno Dumont milite pour un cinéma exigeant et radical.

     


    De bon matin de Jean Marc Moutout, (France, Belgique, Drame, 91’, 2010)
    Avec : Jean-Pierre Darroussin, Valérie Dréville, Xavier Beauvois
    Mercredi 24 octobre à 18h30 à la cinémathèque algérienne.

    En présence du réalisateur.

    Lundi matin, Paul Wertret se rend à son travail, à la banque où il est chargé d’affaires. Il arrive, comme à son habitude, à huit heures précises, sort un revolver et abat deux de ses supérieurs. Puis il s’enferme dans son bureau. Dans l’attente des forces de l’ordre, cet homme, jusque là sans histoire, revoit des pans de sa vie et les évènements qui l’on conduit à commettre son acte…

    « Toute la puissance de "De bon matin", porté par un Darroussin magnifique, tient dans cette idée : ourler sa critique sociale d’une passionnante ambiguïté morale. »
    Le Nouvel Observateur

    Jean-Marc Moutout
    Après avoir suivi une formation de comédien au cours Simon, Jean-Marc Moutout entreprend des études de scénariste à l'IAD (Institut des arts de diffusion) de Bruxelles. Ses courts métrages remportent immédiatement un franc succès dans les festivals, notamment Tout doit disparaître !, nommé pour le césar du Meilleur court métrage. Après la réalisation d'un téléfilm pour Arte, Libre circulation, il signe son premier long métrage en 2004 avec Violence des échanges en milieu tempéré mettant en scène un jeune salarié dont la mission principale est de choisir le personnel qui ne sera pas licencié. En 2008 sort son second long métrage, La Fabrique des sentiments, qui évoque le speed-dating, et l'angoisse d'échapper au bonheur. Jean-Marc Moutout est sans conteste l'un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération.

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    Nuit sur la mer de Marc et Chloé Scialom, (France, Docu-fiction 105’, 2012).
    Avec : Mohamed Aïssa, Nacer Belhaoues, Stefanie Blasius, Anne Levy, Wilma Levy, Lakhdar Mouissette, Ouahib Mortada, Marc Scialom
    Jeudi 25 octobre à 15h00 à l'Institut français d'Alger

    En présence de Chloé Scialom, scénariste.
    A Marseille, un vieux réalisateur juif, immigré d'Afrique du Nord, repense à l'un de ses films resté inachevé et que son équipe de tournage, elle-même composée d'exilés d'origines diverses, le presse d'achever. Ce film, au départ, devait porter sur les relations ambiguës entre Musulmans et Juifs de Marseille, vues à travers une fiction présentant deux personnages-types, une Tunisienne juive et un Marocain musulman, l'un et l'autre fortement liés à leurs appartenances respectives.

    Mais un événement nouveau vient de se produire : toute l'équipe de tournage est sous le choc de la mort récente de Mohamed, le jeune assistant du réalisateur, et cette mort projette sur le film à finir une lumière particulière. Car Mohamed, après avoir milité pour les sans-papiers, avait poussé son refus des appartenances jusqu'à l'extrême : il avait déchiré ses propres papiers, était devenu un "sans-papiers volontaire", s'était voulu citoyen du monde, se préparant à d'incessants voyages.
    Ebranlé par les critiques de ses collaborateurs, le vieux réalisateur renoncera peu à peu à son film, cependant que l'équipe désœuvrée commencera d'imaginer, sur le thème de l'exil en général, un second film où paraîtrait un exilé mythique, à mi-chemin du Juif errant et d'Ulysse.

    Marc Scialom
    Parce que ses projets cinématographiques peinent à aboutir, Marc Scialom se consacre longtemps à l'enseignement. Né à Tunis, il s'installe en France à la fin des années 1950 dans le but de réaliser ses propres films. Auteur de Exils (1966) inspiré de La Divine Comédie de Dante et récompensé d'un Lion d'or en 1972, et de plusieurs autres courts métrages d'animation retraçant les guerres de colonies, il décide d'intégrer le corps professoral à la suite de son premier long métrage. En effet, Lettre à la prison, drame centré sur la perte des repères d'un jeune Tunisien qui débarque en France, laisse longtemps un goût amer à son réalisateur. Mis en scène en 1970, le film tombe finalement dans l'oubli, faute de financement et de distributeur. Ce n'est qu'en 2009, avec l'aide de sa fille que Marc Scialom peut enfin savourer la sortie en salle de son œuvre. Regard d'époque et semi-autobiographique sur l'immigration tunisienne en France, Lettre à la prison s'accueille comme un événement à part entière.


    Holy Motors de Leos Carax, (France, Allemagne, Drame fantastique, 115’, 2012.)
    Avec : Denis Lavant, Edith Scob, Eva Mendes, Elise Lhomeau, Kylie Minogue.
    Jeudi 25 octobre à 18h30 à la cinémathèque algérienne.

    De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier - mais où sont les caméras ? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l'immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l'action. Des femmes et des fantômes de sa vie… mais où est sa maison, sa famille, son repos ?

    « C'était l'un des films les plus attendus, et il n'a pas déçu : “Holy Motors”, de Leos Carax, brille par son inventivité, son humour et l'émotion qu'il provoque chez le spectateur ».
    Télérama

    Leos Carax
    Avec Jean-Jacques Beinex et Luc Besson, Leos Carax marque les années 1980 des promesses de renouvellement qu'il offre au cinéma français. Véritable styliste, novateur dans tous les domaines de l'écriture visuelle, c'est un surdoué qui intègre l'American College of Paris où Steve Murez lui enseigne le cinéma. Dès 18 ans, le jeune homme inaugure sa filmographie avec deux courts métrages et commence à collaborer avec les Cahiers du cinéma. Boy Meets Girl, son premier long, impose la signature d'un auteur qui revendique tout autant l'héritage du muet, de Cocteau ou de Godard. Mauvais sang révèle à une plus large audience ses audaces et son soin visuel, qui lui valent d'ailleurs le prix Louis-Delluc en 1986. Discret, l'artiste ne se dévoile pas, ne communiquant avec le public que par ses œuvres. Pourtant les coulisses de son chef-d' œuvre Les Amants du Pont-Neuf montrent l'intransigeance de Carax vis-à-vis de son propre travail : afin de terminer cette histoire d'amour entre marginaux, l'auteur n'hésite pas à dépasser le budget initial de production. Visiblement marqué par cette expérience, il se réfugie dans le silence médiatique tout au long des années 1990-2000. Son retour, en 1999 avec Pola X, rencontre l'indifférence des critiques à son égard. A nouveau mutique pendant neuf ans, c'est à l'occasion du film à sketches Tokyo ! qu'il revient, aux côtés de Michel Gondry et de Bong Joon-ho. Onirique, proche de Chaplin comme de la Nouvelle Vague, le cinéma de Leos Carax impose l'univers artificiel mais touchant d'un metteur en scène bien trop rare.

     

    CYCLE ALAIN RESNAIS

    Présenté par Ahmed Bedjaoui

    Muriel ou le temps d'un retour, (France, Italie, Drame, 116’, 1963).
    Avec : Emmanuelle Riva, Eiji Okada, Bernard Fresson.

    Dimanche 21 octobre à 15h00 à la cinémathèque algérienne

    L'itinéraire de quelques personnages dans Boulogne, hantés par le souvenir des catastrophes de l'histoire contemporaine (les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, la guerre d'Algérie).

    Hiroshima, mon amour, (France, Japon, Drame, 91’, 1959).
    Avec : Delphine Seyrig, Jean-Pierre Kerien, Jean-Baptiste Thierree.

    Lundi 22 octobre à 13h00 à la cinémathèque algérienne

    En août 1957, à Hiroshima. Dans la pénombre d'une chambre, un couple nu, enlacé. Elle, une jeune actrice française d'une trentaine d'années venue pour jouer dans un film sur la paix. Lui, un architecte japonais. C'est l'histoire de leur impossible amour.

    Trois courts métrages :

    Mardi 23 octobre à 13h00 à la cinémathèque algérienne

     Guernica, (France, 12’, 1949)
    La formidable toile de Picasso sur le bombardement de Guernica vue par Alain Resnais.


     Les statues meurent aussi, (France, 30’1953.)
    A travers un essai sur l'art africain, dénonciation de la colonisation et revendication de l'égalité raciale.

     Nuit et Brouillard, (France, Documentaire, 32’, 1955).
    Avec : Michel Bouquet

    1955 : Alain Resnais, à la demande du comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, se rend sur les lieux où des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont perdu la vie. Il s'agit d'Orianenbourg, Auschwitz, Dachau, Ravensbruck, Belsen, Neuengamme, Struthof. Avec Jean Cayrol et l'aide de documents d'archives, il retrace le lent calvaire des déportés.


    Mon oncle d'Amérique, (France, Drame, 125’, 1980).
    Avec : Gérard Depardieu, Nicole Garcia, Roger Pierre

    Le professeur Laborit part de l'exemple de trois destinées pour illustrer ses théories scientifiques sur le comportement humain.


    On connait la chanson, (France, Angleterre, Comédie musicale, 120’, 1997)
    Avec : Sabine Azéma, Pierre Arditi, André Dussollier

    Suite à un malentendu, Camille s'éprend de Marc Duveyrier. Ce dernier, séduisant agent immobilier et patron de Simon, tente de vendre un appartement à Odile, la sœur de Camille. Odile est décidée à acheter cet appartement malgré la désapprobation muette de Claude, son mari. Celui-ci supporte mal la réapparition après de longues années d'absence de Nicolas, vieux complice d'Odile qui devient le confident de Simon.

     

     

     

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  •                 PETER PAN A 50 ANS

    Ar  arthur et la vengeance de Maltazard

    réalisé par Luc Besson

    Critiques > 1er décembre 2009

    critique du film Arthur et la vengeance de Maltazard, réalisé par Luc Besson

    Ça y est : Luc Besson est devenu officiellement un parjure. Après avoir déclaré, répété, promis, craché toute sa carrière durant qu’il ne réaliserait ni plus ni moins que dix films (pourquoi cette contrainte ? comme ça, parce que, pour la légende), le voici qui sort son onzième. Mais faut-il s’étonner que l’homme renâcle autant à lâcher son petit artisanat, lui qui a toujours défendu – en réalisateur comme en producteur – un cinéma-cocon qui rassure, qui berce, qui flatte, qui infantilise ?


    Premier héros récurrent de Besson (si on excepte « Victor le nettoyeur » de Nikita qui s’est vu recycler en Léon), Arthur revient donc pour de nouvelles aventures, et fera comme dans le premier épisode un va-et-vient entre le monde que nous connaissons (enfin, presque : un monde de fiction familiale américaine bêtasse des années 1960, mais éclairée comme une pub pour huile de cuisine) et celui des Minimoys (minuscules créatures d’une société au look végéto-insectoïde revisité façon Cinquième Élément). Qu’importe les péripéties du blondinet, le sort de ses proches ou la fameuse vengeance de Maltazard : le scénario et les enjeux dramatiques, pas plus évolués que ceux d’un épisode de mauvaise série animée, tiennent sur une feuille de papier à cigarettes, ou plutôt sur le grain de riz qu’Arthur reçoit au début du film en guise d’appel au secours – naïveté imposée en règle absolue comme si, selon le préjugé moisi et invalidé depuis longtemps, c’était l’essence même du film pour enfants. Comme les autres incursions de Besson dans des sous-genres cinématographiques habituellement associés à Hollywood, les Arthur sont, avant tout, à la fois le fruit d’envies personnelles un peu puériles de raconter des histoires qui plaisent à tout le monde, et des tentatives plus professionnelles de s’imposer dans un domaine peu familier au cinéma français en agitant le drapeau national. Ici, en l’occurrence, c’est l’évasion dans un univers defantasy animé en 3D qui nous est proposée. Non pas que ce genre soit tout à fait nouveau en France déjà théâtre de quelques coups d’essai (le souvenir s’estompe déjà d’un des plus ambitieux : Kaena – La Prophétie de 2003), mais Besson compte bien ramasser avec sa saga et ses moyens (voir la ribambelle de stars de cinéma et de musique qu’il convoque pour les voix) ce que ses prédécesseurs ont manqué : le succès commercial. Quitte à ce qu’à force de vouloir fédérer son – plutôt jeune – public à tout prix, le semblant de fantasy qu’il déploie ne se résume qu’à une pauvre fumisterie.

    Le monde des Minimoys a beau étaler son petit imaginaire, sa fantasy n’est que fantaisie simili-disneyenne au plus médiocre, où aucune échappée de l’esprit n’est possible. D’abord parce que sa direction artistique ressemble trop à un recyclage de précédentes créations bessonniennes (Le Cinquième Élément, on n’y échappe pas) pour convaincre d’une quelconque singularité. Ensuite parce qu’en émule peu inspiré de l’oncle Walt, le réalisateur n’a pu s’empêcher, pour bien conformer le public dans ses références, de parsemer cet univers de gros clins d’œil bien gras à la société contemporaine, ou plutôt à ses clichés, notamment ethniques au travers de personnages comme Max le sidekick à coupe et phrasé de caricature de rasta (on repère aussi un cuistot typé italien...). Enfin, parce que le monde « normal » (soit la maison de campagne familiale baignée à l’éclairage de pub) en vis-à-vis duquel il fait s’agiter ses mignons Minimoys s’avère, au moins par le passéisme enluminé qui l’imprègne, aussi fantasmé, truqué et au goût douteux que le petit monde de ces derniers. En vérité, le seul univers cinématographique qui prend chair dans cette saga « arthurienne », et auquel nul humain ou Minimoy n’échappe, n’a rien de dépaysant : on le connaît depuis un peu plus de vingt-cinq ans maintenant. C’est celui né de la vision du monde régressive, racoleuse, fuyant la confrontation avec le réel, dont laquelle se complaît Luc Besson depuis qu’il fait des films.

    Plus de vingt-cinq ans, déjà, que l’homme exalte un divertissement se voulant formellement dynamique et rejeton du cinéma de genre hollywoodien, empruntant son maniérisme à la fois au cinéma d’action mal digéré et à la pub. Qu’il se plaît à raconter des histoires toutes simples, avec des gentils bien gentils, des méchants très méchants, parfois un semblant de spiritualité accessible à tous (pas prise de tête, surtout, car chez Besson, on n’aime pas les intellos). Que ses héros, tous des innocents (ou au moins des gens sympas, comme les tueurs à gages qui boivent du lait, soignent leur plante verte et ne tuent que les méchants, cf. Léon) brisés par le système dégueulasse, aspirent sous son regard compatissant voire complaisant à retourner à leur état originel comme de petits enfants au sein de leur mère. Le moindre recoin d’un film réalisé par Besson, muni de ses gros jouets contrefaits sur les modèles américains, manifeste un refus viscéral de grandir, de regarder le monde en face, de laisser tomber ses propres petites conceptions préfabriquées, simplistes et assez rances de la vie, de l’enfance, de l’amour, de l’autre. Jean-Pierre Jeunet ferait pour lui un fils spirituel parfait – même inavoué : plus doué en arts plastiques, un peu plus roublard et « branché » aussi, mais tout aussi renfermé sur son petit univers au sourire atrocement forcé, régi par des règles auto-justifiées, déconnectées du réel et se refusant à toute discussion.

    C’en est à tel point qu’il est difficile de dire, dans ce refus d’assumer une position de cinéaste adulte et responsable dans le monde, ce qui relève de l’opération publicitaire fédératrice ou de la vision personnelle de l’existence (laquelle rendrait l’individu vraiment à plaindre). En tout cas, l’attitude se retrouve avec une simplicité confondante dans la réplique que le cinéaste fit un jour à la si méchante critique française dont il comptait discréditer l’agressivité : un film, à l’en croire, serait « un objet gentil ». Comprenons : un objet qui n’agresse personne, qui caresse son public dans le sens du poil, qui le conforte dans ses certitudes, ses fantasmes et ses préjugés sur le monde. Avec une telle conception du cinéma, il n’est alors pas si paradoxal que le grand gamin devenu puissant producteur exploite les ficelles les plus démagogiques et parfois les plus méprisables du divertissement populaire. Qu’au rayon comédie d’action, il fasse recycler par Krawczyk, Pirès et compagnie, sous une forme tenant du tuning visuel, le pire de la veine comique de nos années 1970 entre Jean Girault et Max Pécas. Qu’au rayon drame, il préfère systématiquement ceux aux ressorts les plus convenus (même signés de cinéastes promus en auteurs populaires, tel Xavier Giannoli). Ou qu’il s’autorise, quand il est d’humeur audacieuse, des coups marketing miteux surfant sur des vagues commerciales, comme les mythiques Rivières pourpres 2 ou la série Z d’horreur Frontière(s). Le cinéma selon Besson doit divertir, exclusivement, facilement et par tous les moyens, partant du principe que le spectateur de cinéma est lui aussi, exclusivement, un grand enfant à satisfaire... Au bout du compte, sa récente incursion dans le film pour enfants a tout l’air d’une grossière hypocrisie : la naïveté (trop) facilement associée au genre lui est bien commode pour se vautrer une fois de plus dans la bêtise forcenée, régressive et bien moisie sur les bords.

    Benoît Smith


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    Articles associés

    • The Lady, réalisé par Luc Besson, par Ursula Michel
    • Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, réalisé par Luc Besson, par Vincent Avenel
    • Arthur et les Minimoys, réalisé par Luc Besson, par Ariane Beauvillard

     
     

    France, 2009. Durée : 1h34. Réalisation, scénario et production : Luc Besson. D’après : le roman de Luc Besson et Céline Garcia. Image : Thierry Arbogast. Images et effets 3D : Buf Compagnie. Montage : Julien Rey. Musique : Éric Serra.Interprétation vocale : Freddie Highmore doublé par Yann Loubatière (Arthur), Mia Farrow (la grand-mère), Jimmy Fallon doublé par Cartman (prince Bétamèche), Snoop Dogg doublé par Rohff (Max), Robert Stanton doublé par Jean-Paul Rouve (Armand le père), Lou Reed doublé par Gérard Darmon (l’empereur Maltazard), Penny Balfour doublée par Frédérique Bel (Rose la mère), Ronald Crawford doublé par Michel Duchaussoy (Archibald le grand-père), Selena Gomez doublée par Mylène Farmer (Sélenia), Will.i.am doublé par Omar Sy (Snow), Fergie doublée par Fred Testot (Replay)... Sortie : 2 décembre 2009.

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  • L                      ’AMOUR À MORT

           La Chienne

    réalisé             par Jean Renoir

    Gros Plans > 1er mai 2012

       
     
     

    Jean Renoir commence à réaliser en plein âge d’or du cinéma muet. Quand ses deux premiers films parlants, On purge Bébé et La Chienne, sortent la même année (21 juin et 19 novembre 1931), il est déjà un cinéaste reconnu. Film de quarante-six minutes tourné en six jours, On purge Bébé devient vite un succès populaire. Cette histoire vaudevillesque et potache permet à Renoir de s’amuser des nouvelles possibilités offertes par le son synchrone. La Chienne, drame social anarchiste, va ensuite marquer le début d’une période réaliste pour Renoir et pour le cinéma français. Le réalisateur confirme sa maîtrise de la mise en scène, son ambition esthétique et sa fascination pour le son direct avec ce film grave, servi par une distribution parfaite.


    Maurice Legrand (Michel Simon) s’ennuie entre son travail de caissier à la bonneterie Henriot et sa triste vie conjugale avec une femme grincheuse et avare. Pour se distraire un peu, il peint tous les dimanches, au grand dam de son épouse. Lorsque Maurice rencontre la jeune et blonde Lulu (Janie Marèze), il en tombe éperdument amoureux. Lulu et son petit ami, Dédé (Georges Flamant), voient dans le vieil homme une bonne dinde à plumer. Croyant Maurice peintre de profession, Lulu lui demande de réaliser des toiles pour les revendre en les signant d’un nom d’empreint à l’insu de l’artiste amateur. Lulu s’assure un train de vie décent et permet à Dédé de régler ses dettes de jeu permanentes. Maurice découvrira la supercherie de la vente de tableaux et l’acceptera, mais il ne prendra pas aussi bien le fait d’être dupé en amour après avoir tout quitté de sa vie conventionnelle pour vivre aux côtés de sa belle. Le mépris de Lulu aura raison de la bienveillance de Maurice, dont la rage vengeresse mettra fin aux supercheries des deux jeunes amants manipulateurs de façon radicale. Il tue Lulu et laisse accuser Dédé, avant de tout quitter pour finir clochard, sans prêter gare à ses propres toiles désormais exposées sur la rue Matignon.

    Le Pari(s) de Renoir

    La Chienne se déroule à Montmartre, quartier des artistes et surtout des peintres, associé à une atmosphère bohème et populaire à la fois. D’où le choix de Maurice Legrand de présenter son passe-temps comme son emploi principal. Le film est tourné en décors naturels. Il est donc possible de reconstituer la géographie du Paris de Renoir et d’identifier à l’écran les lieux réels traversés par les personnages : Maurice rencontre Lulu place Émile Goudeau et la tue rue Ravignan, près des Abbesses. Rappelons qu’en plus d’être tourné en décors naturels, le film est en son direct, ce qui lui confère une véritable authenticité et un aspect quasi documentaire, comme le souligne Daniel Serceau dans sa biographie consacrée à Renoir :

    « Les scènes de rue, l’omniprésence de Montmartre, de ses escaliers et de ses “becs de gaz” confèrent à cet ouvrage, qui donne si souvent l’impression d’avoir été pris sur le vif, un air d’époque et en fait presque un document ethnographique. […] Par-delà ses aspects de document sociologique (l’univers du peuple de Paris, de la petite pègre et des marchands de tableaux), Renoir filme “l’invisible” : ce qui se passe “derrière les fronts, derrière les crânes”. » [1]

    Pour une des premières fois au cinéma, on entend les petits bruits de l’arrière-plan, les effets de résonance, la profondeur des rues, des pièces… En 1931, le son est vécu comme un champ d’expérimentation intéressant et un nouvel espace de créativité. Dans ses mémoires, Jean Renoir avoue sa passion pour le son : « Pour moi, un soupir, le grincement d’une porte, des pas sur le pavé peuvent être aussi éloquents qu’un dialogue » [2]. La dimension sonore dépasse la simple expérience ludique, déjà pratiquée par Renoir dans On purge Bébé. Avec La Chienne, le son devient un élément essentiel de la construction et de la création filmiques. Une attention que l’on doit peut-être à l’assistant son, Joseph de Bretagne, qui « communiqua sa religion de l’authenticité sonore » [3] à Renoir. Authenticité des lieux, aléas sonores dus aux décors naturels, incertitude tolérée dans les voix (mots écorchés, répétés) : tout ceci contribue à intégrer l’histoire extraordinaire de La Chienne dans un contexte naturaliste et quotidien, pour mieux renforcer l’impact d’un récit tragique.

    « Ce sont de pauvres hommes, comme moi, comme vous »

    Le film s’ouvre sur un castelet présentant un spectacle de Guignol : la célèbre marionnette va successivement présenter les thématiques du film et les personnages de l’intrigue. Ce prologue théâtral encadre le récit pour lui donner une portée poétique et une valeur fabuleuse, tout en le présentant comme une démonstration critique. La référence au jeu pourrait laisser supposer une comédie, aussi grinçante soit-elle. Le système théâtral rappelle en effet l’ouverture de certains films de Sacha Guitry. Mais l’emploi de marionnettes évoque aussi le thème du faux-semblant, de l’artifice et du subterfuge. On associe volontiers Guignol aux thèmes de la violence et de l’ordre autoritaire, à cause de ses fameux coups de bâtons. Guignol, c’est le théâtre de l’anarchie et du désordre. D’emblée, nous savons que La Chienne sera une histoire non conventionnelle (par rapport à l’éthique sociale et aux modes cinématographiques). Guignol introduit les protagonistes de l’action en indiquant que « ce sont de pauvres hommes, comme moi, comme vous ». On peut donc comprendre : ce sont de pauvres marionnettes, comme moi, comme vous. Les personnages seraient les pantins d’un destin fatal et ne pourraient échapper à leur condition. Après avoir rossé deux marionnettes qui se disputaient sur le statut du film (« comédie à tendance morale » ou pièce « sans intention morale »), Guignol présente les trois protagonistes de la triangulaire amoureuse de La Chienne : « Lui, elle et l’autre ». Cette expression boulevardière reprend les termes du roman de La Fouchardière, dont le film s’inspire. Mais ces mots ne sont qu’une fausse piste, puisqu’ils sont détournés de leur connotation habituelle. Nous ne sommes pas dans une comédie légère ou vaudevillesque avec simplement le mari, la femme et l’amant.

    Guignol est posté à gauche du cadre surligné par le contour du castelet. L’image des protagonistes apparaît droite cadre en surimpression. La posture des personnages dans ces courtes apparitions les réduit à des types sociaux. Maurice Legrand (Michel Simon) est recroquevillé sur lui-même, comme s’il s’excusait d’être là. Lulu (Janie Marèze) joint ses mains et lève les yeux vers le haut, le sourire aux lèvres. Cette attitude suggère le caractère rêveur et optimiste de la jeune femme. Dédé (Georges Flamant) enlève son chapeau, passe sa main dans ses cheveux et rajuste son couvre-chef. Sa tenue vestimentaire et ses quelques gestes suffisent à le présenter comme un séducteur et un gangster de pacotille. Les commentaires de Guignol sur ces images annoncent le cynisme et l’ironie caractéristiques du film. De Lulu, il nous dit : « elle est toujours sincère, elle ment tout le temps ». De la description de Maurice Legrand à celle de Dédé, le discours se fait plus bref, toujours plus simple et informatif. Ainsi, au sujet de du jeune homme, Guignol nous dit seulement : « c’est le môme Dédé, et rien de plus ». À l’instar du jury du tribunal à la fin du film, la marionnette se soucie peu de savoir qui est vraiment Dédé. Cette présentation du trio évite les fioritures psychologiques du roman de La Fouchardière. La sécheresse de ton dans ce prologue annonce le style général du film : Renoir ne portera pas de jugement sur les personnages, mais proposera un discours efficace, empreint de cynisme.

    À la fin de cette présentation, le rideau de fond de scène se lève et la caméra passe à travers le castelet, devenu le monte-plat d’une salle de réception. À cette époque, beaucoup de cinéastes sacrifient les mouvements de caméra, lourds et bruyants, en raison de la prise de son. Mais Renoir va les multiplier dans ce film, prouvant la virtuosité de son équipe technique et ne renonçant pas à ses objectifs stylistiques. Ici, un repas est organisé en l’honneur du patron de la bonneterie, Monsieur Henriot, entouré d’employés souriants, voire goguenards. Cette atmosphère mielleuse nous plonge d’entrée de jeu dans une belle mascarade sociale. Au cours de la scène, la reprise de l’effet de surcadrage, permise par le monte-plat, rappelle l’artificialité de cette situation et oblige le spectateur à adopter une distance ironique. Un mouvement panoramique droite-gauche permet de souligner le grotesque des personnages. Le mouvement s’achève sur Maurice Legrand, marmonnant en bout de table, seul à ne pas partager l’hilarité générale. Cet homme au regard mélancolique n’est pas à l’aise avec les rites sociaux et détonne dans cet univers masculin, où les plaisirs de l’alcool, du tabac et des cigares lui demeurent étrangers. Cette constatation confirme les propos de Guignol : « Il s’est fait une culture intellectuelle et sentimentale au-dessus du milieu où il évolue, de telle sorte que dans ce milieu, il a exactement l’air d’un imbécile. »

    Les traits majeurs du portrait de Legrand, dressé par Guignol, apparaissent déjà ici. On le voit artiste incompris, objet de railleries, asservi à son épouse (elle ne lui aurait donné que la permission de minuit), manipulé par des personnes mal intentionnées. La discussion de Legrand avec un jeune employé zélé prouve le côté réfléchi et désabusé d’un Maurice poète. Face à lui, le jeune tient des propos désuets et futiles. Il ne converse avec son aîné que pour le convaincre de continuer la soirée ailleurs et de servir ainsi de distraction aux employés (un « dîner de cons » avant l’heure). Dans la suite du film, Legrand sera régulièrement exploité : racketté par sa femme, volé par Lulu et Dédé, objet d’un chantage par Alexis Godard. À la fin de cette première scène, Legrand est le seul à donner un pourboire : sa générosité et son attention pour les petites gens se font déjà sentir et l’enjeu central de l’argent est posé.

    La forte musique de fond (une chanson entonnée par une voix masculine) provient d’un disque que nous voyons tourner sur un phonographe, première preuve de l’attention de Renoir pour le son direct. Cette ambiance musicale contribue au côté naturaliste de la scène, ancre l’histoire dans son époque et lui confère une touche de poésie. La musique diégétique sera souvent utilisée dans le cinéma français des années 1930. Les chansons populaires occupent une fonction impressive et affective dans les films du réalisme poétique. Dans La Chienne, leur utilisation crée aussi un pont dans la narration : on entendra de nouveau un chant masculin lors du meurtre commis par Legrand.

    Lulu : un premier visage du réalisme poétique

    La première rencontre entre Maurice Legrand, Lulu et Dédé est marquée par une lenteur pesante et un silence relatif. En effet, les personnages parlent, mais ne se parlent pas vraiment entre eux. D’une certaine manière, la mise en scène rend compte du style de Georges de La Fouchardière. Dans le roman, l’histoire est racontée dans une série de monologues : par « Lui », « Elle » et « l’Autre ». Le décalage entre les répliques et les temps morts fréquents dans les dialogues du film permettent de transcrire à l’écran le style du roman. Mais la mise en scène travaille aussi une sensation d’étrangeté et permet la « transfiguration d’un moment banal » [4]. C’est de cette manière que Renoir entend le « réalisme poétique », terme qu’il emploie lui-même pour parler de son film. Il ne veut pas magnifier les personnages. Selon le cinéaste, « pour que la féerie, telle qu’il l’entend, se dégage, il faut surenchérir dans la banalité et l’insignifiance » [5].

    Dans la scène de rencontre violente entre les trois protagonistes du drame, Dédé reproche à Lulu de ne pas avoir récupéré l’argent que le père Marchin lui doit. Il est clair qu’elle se prostitue et Dédé est son maquereau. L’homme s’énerve et frappe la jeune femme qui tombe en arrière sur des marches humides. Legrand arrive à ce moment-là. Il voit Dédé rouer de coups de pied la jeune femme étendue et se précipite pour le frapper. Le jeune homme, passablement éméché, tombe comme une feuille et Legrand se tourne vers Lulu pour l’aider à se relever. Le visage pâle de Janie Marèze est mis en valeur par un éclairage créant un effet de médaillon. Ce procédé est fréquent dans les films du réalisme poétique, où la lumière tend à sublimer le visage des personnages, pour souligner le caractère marginal mais majestueux de ces héros de la vie ordinaire. Mais ici, ce que nous voyons sur le visage de l’actrice n’est pas la beauté simple et pure d’une jeune héroïne. On sent déjà sa froideur et son détachement. Lulu est montrée comme une femme au physique quelconque dans une situation banale (une dispute de couple). Son visage a beau être sublimé par la lumière, elle n’apparaît pas comme une séductrice. Sa coupe de cheveux courte et sa voix aiguë lui donnent un caractère étrangement juvénile. Pour l’anecdote, Janie Marèze fut imposée par la production et ne plaisait pas à Renoir. Elle avait une diction classique par rapport au parlé populaire, nécessaire pour interpréter ce rôle. Elle lui semblait trop coincée par rapport au naturel et à la détente du personnage très sexualisé de Lulu. Claude-Jean Philippe rapporte ainsi les propos du cinéaste à propos de sa jeune comédienne :

    « Tu comprends, dit-il à Braunberger, cette fille-là n’a jamais joui, ça se voit. Il faut absolument qu’on sente le contraire en la regardant. L’histoire repose entièrement sur cet attachement charnel, presque animal au personnage du maquereau. Il faut qu’il la tienne par là, par le plaisir. » [6]

    Entièrement soumise aux volontés de son Dédé, Lulu est un personnage masochiste, guidé uniquement par son besoin physique d’être avec l’homme qu’elle admire. Quand il l’embrasse et la rejette brusquement, elle est subjuguée. Lulu préfigure la représentation conventionnelle du masochisme féminin dans le cinéma des années 1930. Rappelons-nous par exemple le comportement de Françoise dans Le jour se lève de Marcel Carné (1939) : malgré son côté innocent, Françoise recherche la domination masculine, comme en témoigne son admiration aveugle et son attirance pour Valentin. Dans le naturalisme (littéraire et cinématographique), les personnages sont commandés par leurs pulsions et la forme que leur milieu social donne à leurs instincts. Le comportement de Lulu, véritable pantin de l’amour, obéit à cette logique. Renoir en fait un personnage très commun afin que nous ne nous fassions aucune illusion sur son comportement par la suite.

    L’aliénation d’un homme simple et généreux : un grand Michel Simon

    Caissier de la bonneterie Henriot, Legrand est un employé consciencieux, mais il fait l’objet de moqueries perpétuelles. Il est cultivé et est poète dans l’âme. Il rêve d’amour, mais semble bien désabusé quant à la possibilité d’un sentiment pur : « La vision de l’amour peut se poursuivre parfois au-delà de la vision d’une chambre crasseuse, mais il y a toujours le réveil », dit-il dans la première scène, sans savoir à quel point cette phrase est programmatique de son destin. Legrand est marié à une femme acariâtre et pingre. Adèle (Magdelaine Berubet) se dit prisonnière de son mariage et se sent envahie par les toiles de son époux. Legrand est continuellement infantilisé : il reçoit de l’argent de poche, mais il doit donner sa paie à Adèle, afin que cet argent ne soit pas dépensé à tort et à travers en peinture. Adèle traite Legrand de fainéant par opposition au glorieux Alexis Godard (Roger Gaillard), feu son premier époux, un adjudant mort pendant la première guerre mondiale. Les courtes scènes de peinture associent Maurice Legrand au monde de l’enfance. Quand il peint, la fenêtre de son salon est toujours ouverte, ce qui permet de d’entendre la fillette de l’appartement d’en face lorsqu’elle chante ou joue du piano. On l’entend entonner la chanson « Malbrough s’en va-t-en guerre », que Legrand reprendra après sa rencontre inattendue avec un Alexis Godard toujours bien en vie. Maurice voit dans ce retour providentiel le moyen d’annuler son mariage, finalement adultérin, et de s’unir légitimement à sa chère Lulu. Maladroit et abîmé par l’âge, Maurice semble prisonnier de son corps disgracieux. Pourtant il n’est pas exempt de légèreté et croit vraiment à une vie à deux avec sa jeune maîtresse. Cette union est d’ailleurs déjà consommée. Lulu l’évoque en confidence à une amie et une scène dans sa garçonnière nous montre Legrand allongé dans le lit double à ses côtés.

    On ne peut parler de Maurice Legrand sans tenir compte de son interprète, Michel Simon. L’acteur construit un personnage médiocre et énigmatique, imperméable aux attaques extérieures. Il apporte à Legrand son insolence et son caractère d’éternel enfant. Michel Simon est présent dans le précédent film de Renoir, On purge Bébé (1931). Il y incarne le risible Monsieur Chouilloux, fonctionnaire du ministère des armées, venu pour discuter avec Mr Follavoine de l’achat de pots de chambre incassables pour les troupes. Il est aussi dans le suivant : Boudu sauvé des eaux (1932). La déchéance finale de Legrand, devenu clochard, annonce d’ailleurs Boudu. Les deux personnages vivent le vagabondage comme une forme de liberté et de délivrance, hors d’un carcan social normatif. Michel Simon a conscience de son physique peu gracieux : il en joue en exagérant souvent les postures (le menton rentré, le visage crispé). Il travaille la raideur et la maladresse de son corps, utilise ses défauts pour servir le ridicule tragique de ses personnages.

    Violence des passions et anarchie des sentiments

    Jusqu’à l’instant du meurtre, Maurice Legrand apparaît comme l’innocence même, incapable d’imaginer qu’on puisse se jouer de lui comme Lulu l’aura fait. Éperdument amoureux, il ne semble pas apprécier de découvrir ses toiles dans une galerie d’art, sans en avoir été prévenu au préalable, mais il accepte cependant que Lulu utilise sa peinture pour subvenir à ses besoins. Il lui concède par amour, mais espère en retirer un bénéfice financier. Une fois sa relation avec Lulu commencée, Maurice Legrand semble oublier complètement l’existence de Dédé, qu’il a pourtant aperçu lors de leur première rencontre. La jeune femme était alors très attentionnée à l’égard de cet homme. Ses propos tendaient même à officialiser ce couple aux yeux de Legrand : « ça fait trois ans qu’on est ensemble, c’est comme si qu’on étaient mariés ». Mais, à la faveur de la nuit, le visage de Dédé était dissimulé. Quand ils se croisent à nouveau, Dédé se fait passer pour le frère de Lulu. Legrand ne soupçonne pas un instant la poursuite de la liaison de Lulu avec l’homme violent et ivre entraperçu le premier soir.

    Pourtant, Maurice découvrira les deux amants alités. Surpris et choqué par cette image, il quitte immédiatement la garçonnière, submergé par les propos secs et méprisants de Lulu. Il reviendra après le départ de Dédé, pour un dernier tête-à-tête fatal avec celle qui l’a trahi. Son geste meurtrier sera motivé par le rire et la moquerie de Lulu, qui crache son venin sur cet homme fragile lors de cette nouvelle confrontation. Son rire strident crée un effet miroir, confrontant Maurice à lui-même : son corps disgracieux et vieillissant, son esprit crédule, sa vie fade et misérable. L’homme ne supporte pas d’entendre de la bouche de Lulu ce qu’il sait finalement déjà. Il ne peut accepter toutes ces évidences qu’il voudrait se cacher à lui-même. La voix de Lulu se fait l’écho tonitruant des moqueries de ses collègues. Son geste meurtrier n’est donc qu’un élan impulsif et un aveu d’impuissance. C’est le seul moyen pour la faire taire et étouffer la réalité d’une situation déplorable et pathétique.

    Arrêtons-nous sur quelques éléments signifiants dans la mise en scène majestueuse de cette séquence de confrontation meurtrière. Legrand découvre les amants au lit, l’un à côté de l’autre. Il s’arrête dans l’encadrement de la porte d’entrée pour observer ce tableau inattendu. Nous voyons le couple depuis le point de vue de Legrand, puis les trois personnages depuis l’extérieur de la chambre. La caméra se trouve alors à la hauteur de la fenêtre, dont le pourtour crée un effet de surcadrage. Ce point de vue et cette composition d’image ont déjà été utilisés auparavant, quand Lulu faisait visiter la garçonnière à une amie. L’axe de prise de vue ne correspond ici au point de vue d’aucun personnage. Il crée donc une rupture dans le découpage qui favorisait jusqu’alors le champ contrechamp entre les personnages. L’axe et la valeur de plan font de la chambre ainsi surcadrée un espace scénique propice au drame. Le point de vue sur la scène devient soudain omniscient. Au sein d’un film réaliste comme La Chienne, ce plan stylisé vise peut-être à rappeler que les personnages ne sont pas libres de leurs actions, mais guidés par leurs pulsions. Voilà pourquoi le regard du spectateur n’est plus asservi ou proche de celui des personnages, mais correspond à cet instant à un point de vue irréel : les trois protagonistes apparaissent de nouveau comme des marionnettes dans un castelet. Quand Maurice revient pour trouver Lulu seule, leur conversation houleuse est mise en contrepoint avec la voix d’un chanteur des rues entonnant la « sérénade du Pavé » au pied de l’immeuble. Le chanteur et sa musicienne sont entourés de passants attentifs et souriants, ignorants tout du drame qui se joue quelques mètres plus haut. Le montage parallèle entre la rue et la chambre construit la tension dramatique de la scène. À l’instant où Legrand se saisit du coupe-papier de Lulu pour la tuer, Renoir choisit de nous montrer les artistes de rue. L’ellipse n’enlève rien à l’impact du meurtre, bien au contraire. L’image de Maurice embrassant le visage renversé et inerte d’une Lulu couverte de sang crée un effet saisissant et émouvant. Son comportement contrit fait de son acte meurtrier un geste d’amour désespéré.

    Legrand perdra connaissance à l’annonce du verdict lors du procès de Dédé, accusé du meurtre de Lulu. On ne sait s’il s’évanouit de contentement à l’annonce de la condamnation à mort ou s’il est choqué par l’issue de cette affaire. Dans l’épilogue, il retrouve Alexis Godard. Tous deux sont d’heureux clochards, marginaux mais libres. Cette fin abrupte apparaît comme cynique et amorale. Legrand est heureux de sa condition, comme s’il avait oublié ses mésaventures et son passé meurtrier. Le dénouement du film affirme son ton provoquant et ses intentions anarchistes, laissant le spectateur béat devant la froideur de ce drame passionnel. L’esthétique naturaliste de La Chienne, très travaillée, vient renforcer l’incongruité d’une violence psychologique et physique dans une atmosphère paisible et poétique. Renoir joue en permanence du contrepoint entre la banalité des lieux, la quotidienneté apparente des situations et l’excès impulsif du comportement de ses héros.

    De Jean Renoir à Fritz Lang

    Chef-d’œuvre incontesté de Renoir, La Chienne fait l’objet d’un remake de Fritz Lang en 1945 : La Rue rouge (Scarlet Street). Le film de Renoir marque les prémisses du réalisme poétique, quand La Rue rouge s’inspire des caractéristiques esthétiques et thématiques du film noir. Mais le premier point commun entre ces films est de ne pas être complètement ancrés dans un genre particulier, mais informés par les obsessions respectives de leurs auteurs, aussi bien dans leurs caractéristiques stylistiques que dans leurs enjeux narratifs. Les deux films méritent d’être vus successivement pour apprécier la spécificité de chacun et remarquer la qualité du remake, qui reconfigure avec intelligence l’histoire et le style de La Chienne en fonction du contexte de production américain, sans proposer une pâle copie de l’original. Dans les deux cas, les films doivent beaucoup de leur pouvoir de fascination à la présence troublante des acteurs : Michel Simon dans La Chienne et Edward J. Robinson dans La Rue rouge. Si une impression de malaise plus grande naît à la vision de La Chienne, du fait de son naturalisme abrupt et de son pessimisme, La Rue rouge construit un récit tout aussi sombre, voire plus, puisque Cross (le Legrand américain) ne peut espérer aucune rédemption, prisonnier d’un sentiment destructeur qui le tue lentement. Sa jalousie perdure après la mort des deux amants manipulateurs et le conduit aux portes de la folie. Jean Renoir et Fritz Lang nous offrent deux œuvres tout aussi intéressantes l’une que l’autre, deux films tout aussi émouvants et déroutants, en empruntant des voies stylistiques opposées. Ils proposent un grand nombre de scènes similaires, mais les mettent en scène dans une atmosphère très différente et leur appliquent un discours sous-jacent divergent. Les deux films demeurent tout aussi troublants : La Chienne pour son cynisme et son âpreté de ton, La Rue rouge pour son aspect faussement lisse et moral.

    Carole Milleliri

    Notes

    [1] Daniel Serceau, Jean Renoir, St Amand, Edilig, 1985, p.47-48.

    [2] Jean Renoir, Ma vie et mes films, Évreux, Flammarion, 1974, p.95.

    [3Ibidem, p.96.

    [4Ibid.

    [5] Claude-Jean Philippe, Jean Renoir – Une vie en œuvres, Grasset, 1970, p.79.

    [6Ibidem, p.68.

    .
     

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    La Chienne (France, 1931). Durée : 1h31. Réalisation : Jean Renoir. Scénario : André Girard, Jean Renoir. D’après : le roman de Georges de La Fouchardière et la pièce qui en fut adaptée par André Mouëzy-Éon. Image : Theodor Sparkuhl. Montage : Pál Fejös, Denise Batcheff, Marguerite Renoir. Musique : Sois bonne ô ma belle inconnue d’Eugénie Buffet, Sérénade d’Enrico Toselli, Malbrough s’en va-t’en guerreProduction : Pierre Braunberger, Roger Richebé. Interprétation : Michel Simon (Maurice Legrand), Janie Marèze (Lucienne « Lulu » Pelletier), Georges Flamant (André « Dédé » Govain), Magdeleine Bérubet (Adèle Legrand), Roger Gaillard (Alexis Godard), Jean Gehret (Dugodet), Alexandre Rignault (Langelard), Lucien Mancini (Wallstein)...

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