• Dimanche Critique Photo décembre 2010 : les feuilles mortes

    Deuxième Dimanche Critique Photo, et premier de l’année 2013 ! :)

     

    Cette fois-ci je n’ai choisi qu’une image, mais avant de passer à sa critique, une ou deux précisions :

    • j’aurais pu choisir la photo « Art naturel urbain » de Céline « boulaxx ». En effet l’idée estexcellente, et on sent qu’il y a eu un réel effort sur la composition. Malheureusement, la seule chose qui gâche un peu l’image, ce sont les autres tags sur le mur : ce sont des éléments perturbateurs. Mais ça, malheureusement, tu n’y pouvais rien. Je ne l’ai pas choisie car je n’aurais pas eu assez de choses à dire, mais je tenais à la faire remarquer quand même ;)
      Art naturel urbain
    • Je tiens également à attirer l’attention sur les images de Zakia Hadjadj, notamment celles postées sur le groupe (mais pas seulement). Ce sont vraiment d’excellentes photographies, et je n’en ai pas choisie une pour deux raisons : les données EXIFs n’étaient pas affichées (comme je l’ai précisé dans les règles du jeu), et de plus je n’aurais pas eu grand chose à dire tant elles sont techniquement et artistiquement réussies ! Le piqué est vraiment bon, la composition est au top, les choix photographiques sont francs et rendent extrêmement bien, bref prenez-en de la graine ;) (Je regrette juste les cadres et mentions de copyright ajoutés sur les images.)
      Ice and bokeh

    Obstination

    Tel est le titre de l’image que j’ai choisie, réalisée par Philippe Feyaerts :

    Obstination

    EXIFs : f/14, 1/125ème, ISO 200, 200mm (cliquez sur l'image pour voir en grand sur Flickr)

    Les plus :

    • Le choix du format carré : on y pense sans doute pas assez souvent, mais le format carré peut être très intéressant pour composer ses images. Les règles classiques de composition (règle des tiers par exemple) y sont moins strictes, et le format étant par définition symétrique, on peut facilement centrer le sujet sans que cela soit aussi choquant que sur un format « classique » tel que le 3/2 ou le 4/3. Ce n’est pas le parti pris de Philippe ici, qui a plutôt choisi de rester dans les règles classiques de composition. C’est un choix qui se défend tout à fait, mais sachez qu’on peut sortir de ces règles en prenant un peu moins de risque grâce au format carré.
    • La simplicité : l’arrière-plan est très simple. On devine qu’il était peut-être un peu chargé au départ, mais il est astucieusement perdu dans le bokeh afin d’éliminer les éléments perturbateurs éventuels. Ceci donne plus de force à la photo, puisque le sujet et lui seul est mis en évidence. Des taches de lumière à l’arrière-plan embellissent également ce bokeh.
      Remarque technique : on voit que Philippe a fermé jusqu’à f/14, et pourtant l’arrière-plan est quand même bien flou. Sans doute pour deux raisons au moins : Philippe a utilisé une grande longueur focale (200 mm), ce qui a diminué la profondeur de champ. De plus, l’arrière-plan devait être suffisamment éloigné pour se trouver loin du plan de netteté et ainsi être très flou. N’hésitez pas à relire le cours sur la profondeur de champ et le bokeh si vous avez besoin d’une piqûre de rappel ;)
    • Le travail avec la lumière : c’est ce qui fait une bonne partie de l’intérêt de l’image. La feuille est éclairée par l’arrière, ce qui laisse apparaître toutes ses nervures par transparence. Ces jolisdétails rendent un fier service à l’image, et j’imagine que c’était la volonté de Philippe de faire apparaître cette jolie lumière.
    • Le choix du titre : personnellement, j’aime bien quand les images ont un bon titre, car cela nous aide à rentrer dans l’image et à se laisser emporter par l’histoire qu’elle raconte. J’aime bien l’idée de cette feuille obstinée qui refuse de tomber ! ;)

    Les moins :

    • Le manque de netteté : Quand on regarde bien à 100%, la feuille n’est pas nette partout. A bien y regarder, je pense qu’il y a deux facteurs :
      • la profondeur de champ est légèrement insuffisante : on voit que la partie en haut à droite de la feuille, qui a l’air en retrait, est plus floue. Je pense qu’il aurait fallu augmenter un peu cette profondeur de champ. Pas en fermant plus le diaphragme, mais sans doute en s’éloignant ou en dézoomant un peu. Mais ça aurait peut-être empêché d’avoir la feuille plein cadre. Dans ce cas, pourquoi ne pas prendre le problème dans l’autre sens en essayant de mettre toutes les parties de la feuille sur un même plan, en se déplaçant un peu par exemple ? ;) Je ne sais pas si c’était possible dans cette situation, mais j’émets l’idée.
      • il y a un léger flou de bougé : on le distingue plutôt en bas de la feuille. C’est peut-être un flou de mouvement du sujet (un petit courant d’air qui aurait fait bouger le bas de la feuille). Dans tous les cas, cela aurait sans doute pu être évité en augmentant un peu lavitesse d’obturation. Tu étais à 1/125ème à une longueur focale de 200mm. Ça passe avec un objectif stabilisé, mais ça ne permet pas une netteté optimale. Il vaut mieux s’en tenir si possible à la règle : « à 200mm, je shoote à 1/200ème et pas en-dessous ». Surtout que tu étais en mode priorité vitesse ;)
    • Un petit manque de post-traitement : au post-traitement, j’aurais travaillé sur quelques petites zones qui m’ont l’air légèrement surexposées. Rien de dramatique, je pinaille, mais des petites taches claires comme celles qu’on voit en bas à gauche de la feuille gênent un peu le regard. A ta décharge, je n’ai pas (encore) fait de tutoriel sur le sujet ;)
      De plus, j’aurais augmenté le relief de ces nervures en augmentant le contraste local (ou son équivalent selon le logiciel de développement que tu utilises). Cet outil permet de souligner de légers contrastes locaux (comme ceux entre les nervures sombres et le reste de la feuille plutôt clair), sans changer le contraste global.
      Oh, et tu as essayé en noir et blanc ? :D (oui, là je suis purement subjectif :P )
    • La petite branche au-dessus : allez, je suis un peu chiant là, mais tant pis. La petite branche qui dépasse au-dessus me gêne un tout petit peu : j’aurais fait en sorte de la sortir du cadre. Mais rien de bien grave, le reste de l’image étant plutôt épuré :)

    Voilà, j’espère que cette critique aura servi à Philippe mais aussi aux autres qui n’ont pas (encore) eu la chance que je les choisisse pour cette rubrique :D Retentez votre chance ce mois-ci en ajoutant votre image au groupe Flickr ! (et lisez bien les règles ;) )
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  • Dimanche Critique Photo 2013 : le portrait

    Ce mois-ci, Dimanche Critique Photo avait pour thème le portrait. Voyons donc quels visages m’ont marqué et lequel fera l’objet d’une critique détaillée.

     

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    Pour commencer, je dois vous avouer que si je poste ce Dimanche Critique Photo… un mardi, c’est parce que je l’avais oublié :P Pour tout vous dire, j’étais déjà en train de travailler un autre article pour cette semaine ;)
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    Bref, ce mois-ci, le thème de Dimanche Critique Photo portait sur le portrait. Le thème a été mieux respecté que le mois dernier, mais il y a encore quelques images qui n’en étaient pas ;) Le thème de ce mois-ci est plus vague : « Détail« . Je laisse donc à votre imagination le soin de composer des images qui se marieront bien avec ce thème.

    Intuitivement on peut penser à la macro en premier lieu, d’autant plus que ce mois-ci a été en partie sur ce thème avec les 3 problèmes courant en macro et le test de 2 objectifs macro. C’est donc la technique qui vient immédiatement à l’esprit, mais vous n’êtes pas obligés d’y recourir bien sûr. Par exemple, vous pouvez mettre en valeur les détails de quelque chose qu’on a l’habitude de voir dans son ensemble, ou encore faire de quelque chose un détail en l’isolant dans un ensemble bien plus grand que lui et uniforme (un caillou blanc parmi des cailloux rouges est un détail ;) ). Utiliser lasimplicité et épurer vos images pourra vous être très utile ! Bref, je laisse la part belle à votreimagination en ce mois de mai qui devrait vous inspirer et vous donner envie de sortir l’appareil, vu la météo :D (enfin dans le Nord :P )

    Les images du mois

    Il y avait comme d’habitude pas mal de très jolis clichés ce mois-ci, et je suis content de voir vos images s’améliorer ! J’espère modestement y avoir ma part :) J’ai constaté avec amusement que la plupart des portraits avaient pour sujet soit des femmes, soit des bébés, soit des habitants de pays lointains :P Il est vrai que ce sont des sujets peut-être « plus photogéniques » que d’autres, et moi-même j’ai tendance à faire des portraits de femmes de préférence.

    • « ThisIsLouloute » a posté ce mois-ci 3 portraits, et j’apprécie en particulier celui-ci :

      (Cliquez sur l'image pour voir en grand sur Flickr)

      Une mise au point parfaite, une très jolie lumière, une jolie modèle, et la magie du 50mm f/1.8 ;)On note également un 2ème portrait qui fonctionne très bien, et où le parti pris est de faire la mise au point sur les cheveux, comme quoi sortir des sentiers battus peut donner beaucoup de force à une image.

    • « juldetroy » nous livre un joli portrait en noir et blanc bien contrasté, plein de complicité, et avec une excellente idée de composition en cadrant son sujet avec le cheval. Cette composition force le regard à aller vers le regard, tout en donnant un centre d’intérêt secondaire (le cheval) quiéquilibre l’image.

       

      (Cliquez sur l'image pour voir en grand sur Flickr)

    • Enfin, Matheew Lauren nous propose un portrait plein d’émotion et très bien mis en valeur par lalumière et le traitement, dans lequel il cadre également son sujet avec un élément du décor, et où le choix de cadrage très serré donne beaucoup de force à l’image, en renforçant la proximité avec son sujet. Des choix très francs, j’aime beaucoup !

      (Cliquez sur l'image pour voir en grand sur Flickr)

       

    La critique du mois

    Ce mois-ci, j’ai choisi un portrait qui me semblait assez représentatif de ce que vous pourriez être amenés à rencontrer comme situation : un portrait spontané d’enfant. La photo d’IxPo me semblait intéressant à critiquer :

    50mm , f/2.8 , 1/50 , 800 ISO (cliquez sur l'image pour voir en grand sur Flickr)

    Les plus :

    • 50mm, f/2.8… Ça sent la focale fixe à grande ouverture ! Je ne le répéterai jamais assez, c’est une excellente optique pour du portrait. C’est réellement un point positif, pas une façon d’insister lourdement sur cette excellente optique :P Bien choisir son objectif fait partie du processus photographique.
    • Une bonne mise au point. A cette ouverture, il faut faire attention à sa mise au point, et là c’est bien réalisé.
    • Une jolie expression : capter le bon moment n’est pas toujours évident, mais c’est l’essence même du processus photographique. Ici on sent tout le naturel et la spontanéité de la photo (bien qu’on fasse rarement poser de très jeunes enfants :P )
    • Une profondeur de champ réduite pour diminuer l’impact de l’arrière-plan, qui est ici assez peu esthétique et gênant, car il n’est pas uniforme.

    Les moins :

    • Malgré cette profondeur de champ, l’arrière-plan reste gênant pour moi, surtout à cause de sonmanque d’uniformité. Il aurait été tout blanc ou tout marron, ça ne m’aurait pas posé de problème, mais là ça gêne un peu la lecture de l’image. La solution ? Peut-être une profondeur de champ plus faible encore, mais cela dit ça n’aurait pas résolu entièrement le problème. En l’occurrence j’aurais tourné autour de mon sujet pour trouver un meilleur arrière-plan.
      J’ai bien conscience que ce n’est pas toujours évident en photo spontanée, mais il faut penser àprévoir ce genre de détail avant pour déclencher en toute sérénité par la suite ;)
    • Autre élément plus gênant encore : la bougie rose fuschia à l’avant-plan. Comme je l’avais précisé dans l’article sur ce qui attire l’œil en photographie, les couleurs vives ont tendance à détourner le regard. Même floue, cette bougie rentre en compétition avec le sujet principal, qui en plus ne présente pas de couleurs très vives (même le rose est plutôt pastel). En même temps je m’inquièterais si le bébé était orange fluo :P
      La solution ? Placer la bougie hors du cadre (en bougeant, en se rapprochant, …), ou recadrer a posteriori (au format carré ?), ou encore essayer le noir et blanc.
    • Un manque de post-traitement : j’ai l’impression que c’est un jpeg sorti de l’appareil, je me trompe ? En tout cas la photo aurait beaucoup gagné avec une balance des blancs un peu plus chaude (en tout cas moins neutre), un peu plus de contraste, et un peu plus de saturation dans les couleurs. Une affaire de quelques minutes avec RawTherapee ;)

    Voilà, une fois de plus je pense qu’on voit bien que la différence se joue sur des petits détails, mais qui ont toute leur importance ! N’hésitez pas à laisser vous aussi vos commentaires sur cette image (ou d’autres), et n’oubliez pas de poster vos images sur le groupe Flickr sur le thème du détail. Rendez-vous le mois prochain pour le Dimanche Critique Photo de mai, et pensez à commenter les photos des autres ! ;)

     
     
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  • Terrasses (Les)

    Réalisateur(s) : Merzak Allouache 

    Pays de production : Algérie

    Type : Long métrage

    Genre : Fiction

    Edition du festival : Maghreb des films novembre 2013

    Image Frédéric Derrien

    Son Julien Perez

    Montage Sylvie Gadmer, Adila Bendimered, Nabil Asli, Nassima Belmihoub, Ahcene Benzerari, Aïssa Chouat, Mourad Khen

    Producteurs Jacques Bidou, Marianne Dumoulin, Yacine Djadi

    Productions JBA PRODUCTION, BAYA FILMS

    Distribution France Sophie Dulac Distribution

    Avec Amal Kateb

    Synopsis Un homme est tourmenté par la signature d’un mystérieux document. Une petite fille tente d’avoir une relation "normale" dans sa famille rigide avec son oncle "fou" qui est enfermé dans une cage pour une raison inconnue. Le propriétaire d’un immeuble disparaît du jour au lendemain après avoir voulu vainement expulser un locataire indélicat. Un groupe de jeunes s’entraînent pour leur chorégraphie jusqu’au jour où ils sont témoin d’une tragédie... Le point commun entre ces 5 histoires ? Elles se déroulent sur 5 terrasses dans 5 quartiers d’Alger (la Casbah, Bab el Oued, Belcourt, Notre-Dame d’Afrique, Telemly).

    Les Terrasses a fait partie de la sélection officielle de la Mostra de Venise et a reçu au festival d’Abou Dhabi le grand prix du film arabe, ainsi que le prix de la critique internationale.

    Revue de presse, lors de la Mostra de Venise

    Le Nouvel Observateur daté du 6 septembre 2013 
    Dans son film "Les terrasses", en compétition ce vendredi à la 70ème Mostra, veille du palmarès, le réalisateur franco-algérien Merzak Allouache donne sa vision impressionniste d’une société algérienne "malade de ses contradictions", filmée des toits d’Alger. 
    .../...

    CritiKat 
    ... Si les terrasses sont un trait significatif du visage d’Alger, et si le film met en scène les mutations qui s’y opèrent au gré des apparitions et disparitions des personnages sur chacune de ces zones restreintes, leur emploi dans le film n’a rien de l’exhibition d’un décor exotique. La belle idée d’Allouache consiste à laisser la rue en dessous, hors champ la plupart du temps, cependant que ses sons mêlés au bruit du vent habitent chaque plan en une rumeur permanente, conférant à ces Terrasses une musicalité certaine. 
    .../...

    Extrait d’un entretien à l’AFP publié dans l’Express daté du 6 septembre 2013 
    ... "Alger est construite sur des collines. On voit facilement les terrasses qui ont toujours joué un rôle dans cette ville. J’avais envie de travailler sur cette perspective de hauteur pour parler des problèmes de la société algérienne", explique à l’AFP Merzak Allouache. 
    "Depuis quelques temps les choses se sont aggravées. On n’en est pas arrivé à la situation égyptienne où les gens habitent dans les cimetières mais on squatte les terrasses, il y a des bidonvilles", poursuit-il. 
    "Je travaille depuis longtemps sur cette société, très malade des années de terrorisme et de violence absolue. Depuis 1999, une espèce d’amnésie s’est installée. On ne parle plus de ce qui est arrivé, on le refoule", analyse-t-il. 
    .../...

    BioFilmographie 
    Merzak Allouache suit en 1964 des études cinématographiques dans la section réalisation de l’Institut National du Cinéma d’Alger, où il réalise Croisement, son film diplôme. Après Le Voleur, son premier court métrage, il complète sa formation par des stages à l’IDHEC en 1967 et à l’ORTF en 1968. Il travaille également comme assistant sur quelques films.

     
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  •  Un apaisement avec le cinéma de fiction

    Le militantisme cinématographique perd du terrain avec l'essouflement de l'esprit de mai 68 et l'importance croissante des grosses productions dans le cinéma français. Le cinéma dit d'art et d'essai préfère dorénavant se consacrer aux fictions et à la recherche esthétique qu'au message politique.

    Le cinéma algérien connaît la même inflexion. D'autres thèmes sont explorés que la guerre d'indépendance. Les films de propagande laissent la place à des films rigoureusement construits, plus nuancés. Parmi les films algériens sortis en France, il se trouve encore quelques films manichéens :Décembre de Lakhdar Hamina en 1973 ou L 'Opium et le Bâton diffusé en 1977. La critique qui en est faite met en avant l'académisme de la mise en scène et l'aspect « image d'Epinal » des situations. Leur diffusion étant limitée à quelques cinémas du quartier Latin, aucun débat ne prend forme à propos de ces films.

    Mais, la nouveauté vient de certains films qui analysent avec acuité le conflit loin de l'histoire officielle algérienne : Chronique des années de braiseencore de Lakhdar Hamina, Grand Prix du festival de Cannes en 1975, ou Noua d'Abdelaziz Tolbi. Chronique des années de braise est le premier film dont le sujet porte sur l'origine de la guerre, ce qui en fait un film très mal vu par le pouvoir algérien. En effet pour le F.L.N., l'histoire de l'indépendance commence en 1954 avec la naissance du F.L.N. Or, justement le film s'arrête en 1954 et montre qu'il existe une nation algérienne prête à s 'affirmer avant 1954, il entreprend donc de réhabiliter les mouvements politiques nationalistes d'avant la guerre. D'autre part, celui qui

    est montré comme le principal ennemi, celui vers qui la haine se porte, n'est plus l'Européen mais l'Algérien qui trahit la cause de son peuple : le film, à l'encontre de l'histoire officielle, ne met pas en scène un peuple uni contre le colonisateur mais insiste sur les violences et les haines entre Algériens. Quant à Noua, c'est le premier film à mener une réflexion inquiète sur la guerre d'Algérie, à poser la question de l'après-indépendance. Ce film subversif prend le contre-pied des films de propagande, l'indépendance n'est plus une fin en soi, le but ultime de la lutte. De ce que nous montre le cinéma algérien en France, l'Algérie opère aussi à une remise en cause des vérités officielles sur la guerre. S'agissant de films plus sévères vis-à-vis du F.L.N. et dont la diffusion est limitée, ce nouveau courant cinématographique algérien rencontre peu d'écho en France.

    Le cinéma français, comme nous l'avons déjà expliqué, se consacre davantage aux fictions dans lesquelles l'Algérie, encore française ou en guerre, n'est qu'un décor. Le but du film n'est pas ou peu politique. En 1979, Alexandre Arcady réalise Le Coup de Sirocco. Ce n'est pas tant la vision d'un pied-noir sur le conflit qu'un mélodrame sur les destinées déchirées des pieds-noirs, destinées qui inspirent nostalgie et amertume. La guerre d'Algérie n'est plus perçue comme une probématique majeure du débat public mais comme une part de la mémoire collective. C'est aussi parce qu'il parle à tous et non seulement aux rapatriés que le film a rencontré un grand succès. L'histoire des pieds-noirs est devenue celle de tous les Français, du moins le temps d'un film. Ce long métrage figure bien alors le glissement opéré dans la société : la mémoire d'un groupe est devenue une partie de la mémoire collective sur la guerre.

    La résurgence des principaux thèmes porteurs du débat - la torture, de Gaulle ou le cinéma - se fait de manière plus ténue et plus distanciée : à aucun moment, on ne peut parler de polémique à propos de la guerre d'Algérie. Mais ce silence, aussi coupable soit-il, est aussi le signe d'un apaisement de l'opinion sur ces thématiques. On peut parler d'une décrispation des tensions entre les différents protagonistes : les revendications des pieds-noirs sont essentiellement économiques, les généraux se taisent après avoir témoigné et les militants de gauche, opposés à la torture ou favorables à l'indépendance, se trouvent éloignés de l'arène publique avec l'essouflement de l'esprit de mai 68.

    Bien plus, ce silence favorise le travail de mémoire grâce à une plus grande prise de recul vis-à-vis des événements. Ces commémorations se veulent alors moins revendicatives que lors de la première période. Le ton employé est moins exalté, l'analyse plus lucide, le regard plus aigu.

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  • "LA SOURCE DES FEMMES": LEÏLA DES SOURCES

    <figure class="image " style="box-sizing: border-box; margin: 0px 0px 30px; color: rgb(51, 51, 51); font-size: 15px; line-height: 20px;">"La Source des femmes": Leïla des sources<figcaption style="box-sizing: border-box; margin: 30px 0px 0px; float: left; width: 217.1875px;">

    "La Source des femmes": Leïla des sources
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    </figcaption></figure>

     

    Fable-manifeste pour la libération des femmes au Moyen-Orient, le nouveau film de Radu Mihaileanu est sauvé de la caricature par la belle Leïla Bekhti.

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    Le sujet est magnifique. Dans un village reculé du Maghreb ou de la péninsule arabique, des femmes font la grève du sexe pour que les hommes prennent enfin leur responsabilité et aillent chercher l’eau dans la montagne. Impossible de ne pas penser aux révolutions arabes et à ce vent de liberté qui souffle encore en Syrie et dans de nombreux pays de la région. A l’arrivée des islamistes modérés en Tunisie et du rétablissement de la charia en Libye. Difficile de ne pas adhérer au propos humaniste du cinéaste roumain francophile, qui, comme Louis Aragon et Jean Ferrat avant lui, fait des femmes l’avenir de l’homme.

    Le Coran pour les nuls

    Hélas, les bons sentiments, aussi nobles soient-ils ne font pas toujours les grands films. Si «La Source des femmes» devrait rencontrer un franc succès public – il a été très applaudi lors de sa présentation officielle au dernier Festival de Cannes, le nouveau long métrage de Radu Mihaileanu («Le Concert») souffre d’un trop-plein d’intentions et d’un scénario en roue libre – personnages caricaturaux, Deus ex Machina grossier, dialogues surlignés.  

    Dans ce Coran expliqué pour les nuls, il y a pourtant un cœur qui bat, celui de la belle Leïla, jeune femme amoureuse, bien déterminée à faire bouger les lignes et les culs des hommes attablés à la terrasse d’un café. Dans le rôle de cette révolutionnaire au caractère bien trempé, une formidable actrice, Leïla Bekhti. César du meilleur jeune espoir féminin pour «Tout ce qui brille», la native d’Issy-les-Moulineaux confirme dans «La Source des femmes» qu’elle est bien la grande actrice française de demain, dont le sourire et le charme font tourner la tête des hommes, mais qui cache en elle – comme dans «Tout ce qui brille» - de la rage et de la mélancolie.

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