• Belkacem Hadjadj, cinéaste algérien

    Belkacem Hadjadj, cinéaste algérien

    « L’improvisation au cinéma est devenue une règle chez nous »

    Algérie

    Belkacem Hadjadj, cinéaste algérien

    Le cinéaste Belkacem Hadjadj a animé le week-end dernier un atelier débat sur le découpage technique du scénario et sur l’adaptation des œuvres littéraires au 7ème art, à la faveur des 2èmes Journées cinématographiques de Saïda, en Algérie.

    Le journal El Watan a rencontré le cinéaste.

    « En règle générale, il faut un bon scénario pour faire un bon film. On peut avoir un bon scénario et rater le film, mais on ne peut pas avoir un bon film sans scénario. Il y a des cinéastes qui ne passent pas par le scénario pour élaborer des œuvres. C’est une exception. On n’improvise pas dans le cinéma et je le dis avec colère. L’improvisation au cinéma est devenue une règle chez nous, cela fait d’énormes dégâts. C’est du gâchis à tous points de vue. L’étape du scénario est extrêmement importante, capitale. Elle permet au cinéaste de faire des efforts avant qu’il ne soit trop tard. Quand on est sur le plateau, c’est fini !», a-t-il martelé.

    Le débat s’est ensuite élargi à la situation actuelle du cinéma en Algérie. « Dans n’importe quel pays, le cinéma existe à travers une production permanente et un contexte. Il faut qu’en amont, il y ait de la matière première. C’est à dire des théâtres, des comédiens, des gens qui écrivent. Quand un cinéaste arrive, il sait qu’il y a des comédiens et des scénaristes à qui il peut s’adresser. Quand il va commencer à tourner un film, il trouvera les gens dont il en a besoin, comme les régisseurs, il va trouver les moyens pour terminer son film à la fin du tournage. Et, une fois le film prêt, le cinéaste sait que des salles existent où sa production sera projetée. Ce contexte-là, n’existe pas partout malheureusement », a-t-il constaté.

    Il a estimé qu’en Europe ou en Amérique du Nord, des centaines de films sont produits chaque année. « Mais les films qui émergent, ceux que nous verrons plus tard, sont les meilleurs. Tous les films produits par les Français ou les Américains ne sont pas bons. Cette production de films permet toutefois l’émergence de génies. Le problème en Algérie, c’est qu’il n’existe pas de production. Celle-ci est réduite à trois ou quatre films par an. On ne peut pas avoir plus. Sans production, comment voulez-vous que des génies apparaissent chez nous ? », s’est-il demandé. Selon lui, le Maroc a adopté une véritable politique de production de films.

    « Une volonté politique existe dans ce pays. Il ne s’agit pas de donner de l’argent, comme on le fait ici, pour faire du cinéma. Le Maroc a compris qu’il faut d’abord mettre en place un contexte pour relancer le 7ème art. Deux ou trois écoles de cinéma ont été ouvertes. Les Marocains ont mis en place une mécanique de production de films étrangers qui, non seulement, leur assurent des rentrées d’argent, mais des formations pour les jeunes qui terminent leurs études. Les producteurs étrangers sont obligés de prendre des stagiaires marocains. Et dès qu’on se retrouve avec une équipe américaine, on apprend à tous les coups. En plus, il existe plusieurs festivals de cinéma au Maroc. Des studios ont été construits aussi. Cela s’appelle une politique de production. C’est ce qui manque chez nous ! », a souligné Belkacem Hadjadj.

    Il a relevé que malgré la faiblesse de la production cinématographique algérienne, des films arrivent à décrocher des prix dans les festivals à l’étranger. « Je dis bravo ! Car, ce n’est pas évident. On ne peut pas faire de la politique avec le cinéma. Par exemple, on donne de l’argent parce qu’on célèbre le cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Cela tue le cinéma. Car, il n’y a pas de production, pas de techniciens, pas de formation. Quand on donne de l’argent pour produire dix films, il sera difficile de trouver des techniciens pour assurer la fabrication. Les cinéastes seront forcés de prendre n’importe qui pour respecter leurs engagements. De faux régisseurs vont se prendre alors pour de vrais techniciens. Ils auront des repères et des normes qui ne sont pas professionnels. Aujourd’hui, dans le cinéma algérien, les vrais professionnels sont noyés dans le bricolage », a estimé le réalisateur d’El Manara.

    Il a appelé à un engagement citoyen en faveur du cinéma. « Si chacun, dans cette société, œuvrait pour ce qu’il aime, les choses iraient mieux. C’est facile de se lamenter dans les cafés. Mais, c’est tellement mieux de déployer des efforts pour faire quelque chose quelle que soit la qualité de ce qui est entrepris », a plaidé Belkacem Hadjadj.

     

    Source : El Watan

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