• Tunisie Deuxième concours de courts métrages

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    Deuxième concours de courts métrages

    Quand on n’a que l’amour…

    Quand on n’a que l’amour…

    7 courts métrages nous prouvent qu’il y a des tas de films qu’on peut faire sur le couple et deux d’entre eux gagnent le concours. Il s’agit de Chouf, un documentaire, et Tandem, un film d’animation.

    Tout est bien qui finit bien. Mad‘Art Carthage était archi-comble en cette soirée du samedi 10 octobre 1014, à l’occasion de la clôture du deuxième concours de courts métrages, organisé par le Goethe institut et l’Institut français de Tunis, sur le thème du «Couple».
    Les amis, les camarades d’école, les familles et quelques professionnels du cinéma sont venus applaudir ces cinéastes en devenir, qui ont travaillé dur depuis le mois de mars dernier, pour réussir ce concours doublé d’une formation en matière d’écriture de scénario, de production, de préparation de tournage, de réalisation et de postproduction. 
    Après les allocutions «sympathiques» de leurs Excellences, les ambassadeurs de France et d’Allemagne, et les propos prononcés par la directrice du Goethe et le directeur de l’IFT, résumant toute l’aventure de ce concours qui a pour but de promouvoir le court métrage tunisien et les nouveaux talents, on a remis les diplômes aux étudiants. Walid Tayaa, cinéaste professionnel, qui avait endossé le rôle de présentateur de la soirée, a par la suite, cédé la scène aux films tant attendus. 

    Ça n’arrive pas qu’aux autres
    Le coup d’envoi a été donné par Face à la mer, de Sabry Bouzid, étudiant à l’Isamm (Institut supérieur des arts multimédias de La Manouba). La trame de ce court métrage de 20 minutes, tourne autour d’un homosexuel qui n’ose pas révéler sa différence à sa sœur, son unique famille. Le choix du sujet est courageux. La manière de filmer cette scène d’amour, du couple homosexuel, aussi. Les non-acteurs —surtout— sont justes et convaincants. Mais au lieu de s’installer dans la psychologie de ses personnages, l’auteur a fait un traitement «sociologique», laissant libre cours aux clichés. Et, au lieu de bouleverser nos croyances, le propos apparaît comme évident. 
    Le deuxième film est un documentaire de 26 minutes. Il s’agit de Condamnés à l’espoir, de Youssef Ben Ammar, étudiant à l’Edac (Ecole des arts et du cinéma). Le sujet est d’actualité brûlante. Il met en images, un couple dont le jeune fils de 16 ans, s’est soudain transformé en intégriste pur et dur, et a fini par partir, en Syrie, rejoindre les jihadistes. Le film commence dans la chambre du fils, dont il ne reste que les anciens vêtements sportifs et modernes, révélant un caractère autre du jeune garçon. Puis, il plonge dans le quotidien triste des parents. Ces derniers se confient à la caméra, dans de chaudes larmes, accusent les coupables et veulent comprendre le bénéfice qu’il y a dans la vie à admettre la déraison. Le couple ne baisse pas les bras pour autant. Il s’en va en ville, manifester son désarroi, avec pour seul bagage le portrait de l’adolescent. Mais il y a quelque chose qui dérange énormément dans ce film : l’utilisation de la musique à outrance. L’auteur pouvait en dire mieux et plus avec l’image, les bruits de la cité ou le silence. En forçant le trait, Youssef Ben Ammar a raté de prés son propos qui ne peut être que le suivant : «ça n’arrive pas qu’aux autres!». 
    Tandem, de Chedy Turki et son équipe, étudiants à l’école Net info, est d’un autre genre. C’est un film  d’animation qui ne dure que 4 minutes, mais auquel on s’identifie dès la première image. Il s’agit de deux mondes ennemis, l’un noir et l’autre blanc, dominés par une tour et un chevalier. Sur le grand échiquier, deux pions, jusque-là manipulables, décident de transgresser les règles établies, en essayant de se rapprocher. Ensemble, ils imaginent une vie toute en couleurs, toute en nuances. Mais lorsqu’on les empêche de rêver, ils se révoltent, entraînant la foule.
    Belle métaphore qui secoue le spectateur confortablement endouilletti dans son fauteuil et dans ses certitudes. Nous étions ravis par ce joli film qui porte haut sa bonne tête de printemps. 

    Seuls au monde
    Charlie Kouka, étudiante à l’Isamm, quant à elle, a tenté une approche périlleuse : le film musical. Un parti pris qui ne se défend pas tellement. Les chansons à l’eau de rose frôlent le ridicule. C’est à croire que les films égyptiens «délavés» de la fin des années 70 sont des chefs-d’œuvre. Mais le mérite revient à Charlie dans sa façon de filmer ces deux solitudes. 
    Lui, seul, tente d’entrer dans une boîte de nuit «couple est exigé». Elle, seule, attend. 
    Lui, joue le crétin antipathique avec une candeur troublante. 
    Elle, paumée, exprime une souffrance qu’elle a du mal à cacher. 
    Les deux contredisent chaque chanson par leur jeunesse accablée. Les murs tagués et les lumières écrasantes ajoutent du sens à cette atmosphère dangereuse de grande ville. Couple exigé, est la promesse d’une réalisatrice de talent.
    Mais voilà une autre fiction qui traite du thème du couple d’une manière assez originale. Il s’agit de 1+1=1, de Khalil Baraket, étudiant à l’Isamm. Ce court métrage raconte l’histoire de Farid, un solitaire qui voit le monde à travers l’objectif de sa caméra. Avant de rencontrer la belle rousse, Farid court les rues, arborant sa caméra comme une griffe, et fixant l’objectif sur ses pieds. Une fois rentré à la maison, le jeune homme plonge dans l’écran de l’ordinateur, revoit ses images filmées et n’écoute pas sa mère quand elle lui parle. Lorsque la rousse s’impose dans le cadre, Farid évolue. Il sort de son «autisme» et lève sa tête et sa caméra pour découvrir le monde. Il voit la vie normale et tous ces gens qui passent et repassent, en dépit de tout. Comme quoi, l’amour fait des miracles !
    Dans Farés, une fiction de 14 minutes, Raya Bouslah, également étudiante à l’Isamm, a fait ce qu’elle pouvait pour animer un personnage principal qui ne met guère en valeur le thème du couple. L’auteure s’est laissée prendre par «un autre film», celui de l’ami imaginaire. On a du mal à comprendre le lien entre cette femme stressée et visiblement malheureuse dans son couple et cette autre femme qui retrouve la maison de son enfance et le souvenir de Farés, l’ami imaginaire.
    L’astuce scénaristique ne tient pas la route pour que le personnage principal prenne conscience de ce qu’il est devenu : une femme sans âme et une mère indigne.

    De l’amour plein les yeux
    Pour finir, on nous a projeté un documentaire de 26 minutes intitulé Chouf  (Regarde) d’Imen Dellil de l’Isamm. Ce film nous a agréablement surpris. L’auteure avait l’air nourrie de cinéma du réel. Sa caméra a cohabité avec un couple de non-voyants, marié par amour, pour le meilleur et pour le pire. 
    Le pire, c’est, bien entendu, le handicap et les conditions difficiles dans lesquelles vit le couple. La maison est complètement délabrée et Belgacem est contraint de se débrouiller comme il peut pour prendre en charge sa famille. Il vend des sacs en plastique dans les marchés, tandis que Naouel, son épouse, s’occupe des tâches ménagères et de leurs deux enfants voyants, Hamza (2 ans) et Melek (5 mois). Elle aussi, se débrouille, comme elle peut, pour protéger ses enfants qui sont craquants et qu’elle ne voit pas.
    Mais le meilleur, c’est l’amour qu’ils s’offrent en partage. Dans cette famille, on rigole du fond du cœur, malgré l’envers du décor. On déclare son amour et on embrasse son enfant fougueusement.
    A aucun moment la misère n’est soulignée. Il n’y a pas non plus de questions réponses, de plaintes, d’interminables récits mélo ni de musique dramatisante. L’auteure connaît trop bien ses personnages pour les laisser vivre tous leurs scénarios de vie, dans le «son sale» du foyer et celui du quartier. Le film est nature. Il est écrit avec un début, un milieu et une fin. Signe d’une volonté de perfection. Signe d’une passion pour le cinéma. Ce film est largement international. Il a bien mérité le prix du deuxième concours du court métrage. 
    Car après Chouf, on nous a annoncé le palmarès. Un deuxième prix a été accordé à Tandem par le jury composé de Sofiane Fani (directeur photo), Khaouthar Ben H’nia (réalisatrice) et Ons Ben Abdelkarim (représentante de l’association El Bawssala).
    L’équipe de Chouf s’envolera le 10 novembre prochain pour Berlin, assister au Festival international du court métrage «Inter film».
    Quant à l’équipe de Tandem, elle ira en France au mois de janvier 2015, pour le Festival international du court métrage à Clermont-Ferrand, le plus grand événement consacré au genre dans le monde. 

    Auteur : Souad Ben Slimane

    Ajouté le : 15-10-2014

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