• Roland Timsit. Comédien et metteur en scène

     

    Roland Timsit. Comédien et metteur en

     

    scène : «je dis aux donneurs de leçons ‘‘bas

     

    les pattes devant l’Algérie’’»

     

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    le 12.08.13 | 10h00 6 réactions

    | © D. R.
     

     

    Avignon de notre envoyé

    -Pouvez-vous nous dire un mot de la pièce La Carte du temps présentée à Avignon ?

    L’idée de la pièce, c’est de déterritorialiser ses personnages, qu’ils soient palestiniens, israéliens, irakiens. L’auteure, Naomi Wallace, les place dans des endroits où ils ne trouvent pas d’habitude et, dans ces situations, ils sont amenés à vivre des choses hors de leur ordinaire pas facile. Les gens qui ont vécu de grandes tragédies ne se lamentent pas, ils restent très dignes, avec un peu d’humour noir parfois. Les gens qui ont des fêlures n’accusent pas les autres, ils ne sont pas dans la plainte, pas dans l’accusation. Ils sont tellement abîmés à l’intérieur qu’ils sont obligés de vivre autrement, avec distance.

    -Quel regard portez-vous sur le Monde arabe et les révolutions depuis 2011 ?

    Ces révolutions, je crois qu’on ne peut pas toutes les mettre sur le même plan. Par exemple, il se passe sans doute quelque chose de fort en Egypte ou en Tunisie. En Europe, on a vite dit que l’islamisme avait gagné, mais les derniers événements dans ces pays montrent que des manifestants se soulèvent contre ces excès. La Syrie, c’est différent, c’est catastrophique. Les peuples n’aiment pas les missionnaires armés, comme le disait Robespierre. La souveraineté des peuples, c’est quelque chose qu’il faut conserver. Ce n’est à personne de dire comment doivent vivre les peuples, libyen, syrien, égyptien, tunisien. Et j’ai un message à destination de l’Algérie! Il faut préserver l’Algérie, et sa souveraineté doit être garantie. Avec tout ce que j’entends, je dis aux donneurs de leçons ‘‘bas les pattes devant l’Algérie, bas les pattes devant l’Algérie !’’. Je vous le dis sur ce que j’ai de plus cher. Que personne ne vienne imaginer de faire des plans d’ingérence soit disant pour lutter contre l’islamisme ou la tyrannie. C’est aux Algériens  de régler leurs problèmes, l’Algérie appartient aux Algériens et je ne veux pas de troupes étrangères en Algérie, et je serais le premier à défiler en France contre. Dites-le bien !

    -L’humain est au cœur de la dimension théâtrale, il est aussi au cœur de la vie elle-même, non ?

    Ma mère est née en petite Kabylie et lorsque dans les années 1930 sa sœur aînée s’est mariée, elle était sur un petit âne, et devant l’église le curé l’a bénie, puis devant la mosquée l’imam et ensuite devant la synagogue. La semoule que mon grand-père livrait, personne n’allait dire si elle était juive, chrétienne ou musulmane.

    -Vous allez travailler sur les carnets de Daniel Timsit, votre grand oncle. Pourquoi ?

    Oui je compte monter les Récits de la grand patience, ouvrage publié aux éditions Bouchène. Daniel Timsit* était un membre actif au FLN, il a fait plus cinq ans de prison pour ça. Il était si attaché à l’Algérie qu’il s’est fait enterrer avec son burnous. Il a fait partie du premier gouvernement algérien indépendant. Il a écrit de nombreux textes, dont les carnets de prison. Et j’aimerais beaucoup jouer ce texte en Algérie, lorsqu’il sera monté.



     
     

    Distance et implication

     

    Conçue sous forme d’un triptyque, la pièce La Carte du temps met en «contact» scénique des Israéliens, des Palestiniens et un Irakien.
    Face à la haine, sentiment très (in-)humain dans des situations d’injustice et de mort, l’auteure, Naomi Wallace, traque avec une dérision qui frôle l’humour noir l’humanité d’êtres ordinaires,-en fait nous tous-, placés au point limite où la vie même perd tout sens commun. Nous l’avons vécu dans la décennie noire en Algérie, d’autres populations y sont à ce jour plongés. Et pas seulement au Moyen-Orient !
    Loin de la désespérance, les personnages, dans le ton qui convient de distance et d’implication, deviennent tour à tour pétulants, fantasques, tragiques, drôles et bouleversants. Jouée au Théâtre des halles à Avignon, elle est interprétée avec émotion et humour par les talentueux David Ayala, Charles Gonzalès, Dominique Hollier, Daniel Martin, Thibault Mullot, Afida Tahri, et Roland Timsit qui a mené une mise en scène précise et dynamique.

     

    Walid Mebarek
    « filmJuste un mot : »
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