• On y est: La Mostra de Venise, jour 1

    On y est: La Mostra de Venise, jour 1

    31/08/2013 | 17h12
    The Canyons de Paul Schrader

     

    La plastique refaite de Lindsay Lohan, le film putassier de

     

    Stephen Frears, l’étonnant “Night Moves” et le pensum

     

    prétentieux “La Femme du policier”: on est à la Mostra de

     

    Venise et on vous raconte.

    Ça commence mal, avec The Canyons de Paul Schrader, hors compétition, dont on parlait beaucoup à Paris (scénario de Brett Easton Ellis, Lindsay Lohan et l’acteur X James Deen au casting…). C’est vraiment ce qu’on appelle un “film pour critique”, un truc longuement analysable qui manie et mélange plusieurs concepts et thématiques. A part ça, The Canyons est un film formellement très laid, mais tout le monde s’en fiche (“C’est fait exprès”, m’a dit une consœur). Ça commence mal (ou plutôt bien pour les critiques): des plans de salles de cinéma à l’abandon aux États-Unis. Aïe, attention, message ! Ensuite, le film récite par cœur et sans vergogne tous les tics d’Easton Ellis : roman noir, manipulation, dope, fric, cynisme, tueur malin et sadique. “C’est super, on se croirait dans un de ses romans”, m’a affirmé un confrère. Les critiques féministes y voient déjà un portrait cruel de l’homme moderne, son art de la manipulation (nous sommes tous des pervers narcissiques), sa bisexualité fondamentale (“Tous les hommes sont gays”, se réjouissait une amie). Gus Van Sant y joue un psy et toute la salle riait (je n’ai pas compris pourquoi). Les critiques se laissent aussi fasciner par Lindsay Lohan, 24 ans en paraissant 48, par sa plastique (c’est le cas de le dire) de femme charcutée par la chirurgie esthétique – le signe d’une société fragilisée et abîmée dès le berceau. D’autres, parce que Paul Schrader est le réalisateur, y voient un film de moraliste sur la sexualité moderne, l’échangisme, la pseudo-liberté sexuelle, puisque tout le monde y couche avec tout le monde (et alors, où est le problème si tout le monde est content ?). Ou une parabole sur le cinéma, devenu incapable de faire autre chose que de répéter les mêmes figures mortes et de tomber dans un post-post-modernisme accablé et vain.

    Personnellement, je n’y ai vu qu’une manière très maladroite, sans cœur et sans talent, de traiter de sujets passionnants et à la mode pour se faire mousser. Schrader a des pattes d’éléphants et s’y prend extrêmement mal pour exprimer des idées qui semblent quand même un peu le dépasser. On dirait un vieux film qui fait exprès de le paraître tout en s’en flattant. Eurk.

    La Femme du policier, film allemand de Philip Groning, en compétition, raconte en une bonne cinquantaine de chapitres, la descente aux enfers d’une femme de flic battue par son mari. Ça dure près de trois heures, le premier chapitre commence par “Début du chapitre 1″ et se clôt par “Fin du chapitre 1″. Puis le suivant commence par “Début du chapitre 2″ et ainsi de suite. On s’en agace très vite. Le réalisateur aurait récolté le témoignage de plusieurs femmes battues pour aboutir à ce pensum prétentieux et chichiteux. Certains critiques français trouvent que la troisième heure est meilleure. D’autres ne voient pas la différence. Les derniers affirment que le film marche “à la durée”, comme on dirait “à la fatigue”. Groumph.

    Night Moves de Kelly Reichardt : très attendu, le nouveau film de Kelly Reichardt (Old joy, La Dernière piste), interprété notamment par Jesse Eisenberg, confirme le grand talent de la cinéaste américaine, qui tente et parvient toujours, film après film, avec une économie de vocabulaire cinématographique époustouflante, à nous raconter des histoires singulières. Le film raconte l’histoire de trois militants écologistes qui décident de commettre un attentat pour défendre leur cause. Mais tout va se compliquer. Entre le film sociétal et le film noir, Night Moves est un film vraiment étonnant. Certains critiques y voient une sorte d’analyse des fonctionnements mentaux du terrorisme (mouais, c’est un peu trop évident pour être cela), mais il est possible que ce soit en réalité un film entièrement consacré à la paranoïa, sous-entendant qu’il est impossible de sauver le monde si l’on oublie l’humain. A ce jour, il semblerait que tous les spectateurs du film aient été un peu déçus par la fin du film (c’est aussi mon cas). Laissons encore mûrir le film, il le mérite. Les films de Reichardt sont longs en bouche.

    Philomena de Stephen Frears est le premier film franchement putassier qu’on ait pu voir ici. “Inspiré de faits réels” (un jour, je déciderai de sortir de la salle dès qu’un film commencera par ces mots), il raconte l’histoire d’une vieille dame irlandaise (Judi Dench, très mauvaise, comme souvent) qui veut retrouver son fils. Ce dernier, sans père, lui a été arraché lorsqu’elle était adolescente par les horribles bonnes sœurs de l’orphelinat où elle était pensionnaire. Les charmantes nonnes prenaient 1000 dollars au passage en vendant les enfants à des couples américains. Philomenava découvrir que son fils a travaillé avec Reagan et Bush, mais qu’il est gay… Frears ne se foule pas la rate, met des violons et de fausses images en super 8 partout pour nous faire pleurer sur ce théâtre de boulevard social bourré de répliques “hilarantes”… La vieille dame, aidée par un journaliste britannique peu scrupuleux, athée mais sorti d’Oxford, finira par découvrir la réalité et trouver un réconfort dans l’idée que son fils est toujours resté fidèle à ses origines irlandaises – on se console comme on peut. Une horreur stupide, saluée chaleureusement par les applaudissements de la presse internationale. A suivre.

    le 31 août 2013 à 17h12
    « La Mostra de Venise, jour 2 : Miyazaki, le héros et le Zero70e Mostra de Venise: les films à ne pas rater »
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