• Supplément au Cahier des Ailes du Désir 11 CLOSE-UP, découpage en séquences

    Supplément au Cahier des Ailes du Désir 11

    CLOSE-UP, découpage en séquences
    Dans la mesure où Close-up est un film difficile à voir aujourd’hui, ce découpage un peu détaillé, permettra à chacun de situer les éléments analysés par ailleurs par Stéphane Goudet et Claire Labastie. 
    Après le titre de chaque séquence sont indiqués en italiques le statut donné à l'image, éventuellement son origine et précisé les sens du raccord avec la séquence précédente.S1 Prégénérique, extérieur-rue, puis intérieur-voiture, puis extérieur-ruereconstitution, fausse objectivité
    .

    Un journaliste, FARAZMAND, de SORUH MAGAZINE accompagné de deux soldats, va couvrir l’arrestation d’un homme qui se fait passer pour le cinéaste Mohsen MAKHMALBAF, dans la maison de la famille AHANKHAH dont il demande l’adresse en chemin.
    Arrivé devant la maison, le journaliste y pénètre laissant dans la voiture, les soldats et le chauffeur discuter de leur vie, de la guerre et du chômage. Le maître de maison vient chercher les deux soldats. Resté seul, le chauffeur occupe son temps comme il peut : il va garer sa voiture, en ramassant des fleurs sur une décharge, il laisse tomber une bombe d’insecticide qu’il pousse du pied et la caméra suit la trajectoire de l'objet sur la chaussée. De la maison sortent le journaliste, les soldats et un prisonnier, accompagné de monsieur AHANKHAH et de son fils. Le journaliste photographie, s’agite, oublie sa sacoche, emprunte de l’argent au père pour payer le taxi, sonne chez les voisins à la recherche d’un magnétophone que le fils finit par lui procurer. Il part en donnant un coup de pied dans la bombe d’insecticide qui se met à rouler à nouveau. Générique sur des rotatives en action, titre Close-up, arrêt des rotatives sur le titre de l’article : Bogus Makhmalbaf arrested

    S2 extérieur-jour cour de caserne 
    A la manière d'un film enquête, en direct

    Dans une cour de caserne, une voix off — celle de Kiarostami — demande à rencontrer l’officier responsable. Le soldat appelle l'officier qui vient se placer au centre du cadre déterminé par la voix ; celle-ci interroge sur l'affaire, que vient de relater Sorush magazine. L’officier envoie un soldat chercher le dossier et l'on reconnaît l’un des deux soldats de la séquence1.
    Kiarostami interroge ce soldat sur les conditions de l’arrestation (comme si son point de vue était totalement étranger à celuide la séquence 1). L’officier donne à Kiarostami l’adresse de la maison.

    S3 Intérieur-jour, salon de la famille AHANKHAH
    Suite chronologique, film enquête

    Monsieur AHANKHAH, sa femme l"gèrement en retrait à ses côtés, s’adresse à “monsieur Kiarostami”, qui conserve par sa voix off, la position de l’enquêteur. Le père dénonce les mensonges de la version peu flatteuse pour la famille des faits proposée par Sorush magazine tandis que le fils se défend d’avoir été abusé. Kiarostami explique qu’il est venu pour les entendre parler de Sabzian, actuellement retenu dans la prison de GHASR.

    S4 Intérieur-jour, prison
    Suite chronologique, film enquête

    Visite de Kiarostami à Sabzian, (filmée par Makhmalbaf, dit-on) : Kiarostami de dos, s’entretient avec Sabzian, dans un coin de couloir très passager (face à face et proximité de la longue focale).

    S5 Intérieur-jour, bureau du juge
    Suite chronologique Film enquête

    Un fonctionnaire ne peut pas répondre aux questions sur le cas Sabzian posées par la voix off d’un assistant. Il ne se souvient plus de l'affaire, en raison du grand nombre de dossiers qu'il a en charge … Il renvoie pour l’accord de tournage à la décision de HAJ AGHA. Un panoramique droite/gauche fait passer du secrétaire vers le Haj, le juge installé à son bureau, devant la fenêtre. Une seconde voix, celle de Kiarostami remplace la précédente quand il est question de la date du procès. Le juge conteste l’intérêt “cinématographique” de cette affaire. Selon lui, il a des cas plus intéressants où les charges sont plus lourdes que dans celui-ci (19 000 tomans extorqués par Sabzian pour prendre un taxi, et usurpation d’identité…). Le juge est d’accord pour que le procès soit filmé mais l’autorisation ne dépend pas de lui, elle dépend du Ministère de la Justice…

    S6 Intérieur-jour, le procès, salle d’audience 
    Escamotage des autorisations à obtenir, puissance du cinéma…
    Mixte, procès en direct et procès ajouté1 

    D’après les sous-titres : “Scène 1, prise 1, law courts, 1Oth decembre”, d’un film, qui ne s’appelle pas encore Close-up.
    Ce n’est pas le juge qui parle en premier mais Kiarostami, off, pour demander à Sabzian s’il est d’accord pour être filmé. Kiarostami fait référence à la visite à la prison de la séquence 4. Il explique à Sabzian quel matériel sera utilisé, Sabzian regard gauche-cadre, vers Kiarostami,pour dire qu’il accepte d’être filmé afin dit-il "d'avoir un public”. 
    Quand Sabzian s’adresse au juge, il regarde droite-cadre. Le partage de positions : Kiarostami gauche-cadre et le juge-droite cadre restera identique dans toutes les séquences du procès. Caméra et juge sont les deux autorités en place, la caméra pour faire comprendre ce qui est difficile à expliquer…
    Le regard de Sabzian va de l’une à l’autre de ces deux autorités.
    Après cette présentation par Kiarostami, le procès peut commencer et le juge jouer son rôle. Le juge donne la parole au fils 
    Sabzian a été arrêté grâce à la vigilance de mon père dit le fils.

    S7 Intérieur-jour, dans le bus 
    Flash back qui fait passer de la vigilance du père à la “faute” de la mère.
    reconstitution, fausse objectivité

    Sabzian s’assied, puis madame AHANKHAH à côté. C'est elle qui l'interroge sur le livre qu'il lit : Le cycliste. Sabzian offre le livre à sa voisine alors qu’elle demandait où il l’avait acheté. Il dit qu’il l’a écrit. “Vous êtes monsieur Makhmalbaf ?”dit la mère. Oui, répond Sabzian. La fille de madame AHANKHAH est assise sur le siège derrière celui de sa mère. Échange de propos sur le cinéma… Si le réalisateur prend les transports en commun c'est pour avoir des idées de film. Sabzian demande au chauffeur du bus de s’arrêter2. Il descend, dans un geste de fuite ou d’évitement, après avoir pris le numéro de téléphone de la dame, qui manifeste l’espoir de le revoir

    S8 Intérieur-jour, salle d’audience du procès
    Où est la faute ? Etre pris ou se faire passer pour un autre ? 

    Procès avec le juge
    Interrogation de Sabzian par le juge, puis échange entre le fils et le juge.
    Légalement c’est une faute, mais moralement ? demande Sabzian
    Au juge Sabzian explique que Makhmalbaf est un grand cinéaste parce qu’il peint les douleurs des pauvres, ceux qui souffrent, comme dans Le mariage des bénis. Sabzian se sent aussi comme le garçon du film de Kiarostami, Le passager, capable de tromper ses amis3. 
    Le fils rentre dans le détail des sommes empruntées par Sabzian et se souvient que le scénario de Sabzian se terminait ainsi : "Un homme qui a de l’argent en prête à un autre et c’est le début d’une grande amitié". Pour le fils, c’était un plaisir de prêter de l’argent au faux Makhmalbaf, un homme important aussi modeste.
    Sur l’image du juge à son bureau, on passe aux questions de Kiarostami, c’est-dire au “procès-ajouté”, tourné sans le juge.
    Procès-ajouté. Kiarostami interroge Sabzian sur la difficulté d’être un autre, sur le bénéfice de faire du cinéma, ce qui donne la puissance sur les autres, la confiance en soi, même si le lendemain dissipe l’illusion. L’argent aide-t-il à être cinéaste ? Oui, un réalisateur ne peut être pauvre4 
    Procès avec le juge. Le second fils parle des doutes qui leur sont venus progressivement. Aller voir Le cycliste était un préparation au film à tourner : La maison de l’araignée, mais pourquoi dans une salle de la ville si lointaine. (…) Sabzian nie avoir voulu voler la famille.
    Procès-ajouté (avec plans de coupe du juge qui se gratte la joue
    intervention de la voix de Kiarostami, sur une image du juge (regard droite-cadre dans la direction de Kiarostami selon le dispositif) retour à des propos de Sabzian sur l’humilité d’un vrai réalisateur, sur la possibilité de Sabzian d'assumer de jouer le rôle de Makhmalbaf pour un public plus large que la famille AHANKHAH ?
    Procès avec le juge. La mère de Sabzian, interrogée par le juge, puis le fils aîné sur la chronologie des faits. Plan d’ensemble de la salle, panoramique depuis le juge de profil droite-cadre, jusqu’au public et retour, deux fois. Ce panoramique capte le preneur de son dans le contre-jour et une caméra sur pied. Il authentifie le décor et le filmage en direct du procès “réel”.

    S9 Intérieur-jour, maison des AHANKHAH (en boucle avec S1) 
    flash-back
    reconstitution, fausse objectivité

    Le père, raconte à un ami, monsieur MOHSENI, quand et comment il avait tout compris, à partir de quels indices (Sabzian ignorait le prix décerné au Cycliste à Rimini, la couleur des cheveux, le projet d’aller en montagne…)
    Arrivée de Sabzian et du fils en moto dans le jardin, masqués par les arbres, que le faux Makhmalbaf voulait faire abattre. Discussion entre monsieur AHANKHAH et Sabzian, la mère lui propose un petit déjeuner. Discours de Sabzian sur la nature, sur l’amour du travail…
    La sonnette, enclenche l’attente sur le visage de Sabzian, arrivée du journaliste. On a fait une boucle avec S1, dont S9 est le hors champ. Le père et journaliste sortent, Sabzian reste seul. Pris au piège, il observe les mouvements à travers le rideau de la fenêtre. Les soldats traversent le jardin, à la suite du père. Un travelling suit leur entrée dans la pièce, arrestation en fond de plan, pendant que le journaliste photographie à l’avant plan, droite-cadre. Le journaliste dit qu’il a besoin d’un magnétophone. 
    L’ami resté seul regarde par la fenêtre le groupe traverser le jardin, le journaliste prendre des photos.

    S10 Intérieur-jour, salle d’audience, procès
    sur l’appareil photo que le journaliste tient sur ses genoux

    Procès avec le juge
    En réponse au juge, Sabzian dit regretter d’avoir joué avec les sentiments de la famille, il n’a jamais eu l’intention de les voler. Au juge qui demande si la famille pardonnerait, le fils répond non. Il ne peut pas pardonner car selon lui, Sabzian joue maintenant un autre rôle. Y-a-t-il eu d’autres victimes ? Le même fils demande au journaliste s’il a eu vent d’autres plaintes après parution de l’article dans le magazine (.…)
    Le juge interroge Sabzian sur son métier, le jour de la rencontre dans le bus, Sabzian avait faim, il espérait une invitation à déjeuner
    Procès ajouté regard gauche-cadre de Sabzian
    Sabzian raconte que le matin du dernier jour, il avait deviné qu’il serait démasqué mais il ne pouvait pas s’empêcher de continuer à jouer Makhmalbaf auprès de la famille. Jusqu’où voulait-il aller dans son rêve ? Aussi loin que la famille aurait voulu. 
    Procès avec le juge. Le fils parle des soupçons de la famille…
    Etes vous marié demande le juge ? La mère témoigne de la vie de couple, du divorce de Sabzian, pendant qu’à l’image le journaliste polit son objectif. 
    Procès ajouté. Sabzian, en réponse à la caméra, vide son âme sur sa souffrance que personne ne veut entendre, et son admiration pour le courage de celui qui entend cette souffrance et en parle dans ses films. 
    plan de coupe du juge qui semble aquiescer à la question de Kiarostami. 
    Êtes-vous meilleur acteur ou réalisateur ? Jouer c’est porter la souffrance, la partager selon Sabzian. Est-ce que vous jouez devant la caméra, là maintenant ? Que faites-vous là maintenant ? Je parle de ma souffrance, ce n’est pas jouer plans de coupe du juge. Citation de Tolstoï. Pourquoi avez-vous prétendu être réalisateur plutôt qu’acteur ? Quel rôle voudriez-vous jouer ? Le mien dit Sabzian.
    Procès avec le juge. Le juge récapitule les charges. Sabzian demande à la famille un pardon qui soulagera son âme. Il promet de ne plus recommencer. Le juge demande à la famille AHANKHAH de pardonner à Sabzian. Sur le visage incliné-soumis de Sabzian en gros plan, voix off du père, puis de son fils. Off puis in MERHDAD suit la clémence de son père en allégant les circonstances atténuantes que sont le chômage et les conditions de vie difficiles. La famille retire sa plainte.

    S11 Intérieur-jour, voiture, devant la prison, puis trajet en ville
    Toute puissance de la parole, libération de Sabzian

    Épilogue, réalisation du désir de film de Sabzian : "deux hommes sur une moto".
    Reconstitution faussée, à la manière du film d’enquête, pseudo direct
    De l'intérieur d'un véhicule à l'arrêt, en longue focale, un panoramique à travers le pare-brise suit et perd un piéton. Son haché, en pseudo direct, l'équipe commente les ratés de la prise : “on peut pas la refaire !” dit la voix de Kiarostami. A l’arrière plan, masqués par le passage des automobiles, “les deux Makhmalbaf” se rencontrent et s’étreignent. “Ne pleure pas !” dit le vrai. “Tu préfères être Sabzian ou Makhmalbaf ?” demande le vrai ”Je suis souvent fatigué d’être moi”… 
    Ils montent sur une moto, on les suit en voiture, à travers un pare-brise brisé en étoile. Coupures de son. Ils achètent des fleurs, Sabzian n’a pas choisi la bonne couleur…, Ils repartent, on les suit encore depuis la vitre latérale du véhicule. Début de la musique d’accompagnement, sur la poursuite des deux hommes en moto, à travers un pare-brise — qui n’est plus étoilé.

    S12 Extérieur-jour devant la maison AHANKHAH 
    De l'autre côté du pare-brise ,voiture arrêtée
    Reconstitution, fausse objectivité

    Fin de la musique. Arrivée de la moto, son synchrone,Sabzian s’avance seul à la grille, les fleurs à la main. Sonnette, il dit son nom, puis son “faux nom”, pour se faire reconnaître. La porte reste muette. Sabzian pleure. Le vrai Makhmalbaf, sonne à son tour, confirme sa présence, et en attendant rappelle à Sabzian qu'il a passé cette porte pour la première fois 40 jours aupravant. Le père ouvre la grille, embrassade avec le vrai Makhmalbaf. Embrassade aussi, mais plus réservée entre le père et le faux. Sabzian s’est excusé, Sabzian est pardonné. Le vrai Makhmalbaf demande au père de regarder Sabzian autrement. Si Dieu le veut, “on sera fier de lui”, répond monsieur AHANKHAH. Réconciliation sur le pas de la porte. Musique sur une image figée de Sabzian, profil droite-cadre, “appuyé” sur les fleurs qu'il tient contre lui, avec un sourire modeste, sur laquelle se déroule le générique de fin.

    MC Bénard

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