• Si M’hand OU Mhand de Ali Mouzaoui projeté à Alger Mise à plat !

    Si M’hand OU Mhand de Ali Mouzaoui projeté à AlgerMise à plat !

    C’est le deuxième long-métrage de fiction consacré au poète kabyle Si M’hand Ou Mhand, dix-huit ans après le bio-pic L’insoumis de Yazid Khodja et Rachid Benallal. Ali Mouzaoui revient donc sur le parcours exceptionnel de cette figure emblématique, mais le rendu s’avère très peu convaincant.


    Comment s’accaparer un personnage déjà romanesque, déjà « cinématographique », de par la complexité de son être, la fulgurance de sa poésie et la poétique de sa trajectoire ? Le bio-pic est un genre ardu puisqu’il s’agit de retracer plus ou moins fidèlement la vie de son sujet mais aussi réinventer ce dernier, oser une rigoureuse sélection de ce qui, dans son personnage, épousera les exigences du cinéma et, enfin, le faire revivre dans l’éternité de la création fictionnelle.


    Ali Mouzaoui (Mimezrane, Le menteur, Les ramiers blancs…) dont la filmographie est axée sur la culture berbère, approche le personnage du poète errant comme n’importe quelle figure de cette culture : lesté de sa charge symbolique et dépouillé de son épaisseur humaine !


    Théâtral de bout en bout, son film se résume à une lecture anecdotique de la vie de Si Moh U Mhand : depuis la résistance aux Français, jusqu’à sa mort, en passant par sa rencontre avec l’ange de la poésie, son voyage à Tunis et son tête-à-tête légendaire avec Cheikh Muhand U Lhocine… Campé par Djamel Mohammedi, dirigé en automate, le Rimbaud kabyle que l’on imagine charismatique, mystérieux et habité, devient devant la caméra de Mouzaoui un simple ventriloque qui parle et se meut, à l’instar des autres comédiens, comme s’il récitait un script au lieu d’incarner un personnage.


    Tout est, en effet, désincarné dans ce film déclamatoire et démonstratif à souhait : les acteurs semblent à l’étroit ; les dialogues sont soit sur-écrits, soit bancals ; le récit se déplace de l’un à l’autre, d’un lieu à un autre, d’une époque à une autre comme s’il sautait allègrement les bases les plus rudimentaires de la cohérence dramaturgique ; le montage, après s’être endormi dans la première moitié du film, cavale frénétiquement dans la seconde sans pour autant raviver un rythme déjà plombé par la théâtralité et l’absence de parti-pris.


    Le tout est filmé dans une pure logique audiovisuelle où la mise en scène se résume à une mise en espace d’un scénario qui peine à respirer et où Si Moh Ou Mhand perd peu à peu de sa dimension, de sa sauvagerie et de sa verve démente, son errance devenant une simple marche larmoyante bercée par la musique champêtre de Djaâfer Aït Menguellet, sa poésie irrévérencieuse, souvent déclamée en voix-off, se transformant en simples mots sagement alignés…


    Produit par le Centre algérien pour le développement du cinéma, Si M’hand Ou Mhand nous dit par ailleurs que dans le marasme actuel et quasi-inédit du cinéma algérien, sur fond de tarissement des subventions publiques, le ministère de la Culture a quand même les moyens de subventionner des produits destinés, au mieux, au petit écran !
    Sarah Haidar

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