• Le tresor

    Under Eighteen 1931

     
    Un film d'Archie Mayo avec Marian Marsh, Anita Page, Warren William et Regis Toomey
     
    Margie Evans (M. Marsh) est couturière dans une maison de couture chic de New-York. Elle vit dans un tout petit appartement de L'East End avec sa mère et espère pouvoir un jour monter en grade. Sa soeur (A. Page) et son beau-frère débarquent un jour chez eux ; ils n'ont plus de toit...
     
    Under 18 appartient à cette série de films Warner qui offrent des commentaires sociaux sur la vie des petites gens. Comme dans Employees' Entrance, on découvre la vie des filles mannequin qui se vendent au plus offrant pour arrondir leur fin de mois. Mais, comme le dit une de leurs collègues, elles sont tenus par leurs riches amants qui ne leur donnent pas un cent en argent de poche. Le rôle principal du film est une jeune fille innocente et naïve qui regarde tout ce monde sans nécessairement comprendre l'envers du décor. Ainsi lorsqu'elle découvre que sa soeur Sophie (Anita Page) est malheureuse avec son époux, elle lui suggère de divorcer, appliquant les recettes qu'elle a entendues au salon de couture. Elle croît faire au mieux pour sa soeur en se décarcassant pour trouver les 200 dollars nécessaires pour l'avocat. Elle va aller naïvement voir son petit ami Jimmy (R. Toomey), un riche client (W. William) et son patron. Margie pense que le mariage n'est peut-être pas cet état de bonheur absolu qu'elle envisageait lorsqu'elle voit sa soeur en train de se quereller avec son époux sans emploi. Après tout, elle pourrait elle aussi devenir modèle et se faire entretenir par un riche vieux beau comme Raymond Harding (Warren William). Lorsqu'elle aura visiter le luxueux appartement du millionaire avec ses soirées endiablées autour d'une piscine, elle sera capable de réfléchir sereinement à tout cela. Le scénario offre une série de surprises et d'événements inattendus qui tiennent en haleine. Et au final, Margie aura les 200 dollars convoités. Mais, ils se révèleront inutiles : entre temps, sa soeur s'est réconciliée avec son époux. Marian Marsh est excellente en jeune fille naïve et fraîche. Il y a de très bons seconds rôles et c'est une belle réussite à mettre au crédit de Mayo.
     

    Employees' Entrance 1933

     
    Un film de Roy Del Ruth avec Warren  William, Loretta Young, Wallace Ford, Alice White and Albert Gran
     
    Kurt Anderson (W. William) dirige d'une main de fer un grand magasin new-yorkais. La jeune Madeline (L. Young) qui recherche désespérement un emploi, en fait les frais. Ayant obtenu un job de mannequin dans le magasin, elle doit cacher à tout le monde qu'elle est fiancé à Martin (W. Ford), qui devient le bras droit d'Anderson...
     
    Cet excellent film de Roy Del Ruth contient l'une des meilleures interprétations de Warren William, un des piliers de la Warner durant la période pre-code. En patron tyrannique, qui ne recule devant rien pour augmenter les marges bénéficiaires du magasin, il montre des qualités d'éloquence et de dynamisme qui rappellent John Barrymore dans Counsellor-at-law (1933, W. Wyler). Ayant dû grimper les échelons à la seule force de son caractère, il élimine toute personne qui ne correspond pas à son idée du succès. Un vieil employé se suicide suite à son renvoi : qu'importe ! Pour ce qui est des femmes, il leur offre une chance d'emploi si elles veulent bien passer par sa chambre à coucher. Il n'a pas ni morale, ni remords. Toute sa vie est concentrée sur son travail. Loretta Young est ici une proie facile face à ce prétadeur, mais elle réussira finalement à échapper à ses griffes après bien des tourments. Les seconds rôles sont tenus par une multitude de têtes connues de l'époque avec tout le talent voulu. Le film est dynamique et superbement construit. Un vrai moment de bonheur qui n'oublie pas de nous faire réfléchir sur une société où le profit prime sur tout.
     

    Massacre 1934

     
    Un film d'Alan Crosland avec Richard Barthelmess, Ann Dvorak, Claire Dodd, Dudley Digges, Clarence Muse et Tully Marshall
     
    Le chef Thunderhorse (R. Barthelmess) travaille dans un cirque où il réalise un numéro d'acrobatie équestre qui lui vaut de nombreux succès féminins. Un jour, il apprend que son père est mourant et il part pour la réserve des Sioux qu'il a quittée depuis des décennies...
     
    Massacre est une oeuvre à part dans la production pre-code des années 30.  Alors que les Indiens avaient eu droit à un traitement sympathique durant les années 10 et 20, l'arrivée du parlant et la descente en gamme des westerns (rélégués aux séries B, voire pire) en fait de simples sauvages hurlants destinés à tomber sous les coups de revolvers. Heureusement, ce film d'Alan Crosland prend totalement à revers cette vision stéréotypée. Retouvant les accents pro-Indien de The Vanishing American(1925, G.B. Seitz), il fait le portrait d'un Indien qui s'est intégré dans la société blanche de son époque en devenant une star de cirque. Certes, il en est réduit à jouer de son image et à en rajouter avec un maquillage foncé, mais Thunderstorm a acquis patiemment une place dans la société. C'est en retournant dans la réserve qui accueille les siens qu'il va réaliser à quel point les Indiens ne sont pas des citoyens américains à part entière. Ils n'ont strictement aucun droit face à des officiels corrompus, les fameux agents des réserves, qui peuvent s'emparer de leurs biens ou violer leur fille sans qu'ils puissent protester. Lorsque Thunderstorm arrive, il réalise qu'il va falloir défendre rapidement sa tribu en utilisant toutes ses connaissances acquises grâce à sa renommée. Le film offre un tableau sans concession de la vie misérable des peaux-rouges et se permet même de comparer leur sort avec celui des noirs. Clarence Muse, qui joue le valet de Barthelmess, constate lui-même que son sort de domestique est nettement plus enviable que celui des Indiens de la réserve. Barthelmess est égal à lui-même, dans une période où sa carrière va bientôt se clore, en redresseur de torts dans la lignée de Paul Muni dans I Was a Fugitive from a Chain Gang (1932, M. LeRoy). La fin heureuse paraît peu plausible, mais qu'importe. C'est un film noir qui se déguste avec plaisir pour son ton inhabituel.
     

    vendredi 7 juin 2013

    Doch' kuptsa Bashkirova 1913

     
    La Fille du marchand Bashkirov
    Un film de Nikolai Larin
     
    Au bord de la Volga, la fille du marchand Bashkirov est amoureuse d'un employé de son père. Mais, ce dernier souhaite la marier à un vieil homme. Surprise par l'arrivée inopinée de son père, elle cache son amoureux sous les édredons de son lit. Le malheureux meurt étouffé...
     
    On ne connait que très peu de chose sur ce film. On ne sait rien sur le réalisateur Nikolai Larin qui travaillait pour une petite société de production, Volga Co, et le nom des acteurs reste un mystère. Par contre, on sait que le producteur Grigori Libken avait sciemment utilisé une histoire vraie pour pouvoir éventuellement faire chanter la famille Bashkirov. Le résultat est étonnant et prouve que le cinéma de 1913 était déjà professionnel, même dans les coins les plus reculés de la Russie. Bien qu'il manque 2 bobines et que les intertitres n'aient pas été retrouvés, la narration reste totalement compréhensible. Le film suit les événements tragiques qui s'enchaînent et accablent la fille du marchand Bashkirov. Elle aime l'employé de son père, mais le malheureux meurt accidentellement. Alors sa servante va chercher un paysan pour se débarrasser du corps discrètement. Mais, celui-ci va se transformer en maître-chanteur, demandant toujours plus d'argent, puis va même la violer en échange de son silence. La jeune fille se vengera en mettant le feu à la taverne où il est endormi ivre mort. Fidèle à leur tradition littéraire, les russes ne cherchent pas à enjoliver la réalité comme le feraient les Américains à la même époque. Et, le film se termine par une vengeance sans chercher à sauver la morale. Le film a des points communs avec le premier film d'Evgeni Bauer, Sumerki zhenskoi dushi (1913) où l'héroïne se venge elle aussi de son violeur en le tuant. Si vous êtes intéressé par ce film de Nikolai Larin, il est disponible chez Milestone Films dans leur magnifique collection de films muets russes de la période pré-révolutionnaire.
     

    lundi 3 juin 2013

    They Call It Sin 1932

     
    Un film de Thornton Freeland avec Loretta Young, Una Merkel, David Manners, Louis Calhern et George Brent
     
    Jimmy Decker (D. Manners), envoyé par son patron dans un coin perdu du Kansas, y rencontre Marion Cullen (L. Young) qui est l'organiste de l'église. Il tombe amoureux d'elle alors qu'il est déjà fiancé. Marion, rejetée ses parents, part le rejoindre à New York...
     
    Ce délicieux Pre-code offre une intrigue extrêmement riche pour ses 69 minutes. Certes, il y a de sérieuses invraisemblances, surtout vers la fin. Cependant, le film offre un curieux mélange de légèreté comique - avec en particulier une Una Merkel très verve - et de tragique qui fonctionne grâce à cette rapidité. Loretta Young y joue une jeune fille, Marion, issue d'une famille pieuse du Kansas qui voudrait devenir compositrice. Mais, sa destiné prend un tour tout à fait différent grâce à sa rencontre avec Jimmy (le très séduisant David Manners) qui s'ennuie mortellement dans ce trou perdu. Il n'hésite pas flirter avec la jeune fille, alors qu'il est lui-même déjà pratiquement marié. C'est alors - premier coup de théâtre - que Marion apprend qu'elle a été adoptée ! Puis, elle part pour New York persuadée d'y retrouver Jimmy qui s'est bien gardé de lui dire qu'il n'était pas libre. Elle l'apprend rapidement et décide de gagner sa vie. Grâce à la rouée Dixie Dare (quel nom formidable pour Una Merkel !), elle est embauchée comme pianiste par le producteur Ford Humphries (Louis Calhern) qui songe bien à la mettre dans son lit. Marion est dans une situation bien compliquée: elle doit résister aux avances de son patron tout en conservant son boulot, repousser Jimmy qui est marié et écouter les déclarations enflammées du Dr Travers (George Brent). Comme tout cela ne se prend pas trop au sérieux, on peut déguster l'intrigue qui est mise en valeur par des contre-plongées tout à fait inattendues et intéressantes dans un film de série. Grâce au casting grand luxe du film, on ne s'ennuit pas une minute avec en prime des seconds rôles formidables comme Elizabeth Patterson ou Bert Roach.
     

    samedi 1 juin 2013

    Albert Capellani - Cinéaste du romanesque (V)

     
    Une nouvelle critique de mon livre vient de paraître dans le numéro de Positif du mois de juin 2013:
    La critique ci-dessus me donne envie de réagir. Ma démonstration selon laquelle Albert Capellani ne travaillait pas avec Antoine serait « fragile ». Je suis vraiment étonnée de lire un tel qualificatif surtout lorsque la démonstration en question est soutenue par des recensements, des listes électorales, un dossier militaire, la correspondance d’André Antoine, l’interview d’un contemporain et d’autres documents de la BnF. Je crois avoir connu des assertions plus fragiles, comme celles de Charles Ford, qui ne fournit aucune preuve et aucune référence et que l’auteur de cette critique a reprises – sans vérifications – dans son récent documentaire sur Albert Capellani.
     

    dimanche 26 mai 2013

    Richard Wagner - Eine Film-Biographie 1913

     
    Un film de Carl Froelich avec Giuseppe Becce, Olga Engl, Manny Ziener et Ernst Reicher
     
    La vie et l'oeuvre du compositeur Richard Wagner.
     
    Ce film biographique du compositeur allemand a été produit en 1913 pour célébrer le centième anniversaire de sa naissance. En 2013, il reparaît dans une nouvelle restauration pour la célébration de ses 200 ans. La vision de ce film permet de mesurer combien la vision de ce compositeur s'est modifiée en un siècle. En 1913, sa veuve Cosima Wagner était toujours vivante et en impitoyable gardienne du temple qu'elle était, on peut imaginer qu'elle surveillait toute oeuvre ayant trait à son époux. Le film de Carl Froelich est donc une hagiographie sur Richard Wagner où tous les aspects les plus antipathiques du personnage sont (sciemment) ignorés. En effet, il n'est fait nulle mention de son antisémitisme, de ses aventures extra-conjugales ou du ménage à trois avec les von Bülow. Wagner n'apparaît ici que comme un artiste incompris en proie aux cabales et aux complots des Jésuites (habillés bizarrement comme le Don Basilio du Barbier de Séville) et des ministres de Louis II de Bavière. Ceci posé, le film en lui-même est intéressant si on le replace dans le contexte de l'époque. C'est sans aucun doute une oeuvre ambitieuse visuellement qui tente de rendre palpable les visions de ce compositeur de génie ainsi que sa vie mouvementées de jeune révolutionnaire, ami de Bakounine. C'est le compositeur d'origine italienne Giuseppe Becce qui interprète Wagner tout en étant responsable de la composition de la partition orchestrale du film. Evitant un tournage entièrement en studio, le film nous montre de nombreux lieux importants dans sa vie, tel le Festspielhaus de Bayreuth. Quant à la partition de Becce, elle étonne en ce qu'elle ne veut pas un simple pot-pourri des oeuvres de Wagner. Au contraire, il cite Mozart, Beethoven et Rossini. La restauration et la réorchestration de celle-ci sont un travail d'orfèvre avec en plus au pupitre l'excellent Frank Strobel. Le film gagne immensément en ampleur grâce à ce travail. Becce est un Wagner crédible qui évite tout excès interprétatif. Certes, les libertés prises avec la vérité font sourire le spectateur averti comme lorsqu'on nous assure que Minna Wagner n'avait aucun raison de suspecter une quelconque relation entre son époux et Mathilde Wesendonck. Pire encore, il y a la soudaine apparition de Hans et Cosima von Bülow sans qu'on les mentionnent. Il faut dire que Richard a fait porter de belles cornes au malheureux Hans. Ses rapports complexes avec Meyerbeer sont éludés. On n'aperçoit que lors d'une courte scène son aîné (narquois) qui lui remet une lettre d'introduction qui va se révéler inefficace. Malgré ses défauts, le film est une oeuvre intéressante des années 10.
     

    lundi 20 mai 2013

    The Silent Enemy 1930

     
    L'Ennemi silencieux
    Un film de H. P. Carver avec Chief Yellow Robe, Chief Buffalo Child Long Lance et Chief Akawanush
     
    Dans le grand nord américain, au sein de la tribu Ojibwé, le chasseur Baluk est en conflit avec le chamane Dagwan. Alors que l'hiver approche, Baluk part à la recherche de gibier vers le sud. Dagwan souhaite ardemment qu'il échoue pour obtenir la fille du chef, Neewa...
     
    Ce film hors normes a été produit par un certain W. Douglas Burden. Ayant vécu longtemps au Canada, il souhaitait réprésenter la vie des tribus indiennes locales. C'est la vision du magnifique filmChang (1927) de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack qui le décide à sauter le pas. Il s'associe avec William Chanler et embauche le réalisateur H.P. Carver pour la direction et le scénario. Le sujet du film sera la lutte pour la vie de la tribu des Ojibwés dans le Grand Nord canadien dans une période antérieure à l'arrivée des Européens en Amérique. Le producteur traverse toute l'Amérique à la recherche d'Indiens de différentes tribus pour interpréter les rôles principaux. C'est ainsi que Yellow Robe, le neveu du chef Sioux Sitting Bull est choisi pour jouer le rôle du chef. Chaque acteur a été choisi avec minutie pour correspondre au personnage. Le tournage est extrêmement difficile par des températures de - 35 degrés et toute l'équipe vit sous des tentes.
    Le résultat à l'écran est magique. Le film reconstitue avec précision la vie de ce peuple du Grand Nord qui doit lutter âprement pour survivre aux longs hivers glaciaires. Il faut impérativement être un bon chasseur ou pêcheur pour pouvoir accumuler des réserves pour le long hiver qui s'annonce. Comme le carton du début du film nous l'annonce, cet ennemi silencieux, c'est la faim. En moyenne tous les sept ans, la tribu en souffre. Il faut donc se déplacer, rouler l'écorce des tipis, et partir à pieds vers des contrés plus giboyeuses. Mais, les grandes étendues du nord recèlent des prédateurs qui peuvent être des concurrents de l'homme: le puma et le carcajou, qui n'hésitent pas voler ou souiller la nourriture de la tribu. Alors que l'hiver s'installe, il ne reste plus comme solution aux Indiens que de partir vers le territoire des caribous tout au nord. Les troupeaux sont immenses, mais très loin de leur campement. Le voyage sera dur et meurtrier couronné par une chasse épique alors qu'une vague de caribous envahit la plaine telle une coulée de lave. La beauté des images et la puissance de l'évocation de ces hommes courageux et téméraires produisent un effet électrisant sur le spectateur comme si nous avions été autorisés à remonter le temps et à découvrir le continent Américain avant l'arrivée de Christophe Colomb. Mais, le film ne se limite pas à l'aspect documentaire. Son scénario est extrêmement bien construit et montre l'opposition entre deux hommes au sein de la tribu : d'un côté le courageux Baluk et de l'autre le traître Dagwan qui ne recule devant aucune combine pour vaincre son rival. Le personnage du grand chef est également magnifique alors qu'il part seul sous la neige pour jeûner et tenter d'aider sa tribu en se mettant en relation avec le Grand Esprit. Ce film muet est sorti en salles en 1930, distribué par Paramount. Et ce fut un échec. Grâce à plusieurs historiens du cinéma, en premier lieu Kevin Brownlow et David Shepard, il est ressorti de l'oubli. Une superbe restauration a été diffusée l'année dernière sur Arte avec une excellente partition orchestrale. Il est également disponible en DVD aux USA. L'un des plus beaux films sur les Indiens d'Amérique.
     
     
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