• Kamel Abdat, invité de «Diasporama» Plus qu’un start-upper, un comédien multiple

    Kamel Abdat, invité de «Diasporama»Plus qu’un start-upper, un comédien multiple

    L’humoriste et chercheur universitaire Kamel Abdat était l’invité, jeudi dernier de l’émission «Diasporama» animée par Maya Zerrouki sur les plateformes du Soir d’Algérie.
    Établi depuis deux ans en France, Kamel Abdat joue déjà à guichets fermés dans les salles parisiennes. Vedette de l’humour algérien et de la défunte émission satirique Qahwet El Gusto puis Jornane El Gusto, il est souvent qualifié de «Nouveau Fellag», notamment en raison de leurs origines communes et du regard caustique porté sur la société et l’émigration algériennes. Interrogé à ce propos par Maya Zerrouki dans le cadre de l’émission «Diasporama du Soir d’Algérie, l’humoriste rappelle que Fellag, étant un pionnier et une référence incontournable, demeure une source d’inspiration pour la génération actuelle.
    Évoquant ses débuts, Kamel Abdat se définit d’abord comme comédien, lui qui vient du théâtre ; un héritage visible dans ses one man shows (terme qu’il préfère au stand-up) où il joue plusieurs personnages et situations. «Rester statique sur scène pour raconter la quotidienneté en vannes et traits d’esprit, ce n’est pas trop mon délire. Je préfère donner corps et voix à chaque personnage, imiter, exagérer peut-être, leurs traits et leurs caractères, me démultiplier sur scène et impulser du mouvement au récit», explique-t-il.
    Né à Iferhounene sur les hauteurs d’Aïn El Hammam, où il passe son enfance avant de s’installer avec sa famille à Tizi-Ouzou où il poursuit ses études secondaires et universitaires, puis à Alger où il fait son magister tout en travaillant à la radio nationale (Chaîne II). Très jeune, ses parents l’inscrivent à des cours de théâtre, d’abord pour dépasser sa timidité : «Enfant, j’étais très (trop) sage, timide et effacé», raconte-t-il à Maya Zerrouki. Mais ce sont sans doute ces traits de caractère qui lui ont permis d’observer son entourage, notamment «cet univers féminin» qu’il continue à réincarner sur scène. Parallèlement à sa passion pour le 4e art et l’humour, Kamel Abdat, bien qu’ayant un bac scientifique, choisit la littérature française à l’université, qu’il enseignera plus tard à la faculté de Bouzaréah. Deux vocations qu’il réussira non seulement à concilier mais à associer : son magister avait pour thème le théâtre de Kateb Yacine, lequel se verra également dans ses premiers pas sur scène où, accompagné d’une troupe, il était plutôt dans le registre du théâtre populaire.
    Interrogé par Maya Zerrouki sur son expérience dans les émissions satiriques politiques, interdites plus tard, Qahwet El Gusto et Jornane El Gusto, Kamel Abdat en garde un souvenir indélébile : «Avec une troupe dont les membres sont issus de plusieurs régions du pays, nous avons fait rire le public tout en démythifiant et, parfois en humanisant, le politique. Cela a duré six années et j’espère qu’un jour, ce genre d’émission jusque-là unique dans l’histoire de la télévision algérienne, puisse revenir.» Suite à la censure et l’arrêt et la censure de ces émissions, Kamel Abdat continue à animer des talk-shows politiques pour des chaînes privées jusqu’en 2020. Ce goût pour la satire sera reconverti en langage théâtral et devient incontournable dans ses one man shows actuels qu’il donne en France et au Canada.
    Interrogé sur le racisme en France, Kamel Abdat déclare qu’il est plutôt ressenti dans le milieu universitaire (où il prépare sa thèse de doctorat) : «Quand on est Algérien, on a moins accès aux laboratoires de recherches, aux postes de l’enseignement, etc.» alors que dans le monde du spectacle, ce phénomène est beaucoup moins présent, malgré l’absence de sponsors et de soutiens aux artistes algériens. À ce propos, l’humoriste plaide pour la promotion des talents algériens, l’ouverture sur le monde et la fin de l’autarcie algérienne : « ll faut qu’on apprenne, à l’instar d’autres pays notamment africains, à exporter et faire rayonner notre culture».
    Concernant la situation de l’art humoristique algérien, Kamel Abdat estime que le public algérien est l’un des plus réceptifs à l’humour, qu’il en est même producteur puisque «nous aimons rire de tout au quotidien, même dans les moments les plus dramatiques». Il évoque également l’explosion des talents sur les réseaux sociaux, un terreau confiné malheureusement dans le virtuel, «inexploité et privé d’espaces réels d’expression». Une énergie créatrice qui mérite d’être découverte et canalisée, notamment à travers la création de comedy-clubs mais aussi la relance du cinéma comique, à l’instar de celui qui faisait le bonheur des Algériens dans les années 1960-1970. Des solutions qui ne pourraient voir le jour, selon lui, sans une réelle volonté politique.
    Kamel Abdat qualifie son art de «rassembleur» et qu’au-delà de l’ironie et de la satire, il lui tient à cœur de véhiculer des idées de vivre-ensemble et de tolérance, en dépit des différences régionales, idéologiques ou philosophiques.
    L’artiste qui se produit en France, en Suisse et au Québec, réussit à remplir les salles grâce à un humour haut en couleur, inspiré à la fois de la ruralité kabyle, de la quotidienneté algérienne et de l’émigration. Bienveillant mais parfois féroce, il jouit d’une grande popularité auprès de la diaspora, étant quasiment le seul humoriste algérien qui se produit actuellement sur scène.
    S. H.

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