• Etude de Cas 5

    Comment écrire un scénario : Les didascalies

    Etude de Cas 5

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    A la demande d’une scénariste en herbe assidue, je vais tenter de vous expliquer à quoi servent les didascalies mais surtout ce que vous devez y mettre.

    Mais avant tout, je tiens à attirer votre attention sur l’importance des didascalies. Il faut qu’elles soient faciles à lire, elles doivent couler….c’est à dire être fluides afin qu’elles ne plombent pas le rythme du scénario. Chaque didascalie doit faire partie du scénario et non pas d’un truc à part.

     

    Ça paraît peut être bête à dire, pourtant je lis très souvent des didascalies qui se veulent littéraires, les mots compliqués ça fait toujours bien….sauf que dans un scénario, on ne cherche pas un agrégé de lettres ! On cherche un conteur, quelqu’un qui nous transporte. Pour cela il faut de la technique mais surtout beaucoup d’entraînement et beaucoup beaucoup lire.

     

    Oui mais lire quoi ?

    Tout. Scénarios, romans, essais. Tout ce qui peut vous apprendre la simplicité des tournures de phrases, de la ponctuation et du vocabulaire. Pour cela, pas besoin de vous taper du Flaubert, Camus ou du Zola si vous n’aimez pas. (Je vous conseille tout de même de lire ces auteurs incontournables). Vous pouvez simplement vous procurer les livres qui sont en tête de ventes en ce moment, de préférence des auteurs connus et reconnus car ils ont une patte, un style éprouvé à partir duquel vous pourrez apprendre et pourquoi pas vous inspirer.

     

    Mais alors une didascalie c’est quoi ?

    C’est l’élément de votre scénario qui va permettre aux lecteurs, producteur et réalisateur de comprendre votre vision, que cela soit l’action, ou comment les personnages sont habillés ou encore l’atmosphère de la scène.

    Attention ! : Les didascalies sont comme les dialogues, il faut en mettre seulement si c’est nécessaire sinon c’est la chute assurée !

     Exemple :

    Séquence 1 : Ext – Rue – Jour

    Mike, 45 ans, habillé d’un costume sur mesure, remonte la rue de Rivoli. Ses mocassins à gland frappent le pavé à chacun de ses pas. Alors qu’il fouille dans la poche intérieure de son veston, son portefeuille tombe sur le sol au pied d’un sdf.

    SDF

    Vous z’auriez bien une p’tite pièce ?

    Le sdf est habillé d’un vieux pardessus, d’un bonnet en laine vissé sur la tête et d’un pantalon marron raccommodé ça et là par des pièces de tissu disparate.

    Mike ramasse son portefeuille, l’ouvre et sort un billet de 50 euros

    Mike

    C’est ton jour de chance l’ami…tiens.

    Le sdf prend le billet, le palpe, le regarde, le sent, pour être certain que c’est un vrai.

    SDF

    Si à chaque fois qu’vous faites tomber vot’ larfeuille vous filez 50 biftons…j’vais vous suivre à la trace.

    Dans cet exemple les didascalies sont longues, lourdes et ne servent ni l’action, ni le rythme de la scène.

    Lorsque vous écrivez une didascalie vous devez aller à l’essentiel. Au fond on se fout comment Mike est habillé, en tout cas dans son intégralité ! Le fait qu’il porte des chaussures à glands n’amène rien à l’histoire. Idem pour la manière dont j’exprime l’intention de la marche de Mike : il bat le pavé….

    Il faut rester simple. Voilà ce qu’il serait préférable de lire :

    Séquence 1 : Ext – Rue de Rivoli – Jour

    Mike, 45 ans remonte la rue. Il est pressé et bouscule quelques passants. Alors qu’il fouille dans la poche intérieure de sa veste faite sur mesure, son portefeuille tombe sur le sol au pied d’un sdf.

    SDF

    Vous z’auriez bien une p’tite pièce ?

     

    Vous sentez la différence ? Pourtant presque rien n’a été enlevé…à part le superflu ;o)

     

    Pour la suite c’est la même chose !

    Séquence 1 : Ext – Rue de Rivoli – Jour

    SDF

    Vous z’auriez bien une p’tite pièce ?

    Mike ramasse son portefeuille, l’ouvre et sort un billet de 50 euros

    Mike

    C’est ton jour de chance

    Le sdf prend le billet et le palpe pour s’assurer qu’il soit vrai.  

    SDF

    Si à chaque fois qu’vous faites tomber vot’ larfeuille vous filez 50 biftons…j’vais vous suivre à la trace.

     

    J’ai simplifié encore une fois les didascalies en enlevant la description vestimentaire du sdf. Car au fond on se fout de savoir comment le sdf est habillé ! C’est un clodo ! Et tout le monde a sa propre représentation du SDF.

    Voilà donc un secret :

    La didascalie doit être écrite intelligemment, c’est à dire qu’il ne faut pas à tout prix décrire ce que vous imaginez à l’écran. Un scénario doit être un mixte entre votre univers de votre histoire et la possibilité que le lecteur (producteur) puisse y mettre quelque chose à lui. De cette manière, il s’approprie l’histoire, ce qui lui permet de mieux s’identifier ou se projeter. Liberté illusoire car au fond c’est vous qui menez la danse en l’amenant là où vous le souhaitez. Les didascalies sont là pour ça :o)

    Dans un de mes précédents articles, j’ai écrit ceci : « La didascalie permet de donner des indications d’action, de jeu ou de mise en scène. Elle permet de donner des informations, notamment sur le comportement, l’humeur ou encore la tenue vestimentaire d’un personnage ».

    Je crois que pour l’action et la tenue vestimentaire, l’exemple du dessus vous a éclairé sur ce point :o)

     

    Qu’en est-il du comportement et de l’humeur ?

    J’ai envie de vous dire : c’est la même chose. Mais nous allons prendre un exemple :

    Séquence 1 : Int – restaurant – nuit

    Mike et Aurore dînent aux chandelles.

    Aurore

    Tu vas m’expliquer pourquoi on est ici ou pas ?

    Mike

    Je te trouve impatiente mon cœur…

    Le regard de Mike plonge dans le profond décolleté d’Aurore

    Aurore (amusée)

    Dis donc !

    Pris sur le fait, il détourne le regard

    Mike

    Il va falloir que t’attendes le dessert

    Mike se passe la langue sur les lèvres. Il lève la main pour attirer l’attention du serveur qui passe tout prêt.

    Le serveur

    Monsieur ?

     

    Dans cette séquence, on comprend que Mike a quelque chose d’important à dire à Aurore. Aux vues du vocabulaire que Mike utilise, on comprend que les deux personnages sont proches. Il est amoureux d’elle et a envie d’elle. Il a quelque chose d’important à lui dire.

    Si on regarde bien la dernière didascalie :

     

    Mike se passe la langue sur les lèvres. Il lève la main pour attirer l’attention du serveur qui passe tout prêt.

     

    On peut se demander pourquoi Mike se passe la langue sur les lèvres ….est-ce qu’il a soif ? Est-ce un signe lubrique pour appuyer le fait qu’il ait envie d’Aurore ? Où est-ce qu’il est stressé ?

    Autant de questions que l’on ne devrait pas se poser car vous êtes sensé raconter l’histoire et nous donner toutes les réponses pour que l’on comprenne la scène.

    Nous ne sommes pas dans votre tête !  Un geste ou une habitude qui, pour vous, veut dire quelque chose, ne trouvera pas forcément écho chez votre lecteur. Si votre personnage se passe la langue sur les lèvres, ce qui veut dire pour vous qu’il est amoureux ou stressé, n’est pas forcément interprété par votre lecteur comme tel ! Il ne faut laisser aucun doute dans la tête de celui qui vous lit.

     Voilà comment il faudrait faire :

    Séquence 1 : Int – restaurant – nuit

    Mike et Aurore dînent aux chandelles.

    Aurore

    Tu vas m’expliquer pourquoi on est ici ou pas ?

    Mike

    Je te trouve impatiente mon cœur…

    Le regard de Mike plonge dans le profond décolleté d’Aurore

    Aurore (amusée)

    Dis donc !

    Mike détourne le regard

    Mike (gêné)

    Il va falloir que t’attendes le dessert

    Mike déboutonne son col de chemise et desserre sa cravate. Il passe la langue sur les lèvres, saisit son verre d’eau et le boit d’une traite. Il lève la main pour attirer l’attention du serveur qui passe tout prêt.

    Le serveur

    Monsieur ?

     

    Vous voyez ? Ici on comprend la signification du passage de langue sur les lèvres….certes j’ai un peu appuyé ! Faisons plus simple :

    Mike (gêné)

    Il va falloir que t’attendes le dessert

    Mike passe la langue sur ses lèvres, saisit son verre d’eau et le boit d’une traite. Il lève la main pour attirer l’attention du serveur qui passe tout prêt.

    Le serveur

    Monsieur ?

     

    Ici nous comprenons que Mike est stressé, qu’il a la bouche pâteuse ou desséchée. Le fait qu’il fasse ce geste est compréhensible et amène de la tension à la scène.

    J’essaie toujours d’être le plus clair possible dans mes explications mais si vous avez des questions, n’hésitez pas à me laisser un petit message.

    Si vous avez aimé cet article, la meilleure manière de me le dire c’est de cliquer sur le bouton « Like » en haut de l’article. Pour retourner directement au plan du site c’est par ici :o ) vous pouvez aussi lire : Présentation d’un scénario 6 : Quand les personnages parlent dans une langue étrangère.

    A bientôt,

     

    Thomas J.

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