• BEUR SUR LA VILLE de Djamel BensalahSamir Ardjoum


    BEUR SUR LA VILLE de Djamel BensalahSamir Ardjoum

    On ne va pas accuser Djamel Bensalah de racisme ! Pourtant, Beur sur la ville, son cinquième film (six avec Neuilly sa mère, qu'il a produit) a quelque chose d'organique, de malsain… C'est ce qui se dégage de cette histoire dans laquelle le plus mauvais des policiers français, d'origine maghrébine, devient le héros d'une intrigue policière des plus tordues. Malsain car comme dans pratiquement toute sa filmographie, Bensalah appuie tellement sur les effets que sa mise en scène devient trop grosse.

    Force est de lui reconnaître qu'en plus d'avoir la faculté de réunir une pléthore d'acteurs connus (qui sont là pour servir étrangement une belle et juste cause), Bensalah sait installer un dynamisme conforté par un montage nerveux, créant des saynètes assez fantaisistes. Le sourire n'est pas loin, mais le rire est rare.

    De Ciel, les oiseaux et ta mère à Beur sur la ville en passant par Le Raid et Il était une fois dans l'Oued, la mécanique du rire est toujours similaire chez Bensalah. Un titre-référent qui convoque les souvenirs cinéphiles ou adolescents du spectateur, quelques acteurs connus et bankables (ce qui n'est pas un reproche), et des blocs séquentiels où la vanne sera alourdie de dialogues poussifs, naïfs et inoffensifs. Beur sur la ville, qui reprend l'ambiance gaudriole et vaudevillesque des comédies datées des seventies (Les Charlots, Claude Zidi, De Funès, parfois Georges Lautner et Jean Yanne), prends le parti de véhiculer tous les clichés possibles et imaginables sur des sujets d'actualité tels que la discrimination positive, le communautarisme, l'intégrisme et le racisme. Bensalah, se pose en citoyen-passeur et transmet quelques pics en usant - et abusant - de ficelles comiques pour la plupart téléphonées. Très vite, le cliché n'est plus contourné et violenté comme il est coutume dans la comédie, il est apaisé voire dorloté. Cette facilité scénaristique, qui encourage les stéréotypes, déréalise les propos du cinéaste. Le spectateur est en quelque sorte piégé dans ses propres a priori, sans avoir le recul nécessaire pour questionner la mise en propos de Bensalah. L'ambiguïté qui en découle le place dans une position des plus inconfortables. Les rires en deviennent gênants et viennent réconforter un regard sur les communautés aussi simpliste que conservateur.

    Revendiquant le droit au divertissement pur, Bensalah oublie en chemin que la force d'une comédie est de travailler son sujet de l'intérieur et d'insister sur la face cachée de l'iceberg. Ainsi condamné à la surface, le film glisse à l'eau.

    Samir Ardjoum

     

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