• 2ES JOURNÉES DU FILM MÉDITERRANÉEN Reality ou le rêve aliénant

    2ES JOURNÉES DU FILM MÉDITERRANÉEN

    Reality ou le rêve aliénant

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    L'histoire qui se passe à Naples n'est pas fortuite.

    Reality est un film italien de Matteo Garrone sorti en 2012 et présenté en compétition officielle lors du Festival de Cannes 2012 où il obtint le Grand Prix du jury. Garrone est en outre le réalisateur du célèbre Gamora. Jusque là rien d'anormal si ce n'est que Aniello Arena, personnage principal de Reality, purge depuis vingt ans une peine de prison pour meurtres! Dans Reality, il incarne pourtant avec tendresse et brio un poissonnier exubérant qui développe une obsession pour l'émission de télé réalité Il Grande Fratello (le Loft italien) jusqu'à perde la raison, tout brader dans sa maison, vendre son gagne-pain et se disputer avec sa femme. Dans la vie, c'est en prison que vit Arena depuis vingt ans, condamné pour meurtres à perpétuité. En fait Anello joue la comédie depuis plus de dix ans grâce à une troupe de théâtre créée dans sa prison de la Volterra et participe même à des tournées grâce à un système de permissions assez élastique. Cela n'est pas loin sans rappeler un autre film, extraordinaire celui là César doit mourir, dont l'ensemble des comédiens est composé de prisonniers. Cela est d'autant plus étonnant et effrayant même pour le film Reality qui porte sur la perte d'identité et l'aliénation mentale, quand on voit ce père de famille voulant à tout prix entrer dans cette maison pour se fabriquer une nouvelle personnalité et devenir célèbre.
    L'histoire qui se passe à Naples n'est pas fortuite. Le réalisateur a choisi cet environnement pittoresque pour accentuer le contraste qui sépare les gens simples du monde du spectacle, et son pendant froufrouteux, fait de strass et de paillettes. Reality nous rappelle un peu les ambiances d'un autre film italien projeté cette année au Festival de Cannes et qui met en scène l'opulence des gens riches accoudés à leur pathétique quotidien fait de tristesse et petits malheurs. Il s'agit de La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, l'histoire d'un journaliste au fait de sa gloire qui rejoue chaque soir «la comédie du néant» en donnant des fêtes où se met à nu «l'appareil humain» titre de son livre à succès. De la frivolité dans un monde faux fait de rêves et d'imaginaire débridé. Ce qui n'est pas interdit au demeurant. Un peu comme dans ce loft italien où Aniello Arena rêve de ressembler à ses jeunes dont le critère de sélection est leur beauté physique avant tout, ça va de soi. Le réalisateur de Reality dénonce-t-il aussi la société de consommation, basée sur les apparences et qui fait des êtres humains des robots comme cette machine que la femme de cet acteur raté tend à vendre sous le manteau, en essayant de traficoter avec son mari pour vivre.
    Ce qui est intéressant aussi à voir dans Reality, c'est la manière qu'a le réalisateur Matteo Garrone de filmer ses acteurs, surtout ce personnage aussi bien fragile qu'excentrique, soit caméra à l'épaule, vraisemblablement pour suivre les mouvements de ces individus en ne perdant pas une miette de leur drôlerie et attitudes spontanées, comme au temps d'une télé réalité justement. Nous sommes ainsi invités à pénétrer dans le monde farfelu et fantasque de ces Napolitains et leur façon de se mouvoir, se parler et gesticuler, à la fois bien méditerranéenne et attendrissante qui nous n'est pas très éloignée. Bien au contraire.

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