• La Kaza blanche de Rida Belghiat Exil multiple et mémoire vivante

    La Kaza blanche de Rida BelghiatExil multiple et mémoire vivante

    Projeté aux Rencontres cinématographiques de Béjaïa et plus récemment à la salle Djurdjura de Tizi-Ouzou, le documentaire La Kaza blanche de Rida Belghiat revient sur le parcours d’un chanteur emblématique du chaâbi kabyle.


    Dans son film consacré au maître de la chanson chaabi d'expression kabyle, Cheikh El Hasnaoui, le réalisateur franco-algérien Rida Belghiat revient sur le parcours atypique d'un artiste qui, écrira-t-il dans le synopsis, «a choisi l'exil comme leitmotiv de son œuvre et de sa vie».


    Transcription en créole de La maison blanche, titre de la célèbre chanson de Cheikh El Hasnaoui, La Kaza blanche est un voyage au bout d’un long exil.


    À la fin des années 1930, poussé par la misère et le dénuement, le jeune Mohamed Khelout quitte son village natal d'Ihasnaouene, sur les hauteurs de Tizi-Ouzou, vers Alger, puis vers les faubourgs ouvriers de la capitale française où il exerça son art dans les cafés fréquentés par le prolétariat algérien, puis, à Nice, au sud de la France, et enfin, l'île de la Réunion dans le Pacifique où il décède le 6 juillet 2002.


    «J'ai essayé de résumer un parcours immense étalé sur trois continents. Cheikh El Hasnaoui a, non seulement, brisé la notion de frontières mais il a réussi à rapprocher l'île de la Réunion, au milieu du Pacifique, de l'Algérie.

    Le lien qu'il a créé est perceptible, comme on l'a vu dans le film, à travers le recueillement sur sa tombe par des Réunionnais et des Algériens», a déclaré Rida Belghiat lors de la récente projection de son documentaire, au cinéma Djurdjura de Tizi-Ouzou.


    En 52 minutes, la caméra de Rida Belghiat a tenté de restituer, par bribes et sous forme d’interviews et de témoignages, un passé fécond en création artistique avec lequel le chanteur a tenté de «couper les ponts».


    Après sa retraite niçoise, prise après sa décision de quitter définitivement la scène artistique en 1968, El Hasnaoui mit le cap, en 1986, avec son épouse Denise, sur l'île française de la Réunion pour élire domicile dans la ville de Saint-Pierre.


    Dans cette petite ville, au milieu du Pacifique, Cheikh El Hasnaoui et son épouse feront connaissance avec Frank Robert, agent immobilier réunionnais qui sera un véritable samaritain pour le vieux couple, et ne tardera pas à devenir l'homme de confiance de l'artiste qui en fera son fils spirituel et son légataire universel.


    Frank Robert, que l'on verra dans plusieurs séquences du film et qui se charge désormais de protéger les droits d'auteur de Cheikh El Hasnaoui auprès de la Sacem, s'est attelé depuis des années à faire connaître le chanteur dans l’île française du Pacifique.


    Grâce à lui, le nom de Cheikh El Hasnaoui finira par échapper à l'anonymat qu'il a voulu s'imposer. Il sera ainsi apposé sur des plaques commémoratives trônant au centre de l'agglomération de Saint-Pierre.


    Frank Robert poursuivra son ambition de participer à la préservation de la mémoire et de l'héritage du maître de la chanson chaabi d'expression kabyle en contribuant à la réalisation du film qui lui est consacré par Rida Belghiat dont le tournage a débuté au courant de l’année 2021 en Algérie, dans le village natal de l’artiste, sur les hauteurs Tizi-Ouzou ; à Alger, puis en France et enfin à Saint-Pierre de le Réunion.


    Le projet de consacrer un documentaire à l'auteur de «Ya noudjoum ellil» est né au hasard d'une balade du réalisateur dans les faubourgs de Saint-Pierre où il était en repérage pour les besoins du tournage d'une fiction.


    «Tout a commencé durant mon séjour à l’île de la Réunion de 2016 à 2017 pour le tournage de Tangente. J’ai habité dans le centre-ville de Saint-Pierre.


    En mars 2017, lors d’une balade, je suis tombé par hasard sur une plaque commémorative de la star de la musique chaâbi kabyle et algéroise Cheikh El Hasnaoui, installée par les autorités de la ville dans un petit jardin tout près du front de mer ; et puis sur une seconde plaque pas loin de la mairie.

    Ce fut une grande surprise pour moi qui suis algérien et qui ai grandi en Petite-Kabylie, baigné par sa musique dès ma tendre enfance, et ayant dansé sur ses airs dans les fêtes. Ce fut même un vrai moment d'émotion. J'avais le sentiment soudain de retrouver une part de moi ici, à des milliers de kilomètres de chez moi.

    Mais ce sentiment s'accompagnait de questionnements sur sa renommée d’artiste à la Réunion. Peu après, j'ai voulu aller me recueillir sur sa tombe. J’ai réussi à trouver sa trace dans le cimetière

     paysager de Saint-Pierre aux côtés de son épouse.

    Le gardien du cimetière qui m’a guidé jusqu’à sa tombe m’a parlé de lui avec beaucoup d’enthousiasme. J'étais touché par l'évocation de cet inconnu, qui me parlait d’El Hasnaoui comme de la star du cimetière.

    J’avais le sentiment que nous partagions un patrimoine commun. Cette rencontre fut un début de réponse à la question que je me suis posée sur la place qu'occupait l’artiste ici. Ce sentiment est devenu une conviction et l’élément déclencheur de mon envie de faire un film sur Cheikh El Hasnaoui», témoigne Rida Belghiat.


    Le jeune réalisateur n'a pas manqué de rendre hommage au vice-président de l'association culturelle Cheikh El Hasnaoui, Mohamed Ouamrane, qui a joué un rôle prépondérant dans la réalisation de son film. Enseignant universitaire à la retraite et membre actif de l'association, Mohamed Ouamrane a accompagné Rida Belghiat dans la préparation et la maturation du projet artistique.


    C'est à lui qu'est revenue la tâche d'établir la liste, ici en Algérie, en France, et dans l'île de la Réunion des artistes et des personnalités qui seront interviewés par le réalisateur.


    Le rocker Ali Amrane qui prépare un album où il revisite l’œuvre du maître ; le tandem Mouss et Hakim qui ont revisité ses chansons dans l’album Origines contrôlées ; Salah Mammar, Bheidja Rahal, Madjid Aït Rahmane, alias Petit El Hasnaoui, Rachid Mesbahi, Rabah Khalfa, Kamel Bouyakoub ; Daniel Waro, un poète et chanteur réunionnais qui est à l’origine du renouveau du maloya, un genre musical local ; Arno Bazin, un autre chanteur réunionnais… et bien d'autres rendront hommage par le chant ou le témoignage au maître du chaâbi.


    Signalons que la projection du film qui n'est pas encore distribué en Algérie a été initiée par l'association culturelle Cheikh El Hasnaoui avec le concours de la Direction de la culture et des arts de Tizi-Ouzou.
    S. Ait Mebarek

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