• Entretien avec l’acteur, réalisateur et producteur Ahmed Riad Zaïr Eddhalam ou le rugissement de la Révolution algérienne

    Entretien avec l’acteur, réalisateur et producteur Ahmed RiadZaïr Eddhalam ou le rugissement de la Révolution algérienne

    Acteur, réalisateur et producteur, Ahmed Riad est, ces derniers temps, une des figures les plus familières du paysage artistique algérien. Il a joué dans plusieurs séries, téléfilms et films dont Eden, les films sur la Révolution algérienne, Le Facteur, El Bahhar (le marin) et El Kechef (le Scout), ainsi que dans Rijal Al Fourqane du Syrien Khaled Al Khaled et le film Saint Augustin de l’Egyptien Samir Seif, dans lequel il y a une distribution d’acteurs internationaux.


    Ahmed Riad est le réalisateur du film Zaïr Eddhalam, sorti dernièrement et dont l’histoire se passe durant la guerre de Libération nationale. Le film est dans les salles de cinéma algériennes depuis ce mois de septembre.

    Le Soir d’Algérie : Une première lecture de votre film Zaïr Eddhalam laisse deviner qu’il a plusieurs messages, notamment celui sur la notion de fraternité, celle biologique et celle de combat pour une cause juste.


    Ahmed Riad : On parle ici d’un mythe tragique qui a commencé depuis la nuit des temps, depuis Qabil et Habil (Caïn et Abel), les enfants de Sidna Adam. A ce sujet, on revient aussi sur le livre de Jean-Pierre Vernant Mythes et Tragédies en Grèce ancienne, sur les conflits familiaux.
    Zaïr Eddhalam est aussi un conflit entre deux frères à cause, notamment, de la jalousie. Chacun d’eux a son camp et son clan.

    Le titre Zaïr Eddhalam, c’est parce que le héros est un non-voyant ?
    Il y a plusieurs explications au titre Zaïr Eddhalam. Tout d’abord, cela renvoie au rugissement d’un lion. C’est le cri de la révolution. Nous vivions une époque coloniale, donc il fallait, un de ces jours, crier fort. C’est aussi quand on se parle à soi-même et à force de le répéter, ça se dégage un jour.


    Eddhalam : Le héros Moussa est un non- voyant par accident, c’est dans le sens figuré mais dans le sens global. Eddhalam est aussi l’obscurité que nous vivions avec l’Etat colonial. On était dans le noir !

    Pour Moussa, les villageois sont ses frères, tandis que Khodja, son frère, est un ennemi et un étranger…
    Oui, mais Moussa est plus qu’un frère pour les habitants du village. C’est leur âme, leur conscience, leur protecteur dans un sens…

    Il représente beaucoup plus, la sagesse. Quand un enfant est tombé dans un puits, son frère, avec toute son innocence, n’est pas allé voir ses parents, parce que ce sont des gens fragiles, il est allé voir Moussa «le cheikh de la tribu».

    Comment a été l’accueil du public, des cinéastes et des professionnels après l’avant-première ?

    Tout d’abord, je suis honoré par la présence et les commentaires favorables de la ministre de la Culture et des Arts et du ministre des Moudjahidine et des Ayants droit. Les cinéastes et les professionnels aussi.


    Djaffar Gacem et Salim Aggar ont apprécié.

    Ali Aissaoui a parlé d’une excellente direction d’acteurs… Hacene Kechache a dit quelque chose de très pertinent et deviné que je voulais faire un long métrage, avec le budget d’un court métrage. J’ai réalisé un court métrage à la fin. Mais c’est moi qui avais finalement voulu ça et j’assume.

    Diriger un acteur pour le rôle d’un non- voyant n’est certainement pas facile…
    Je n’ai pas voulu de clichés et donner au comédien des lunettes et une canne… Mohamed Frimahdi est un géant du théâtre. Au cinéma, il a donné ce que je voulais de lui. Des fois quand il s’oublie un peu, je lui dis : «Redeviens un aveugle !» (rire).


    Mon expérience de comédien depuis plus de 17 ans m’a facilité la tâche dans la direction d’artistes. J’ai aussi vite fait des formations à Actors Studio et au Cours Florent de Paris où sont passés Lelouche, Isabelle Adjani et Gad Elmaleh.

    J’ai fait aussi une formation dans la direction d’acteur. Toute cette expérience m’a fait comprendre la psychologie d’un acteur. Aussi, avec moi, ça ne passe pas quand c’est faux. Un acteur sent quand un acteur triche.

    Le public commence à retourner dans les salles, grâce aux nouvelles productions hollywoodiennes et aussi au film algérien La Dernière Reine. Ne pensez-vous pas qu’il est temps pour les cinéastes algériens de faire des films destinés au grand public ?
    Pour relancer le cinéma, il faut d’abord avoir beaucoup de salles, beaucoup de duplex. On faisait des films grand public comme Les Vacances de l’Inspecteur Tahar, les films de Rouiched ou De Hollywood à Tamanrasset. Inculquer les valeurs de la Révolution algérienne, c’est nécessaire, c’est un travail de mémoire. Le public aime aussi les films où il y a de l’humour.

    J’ai proposé dernièrement un film humoristique, mais la commission ne l’a pas retenu. Elle est composée de 12 personnes, la majorité des producteurs et des réalisateurs.
    Je vais revoir le projet et relancer ça.
    Par ailleurs, un film est un produit qu’il faut produire et vendre comme tout autre produit dans d’autres domaines. Pour cela, il faudrait faire un bon film, une bonne promotion et une bonne bande-annonce.
    Pour Barbie, c’était complet. La Dernière Reine aussi. Le fait que certains disaient qu’il a été interdit, un moment, a finalement joué en sa faveur car tout ce qui est interdit attire. Le film grand public a ses ingrédients comme les histoires d’amour et l’action.


    Le public en a marre de ne voir que des drames. On dit que la philosophie est la mère des sciences. Je dirais que le cinéma est la mère des métiers… Par exemple, j’aimerais bien tourner des batailles à la Bouamama et cela fera travailler des artistes, des costumiers, des artisans, etc., en plus des métiers du cinéma.


    Il faudrait aussi produire beaucoup et pas uniquement pour le mois de ramadhan. Il faut aussi pouvoir se passer de ces espèces de sponsors qui ont créé une espèce de marché noir en exigent de faire jouer des influenceurs, parce qu’ils sont connus, à la place de comédiens professionnels.

    Des cinéastes ou artistes qui vous ont marqué ?
    Je suis très influencé par Mustapha Kateb, mon idole. Nous avons tous passé notre enfance avec les films de Hassan El Hassani, Rouiched, Wardia, des géants du cinéma qui m’ ont influencé.


    J’ai fait aussi beaucoup de musique de films. Dans ce domaine, je suis très influencé par Ahmed Malek. J’ai peut-être aimé le cinéma grâce à la musique de Ahmed Malek. Il était partout : Les Vacances de l’Inspecteur Tahar, Les aventures d’un héros, etc. J’ai été attiré par la musique de ce maître.

    Que pensez-vous de l’intelligence artificielle dans le domaine artistique ?


    Dans mon projet de film humoristique, j’ai voulu faire et appliquer de l’intelligence artificielle. étant informaticien, j’ai ma propre vision, mais j’ai envie de voir ce que l’intelligence artificielle peut donner en plus. J’ai des données… L’intelligence artificielle, c’est comme un moteur de recherches à qui il faut donner les bons mots-clés pour vous donner des idées.
    J’ai donc envie de voir ce que l’intelligence artificielle peut me donner.
    Entretien réalisé par Kader B.

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