Comédiens
Les comédiens insufflent la vie aux personnages de l'histoire, ils les font vivre sur grand écran. Delphine Zingg et Djolof Mbengue nous raconte.

Élément le plus visible d'un film au point que quelquefois on ne parle que d'eux, les comédiens sont d'abord des interprètes. C'est à eux de faire vivre les personnages imaginés par le scénariste et mis en scène par le réalisateur. Ils doivent donc être capables de se mobiliser, plan par plan, devant quelques dizaines de personnes sur le plateau, pour donner les nuances les plus intimes de leur personnage dans son évolution alors que le film est rarement tourné dans l'ordre chronologique de l'action.
PARCOURS
- Delphine Zingg> bout d'essai sur un film, cours de théâtre, premier rôle dans un précédent long métrage, fait beaucoup de théâtre.
- Djolof Mbengue> formation universitaire de maths appliquées, développeur WEB.
DELPHINE ZINGG Comédienne
" Une comédienne sur un plateau de cinéma c'est d'abord quelqu'un qui a lu et relu le scénario, qui a appris son texte et répété chaque scène avec le réalisateur, qui se lève tôt le matin pour se rendre sur le tournage, et y reste des journées entières. Et quand on n'y est pas, on y pense. Sur L'AFRANCE, j'ai passé en tout onze jours sur un tournage de deux mois mais ces onze jours n'étaient pas à la suite et, entre ces jours là il est difficile de ne pas être encore dans le film, en esprit. Certes le tournage était dense mais, comme toute l'équipe, j'étais entraînée par l'atmosphère pleine d'humanité et de bonne humeur instaurée par Alain. Seul le dernier jour de tournage a été vraiment dur car il a fallu reprendre beaucoup de plans ratés avant. Par ailleurs, il n'est pas difficile de jouer avec un comédien non professionnel, bien au contraire. Je suis professionnelle et je vois les trucs des professionnels pour faire vivre un personnage ; un comédien non professionnel ne triche pas, il se donne tout entier."
DJOLOF MBENGUE Comédien non professionnel
" Quand on n'est pas professionnel, il faut d'abord dépasser l'impression que ça fait d'avoir tant de monde autour de soi. Le premier jour on tournait au Trocadéro, je suis arrivé à 7 heures du matin, il y avait un monde fou, et c'était pour le film. Ils se sont mis en place autour de ce que j'avais à faire et je n'étais pas à l'aise. Pourtant, j'avais beaucoup répété avec Alain qui m'avait fait confiance et j'ai tout fait pour être à la hauteur de ses attentes.
Je ne suis pas un professionnel : un professionnel est capable de jouer sans ressentir, moi pas. Pour les dialogues, il a fallu que je les sente. Je les faisais passer dans ma tête dans ma langue, pour trouver le tempo et, quand je sentais que ça y était, je traduisais en français. Pour les scènes sans dialogue, c'était encore plus dur : j'ai appris que la caméra, surtout très près, amplifie le tout : il faut faire attention, ne pas trop jouer, si je sens monter la colère en moi, elle sortira, je ne dois pas la jouer. Je crois qu 'on a fait dix sept prises de ma colère contre mon ami, je n 'y arrivais pas et, le soir, tout seul chez moi, j'ai crié dans ma tête et le lendemain ça a marché. ça m'a aidé pour la scène de la douche où je tape dans le mur et qui a été tournée après celle de la colère. Je maîtrisais ce cri intérieur et j'ai tapé tellement fort que j'avais vraiment mal, mais en deux prises ça a été fait. Un autre film? … un tel film, dans une telle ambiance : oui. Mais j'ai déjà refusé un film où j'étais pris parce que je ne le sentais pas."