BLED NUMBER ONE - LA CRITIQUE

Tonton du bled

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- Durée : 1h37mn

Fiévreux, étrange et fascinant. Une étonnante réussite remarquée au dernier festival de Cannes.

L’argument : A peine sorti de prison, Kamel est expulsé vers son pays d’origine, l’Algérie. Cet exil forcé le contraint à observer avec lucidité un pays en pleine effervescence, tiraillé entre un désir de modernité et le poids de traditions ancestrales.

Notre avis : Pour ceux qui ont osé clore le dossier Rabah Ameur-Zaimeche trop hâtivement, voici une seconde expertise qui devrait assurément laisser des traces plus tenaces. On était en droit de rester perplexe face à son très acclamé premier long métrage Wesh wesh, qu’est-ce qui se passe ?, qui en dépit d’intentions louables souffrait d’une trop grande disparité entre ce qu’il voulait raconter d’un point de vue dramaturgique et ce qu’il voulait asséner socialement. Alternant sans la moindre ostentation les envolées lyriques et les ambitions documentaires, Bled number one s’avère infiniment plus convaincant. Ameur-Zaimeche quitte la grise banlieue parisienne pour l’Algérie et dès les premières images soulève l’ambiguïté : il incarne de nouveau le protagoniste qui à la fin de Wesh wesh disparaissait dans les bois poursuivi par un flic qui tirait deux coups de feu. A partir de là, toutes les hypothèses sont plausibles : est-ce que l’action se passe avant ou après Wesh wesh ? 
Inconsciemment ou non, le trouble se poursuit pendant toute la durée d’un film inapprivoisable qui progressivement dessine les contours d’une œuvre fragmentée, fiévreuse et personnelle. En creux, il scrute les faiblesses, les beautés et les contradictions d’un pays mais le voyage est avant tout initiatique. Sur un sujet qui a priori possède son cortège de lieux communs et de conflits binaires tannants, le réalisacteur édifie une quête identitaire étonnamment légère qui aborde pléthore de sujets parallèles sans s’abîmer dans la poésie poétoc, les digressions superfétatoires, le didactisme poids lourd, la gravité geignarde. Bref, toutes les choses qui fâchent. A mille lieux des effets de mode (la DV est bien exploitée, merci) et de la hype qui semble régner autour de lui, Ameur-Zaimeche n’a rien du petit malin mais peut-être tout du grand cinéaste. Petit à petit, il semble construire les prémisses d’une filmographie très cohérente. Pas de doute que s’il produit d’autres fictions de cette facture, il pourrait très vite se révéler indispensable.

 
Romain Le Vern

 

 
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