TABLE RONDE : "Algérie contemporaine"
 

Vendredi 19 octobre à 15h15

ALGERIE CONTEMPORAINE

NOUVEAUX REGARDS ALGÉRIENS
En 2003, à l'occasion de l'année de l'Algérie en France, Les Cahiers du cinéma ont édité, sous la direction de Charles Tesson, un numéro spécial sur l'état des lieux du cinéma algérien. Le constat, terrible, était celui d'une béance tragique dans l'industrie cinématographique et, plus que tout, dans la société. Le paysage cinématographique était passé d'un temps héroïque, avec la création de la cinémathèque algérienne en 1964, à une situation catastrophique lors de la privatisation à outrance des années 80. La suite, ce fut la décennie noire pour nos amis algériens, et le vide en terme de création et de représentations.

En entrant dans le troisième millénaire, l’Algérie a retrouvé un peu de sérénité et de sécurité. Cela a favorisé une certaine renaissance du cinéma algérien, et ouvert une voie, certes fragile mais réelle, à une nouvelle génération de cinéastes tels que Nadir Moknèche - Le Harem de Madame Osmane (2000), Viva Laldjérie (2004), Délice Paloma (2007) -, Tarik Teguia - Rome plutôt que vous (2006), Inlan (2008) - Lyes Salem – Mascarades (2008) - ou encore Malek Bensmail - Algérie(s), La décennie sanglante en deux volets (2003), La Chine est encore loin (2010)… Leurs oeuvres et d’autres, toutes aussi audacieuses, auscultent la société algérienne avec une rare acuité formelle.

Aujourd’hui, alors qu'il est malaisé de parler d'industrie du cinéma tant les moyens manquent (distribution et exploitation des salles quasi inexistants, malgré le travail et l'engagement de ciné-clubs tels Chrysalide ou de festivals comme Les Rencontres Cinématographiques de Béjaia et Les Journées Cinématographiques d'Alger), les films d'Amal Kateb, de Sofia Djama, de Lamine Ammar-Khodja, de Nazim Djemaï et Farid Bentoumi, ou encore de Sidi Ami Boumediène pour ne citer qu’eux, sont montrés dans les festivals internationaux, glanant des prix et la reconnaissance du monde du cinéma. Peut-on parler dès lors d'une relève du cinéma algérien lorsque celui-ci n'existe que par la volonté farouche de ses auteurs, en l'absence de tout relais industriel, économique et politique ?

Ce qui frappe, lorsque l'on découvre ces films pour la première fois, c'est de percevoir pour chacun d'entre eux un engagement entier dans le cinéma. Il n'est pas exagéré de les rapprocher du néoréalisme italien, car ces jeunes cinéastes algériens partagent avec leurs illustres prédécesseurs de nombreuses réalités : société meurtrie par une grave crise politique et économique, nécessité de filmer avec, pour citer Tariq Teguia « ce désir de rendre compte du présent d'une société, avec cette idée de voir. Rendre compte, à partir de ce qui affleure : les gestes, les fragments, et reconstituer ce qui m’entoure de façon cohérente (…) pour essayer de comprendre ».
Recevoir ces talents nouveaux au Fidel, et plus encore, au sein de la Cité nationale de l'immigration, c'est pour nous l'occasion de rendre hommage à la créativité algérienne tout en permettant au public francilien de découvrir une cinématographie en tout point réjouissante, car libre et indépendante.
Nadia Meflah, déléguée artistique du FIDEL

Débat « Nouveaux regards algériens » animé par Charles Tesson, avec les réalisateurs Zineb Sedira, Amin Sidi-Boumediène, Nazim Djemaï, Farid Bentoumi et Lamine Ammar-Khodja.
 

 

 

Programme de courts-métrages :
 

And the road goes on de Zineb Sedira
Balade poétique, Algérie, 2005, 8 min
And the road goes on (Sur la route) est un road-movie élémentaire réalisé le long de la côte algérienne. C’est une fenêtre ouverte sur un territoire intime et lointain, l’Algérie. Mélopée du bord de route, à ciel ouvert, entre mer bleutée et terre rougeoyante, cette balade made in bled se vit comme une respiration/inspiration salutaire et bienvenue. Voir la fiche du film.

Demain, Alger ? D'Amin Sidi-Boumediène
Fiction, Algérie 2012, 20 min.
Trois jeunes discutent en bas d’un immeuble. Le départ imminent de leur meilleur ami est au centre de leurs discussions qui virent très vite à la dispute. Dans un appartement au-dessus, Fouad fait sa valise dans le silence sous le regard de sa mère. Il hésite à dire au revoir à ses amis. Dans le parking de la cité, les trois jeunes attendent. Fouad discute alors avec son père d’un éventuel retour «demain» dans une Algérie qu’il ne reconnaîtra certainement plus.  Voir la fiche du film.

 

La Parade de Taos de NazimDjemaï
Fiction, Algérie, 2010, N&B, 19 min.
Taos, une très belle jeune femme, rencontre régulièrement un homme dans le jardin zoologique d'Alger. Là, les couples d'amoureux sont mal à l'aise devant les regards hostiles des promeneurs et ne trouvent d'intimité qu'à l'abri de la végétation. Un jour, Taos attend en vain son amant. Pour la première fois, elle se retrouve seule dans le jardin. Elle erre, bientôt harcelée par une bande de gamins, puis par un gardien. Quand Taos retourne au jardin vêtue d'un hijab, elle croit voir son amoureux en compagnie d'une autre femme. Voir la fiche du film.

Brûleurs de farid Bentoumi
Fiction, Algérie, 2011, 15 min.
Amine, jeune algérien, achète une caméra vidéo dans une boutique d’Oran. Il filme des souvenirs de sa ville, de son appartement et, une dernière fois, des images de sa fiancée et de sa mère. Avec Malik, Lotfi, Mohammed et Khalil, ils embarquent sur une barque de fortune pour traverser la Méditerranée. Caméra au poing, Amine filme les traces de leur voyage. Voir la fiche du film.

Comment recadrer un hors la loi en tirant sur un fil de Lamine Ammar-Khodja
Fiction, 2011, Algérie, 21 min.
Un Algérien rencontre une Algérienne dans un champ vert, un manouche sur un banc bleu, un Allemand dans un champ de ruines. Et au lieu d'un film sur l'identité, il comprend « lis ton idée ». Non loin de là traîne le débat sur l'identité nationale. Voir la fiche du film.

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