Salim Aggar revient sur les Journées Cinématographiques d?Alger
31/10/2012

Lors d’une interview accordée au quotidienL’Expression, Salim Aggar, président de l’association « À nous les écrans », est revenu sur les Journées Cinématographiques d’Alger (JCA), qui ontpris fin le 19 octobre. En évoquant ses choix éditoriaux, il a également expliqué pourquoi plusieurs films issus du printemps arabe se sont imposés de façon prépondérante dans l’événement.
Cette année, votre programmation a privilégié un certain penchant pour les films ayant trait aux révolutions arabes. Pourquoi ce choix ?
Ce n'est pas un choix c'est l'actualité qui l'a imposé. Les JCA ont été le premier festival en Algérie à projeter des documentaires tunisiens et égyptiens sur les révolutions arabes. Nous ne nous sommes pas arrêtés là, on a organisé durant les JCA deux conférences sur le thème. L'une sur l'avenir du cinéma arabe après les révolutions et la deuxième l'a abordé directement avec les réalisateurs après la diffusion de quatre documentaires sur les révolutions arabes en Tunisie et Egypte.
Quelle est en somme la «ligne éditoriale» des JCA pour ceux qui ne le savent pas encore ?
En général, il n' y a pas de ligne éditoriale dans les festivals, ce sont les films qui imposent les thèmes et les choix éditoriaux. Pour ce qui nous concerne, nous voulons d'abord présenter le cinéma algérien aux invités étrangers, ensuite faire découvrir au public algérien, des films qui n'ont jamais été présentés en Algérie. Nous recherchons tout de même des films de qualité et si possible de grande facture. Nous ne faisons pas seulement dans le cinéma de proximité ou le cinéma d'avant-garde, comme certains rendez-vous en Algérie. Nous sommes plutôt dans le cinéma, dans toute sa lumière, un cinéma ouvert à toutes les tendances. L'avant-gardiste, l'expérimental, l'auteur et même le commercial. Notre objectif c'est de satisfaire tous les publics.
Vous avez donné la part belle au meilleur cru du court-métrage. Un genre qui a drainé beaucoup de monde. Vous l'encouragez aussi avec le concours du meilleur court-métrage et scénario. «A nous les écrans» compte-t-elle un jour produire un de ces jeunes cinéastes en herbe ?
Ce n'est pas dans les prérogatives de produire les jeunes. Dans les statuts de notre association, on fait la promotion du cinéma et plus particulièrement du court- métrage et du documentaire. On ne peut pas produire, on n'est pas une société de production.
En revanche, on peut former et accompagner les jeunes réalisateurs, c'est ce qu'on a fait pour le DOC d'Alger, où une douzaine de jeunes ont été initiés grâce à la réalisatrice espagnole Paula Palacios, à l'écriture du documentaire. L'association «A nous les écrans» va accompagner ces jeunes réalisateurs à produire leur premier film à l'occasion de la 4e édition des JCA, qui aura lieu en octobre 2013.
Le long-métrage ne figure pas dans votre section compétition, pourquoi ?
Le long-métrage était en compétition seulement pour le Prix du public. Nous avons présenté durant les JCA, quatre longs-métrages, dont deux fictions. A partir de l'année prochaine, nous allons introduire le prix du meilleur long-métrage, mais pour cela, nous avons besoin d'un budget plus conséquent et surtout d'une semaine de festival, car il faut au moins huit films en compétition. Il faut dire aussi que s' il n' y a pas de dotation conséquente, les réalisateurs de long-métrages ne participent pas aux festivals.
Malgré cela, deux réalisateurs nous ont fait confiance malgré leurs obligations: Rachid Bouchareb qui nous a offert l'exclusivité de présenter son dernier film Just like a woman et le réalisateur marocain Besri Mohcine, qui nous a offert son film Les mécréants, alors qu'il était en compétition au Festival de Abou Dhabi. Pour l'année prochaine, nous avons déjà reçu des promesses de participation dans la catégorie fiction, du film arabe, français et américain.
Quel bilan faites-vous objectivement de cette nouvelle édition qui vient de s'achever ? En êtes-vous satisfait ?
Je suis très satisfait. Nous avons réussi avec des moyens financiers modestes, à organiser un rendez-vous cinématographique international à Alger. Nous avons réussi à programmer 40 films dont 80% n'ont jamais été diffusés en Algérie. Quatre films sur les cinq films programmés lors des prochaines Journées cinématographiques de Carthage, ont été sélectionnés par les JCA, ce qui démontre que nous avons fait une bonne programmation et surtout que nous sommes sur la lancée d'un festival qui existe depuis les années 1970.
Ce rendez-vous a été réussi grâce au soutien de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, qui nous a soutenu dès la première édition. Je tiens également à remercier le directeur du Centre national de la cinématographie, Monsieur Semiane, qui nous a offert ce bel espace qui est la cinémathèque, qui a ébloui nos invités algériens.
Je tiens enfin à remercier l'Office national des droits d'auteurs à travers Monsieur Bencheikh, qui a décidé de nous accompagner dans notre initiative du concours de scénario et de la formation DOC d'Alger. Les JCA ne peuvent se faire sans l'apport des institutions publiques et privées elles sont et seront le plus grand défenseur de la culture algérienne en général et du 7ème art en particulier.
Source : L’Expression
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