.Le royaume des fourmis projeté en ouverture de méditerraciné à Alger
le 12.11.13 | 10h00
Le royaume des fourmis a été projeté en ouverture des deuxièmes Journées du film méditerranéen d’Alger, Mediterraciné, qui se tiennent jusqu’au 14 novembre à la salle Ibn Zeydoun, à Riad El Feth.
C’est un film ouvertement pro-palestinien. Tellement «marqué» qu’il perd de sa valeur au fil des images et bascule dans l’ennui dramatique. Le royaume des fourmis, du Tunisien Chawki Mejri, a été projeté, dimanche soir à la salle Ibn Zeydoun, à Alger, en ouverture des deuxièmes Journées du film méditerranéen d’Alger, Mediterraciné, organisées par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC). Ce film se déroule dans les territoires palestiniens en 2002. L’armée israélienne est partout. Un officier recherche Tarek (Moundhir Rihana), un combattant, qui est en liaison avec Jalila (Saba Mubarak). Jalila vit avec sa grand-mère, Khadra, (Juliette Awad) dans une maison à côté d’une forêt.
Dès les premières scènes, on comprend où veut nous mener le cinéaste. Montrer la situation difficile du peuple palestinien. Pas besoin d’aller plus loin pour le comprendre. La réalité est là, implacable, figée. Vous vouliez voir une fiction ? Vous êtes servis ! Jalila (un nom choisi sans doute pour rappeler Al Jalil, la Galilée) affronte un officier israélien et lui annonce qu’elle sera l’épouse de Tarek. Le mariage sera célébré dans des galeries en sous-sol au milieu de bougies et à côté d’un lac souterrain.
De la poésie ? Du romantisme ? L’amour entre Tarek et Jalila est supposé être vrai et pur. La lune de miel se fera donc en sous-sol, loin du soleil ! Khadra visite le couple et leur propose de mettre une pomme dans une assiette et de l’exposer à la pleine lune pendant trois nuits avant de la découper et de la manger. Abu Naml, le vieux, le grand-père, le patriarche, veille sur les lieux. Il est évident que son «rôle» est de garder la mémoire d’une terre gorgée d’histoire, de larmes, de sang et de trahisons. Jalila enfante en prison. Salem portera le nom d’un souvenir douloureux que Khadra traîne en silence.
Salem se pose des questions sur son père, voit son camarade de classe Mohamed mourir après un bombardement israélien de l’école et accompagne son grand-père à Al Qods pour la prière de l’Aïd. Le vieil homme lui fait visiter son «royaume» sous terrain. «Les entrailles de la terre nous protègent de tous les malheurs», confie-t-il à Salem. Il y a donc deux mondes en parallèle : sur terre, les drames, les malheurs, les souvenirs douloureux. Et sous terre, l’apaisement, la paix et le calme… L’excès de symbolisme, le romantisme tiré par les cheveux et la quête abusive de l’émotion ont considérablement affaibli le film de Chawki Mejri, qui signe là son premier long métrage. On connaît les bons, on connaît les méchants…
Et puis, c’est tout. Ou peut-être qu’il faut pleurer à chaudes larmes. Avoir de la peine. Est-ce là la bonne manière de défendre une cause ? Il y a de quoi douter. Mais où est donc passé l’art, la création, l’imagination ? A ce niveau-là, Chawki Mejri n’a pas rompu avec les mauvaises habitudes de la télévision. Chawki Mejri est connu dans l’univers du petit écran arabe avec, notamment, la réalisation des feuilletons Ismahan (la célèbre chanteuse égyptienne d’origine syrienne), Abou Jaâfar Al Mansour, Houdou nesbi et Taj Echouk… Chawki Mejri a obtenu plusieurs distinctions pour ses réalisations télévisées. Mais pour le cinéma, il aura besoin de convaincre. Pour cela, il doit s’éloigner du prêt à penser, du discours facile et de «l’émotionnellement correct». Le royaume des fourmis est une coproduction entre la Tunisie, la Syrie et l’Egypte.
«Il s’agit de producteurs privés. Nous n’avons pas voulu faire intervenir les Etats. Les comédiens et les techniciens viennent de plusieurs pays arabes. Malheureusement, ce long métrage n’a pas eu de chance dans la distribution. Peut-être parce que le film refuse le jeu d’équilibre, désigner ceux qui ont raison et ceux qui ont tort. Le film est clairement du côté du peuple palestinien», a soutenu, dimanche soir, à la salle Ibn Zeydoun le producteur, Najib Ayed. «Nous avons, dès le départ, décidé que ce film soit panarabe. Ni tunisien, ni égyptien, ni syrien», a-t-il ajouté. Plusieurs longs métrages seront projetés durant le Mediterraciné dont l’excellent Le chemin de Halima, du Croate Arsen Anton Ostojic (film de clôture), le très attendu Omar, du Palestinien Hany Abu Assad. A découvrir, L’hiver dernier, de l’Egyptien Brahim Al Battout, Mort à vendre, du Marocain Faouzi Ben Saïdi, Reality, de l’Italien Matteo Garrone et Blind intersections, de la Libanaise Lara Saba. Les films sont projetés à 15h, 17h et 19h. L’entrée est gratuite.