«Le hublot» d'Anis Djaâd

Projeté en première partie de «Ce que le jour doit à la nuit», le premier court-métrage du journaliste et écrivain Anis Djaâd a le mérite de miser sur une jeune équipe animée par une volonté sincère d’exprimer les maux de toute une jeunesse.

Coproduit par «Les films de la source» de Bachir Derraïs et l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), «Le hublot» s’ingénie à condenser le désespoir de deux amis, campés par Mehdi Ramdani et Amine Menteser qui conjurent l’ennui, le chômage et la malvie avec du cannabis et une vue sur la mer. Si la mise en scène surprend par sa recherche du beau dans le moindre détail, notamment les lumières à la fois subtiles et mélancoliques qui enlacent l’intégralité du film, le scénario, lui, n’échappe pas aux stéréotypes que l’on croirait désormais indéboulonnables !

En effet, on a beau savoir que le chômage fait des ravages en Algérie et que beaucoup de jeunes rêvent de rejoindre l’autre côté de la Méditerranée, parfois en faisant appel aux vertus de «marieuse» que peut avoir Internet, on déplore une transposition littérale de cette réalité dans le cinéma.

C’est ce que l’on voit dans le court-métrage d’Anis Djaâd qui reproduit, avec assez de traits caricaturaux, le quotidien de ces deux jeunes hommes en prise avec le désespoir, l’un résigné à son malheur, l’autre projetant de s’envoler vers Marseille par le biais d’une promesse virtuelle de mariage.

Leur seule échappatoire est la vue dégagée sur la mer que leur offre la terrasse de leur immeuble, une parenthèse d’oubli et de sérénité que vont bientôt leur ôter les autorités qui construiront des immeubles défigurant et supprimant le paysage. Cette malheureuse nouvelle bouleverse le film et lui insuffle une beauté symbolique qui s’accentue avec la vision du jeune homme plongeant dans le vide pour s’épargner la perte de son seul refuge.

S. H.

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