Les femmes algériennes sont au cinéma telles que dans la vie sans fioriture.
Elles racontent leurs histoires, témoignent, simplement.
Hier, dans une Algérie en guerre, aujourd'hui, dans un pays traversé de souffrances, elles restent déterminées, courageuses, relèvent le défi de tenir face aux menaces, à la violence et à l'injustice qui leur est faite.
Dans Elles (Ahmed Lallem, 1966), les femmes témoignent de leurs combats et leurs espoirs au lendemain de l'indépendance. Qu'en serait-il ? Pour certaines, l'important est de gagner l'égalité pour construire une Algérie socialement juste. D'autres affirment leur émancipation dans un quotidien trop souvent envahi par le poids de la tradition. C'est encore vrai aujourd'hui.

Trente ans plus tard, le réalisateur recueille à nouveau le témoignage de ces mêmes femmes pour raconter ce qu'est devenue l'Algérie. Les déceptions sont grandes. Mais elles combattent toujours l'obscurantisme. Par le documentaire ou la fiction, la capacité à exprimer le vécu des femmes dans la société algérienne apparaît de manière constante dans son cinéma.



Le cinéma de Yamina Benguigui traite pour sa part, des femmes algériennes dans l'exil. Mémoires d'immigrées, après un portrait émouvant du père, dresse celui des mères et des filles, en exprimant toute la tristesse du départ, la difficulté de vivre en France, une société nouvelle à laquelle il faut s'adapter, encombrées d'une culture, d'une histoire, d'une religion et de traditions qu'elles souhaitent conserver, transmettre à leurs enfants. Prise entre intégration et tradition, cette deuxième génération vit tant bien que mal cette double appartenance. Exil à domicile, de Leila Habchi illustre encore la complexité de la vie des Algériennes en France. Vivre ici, penser là-bas ? L'exil est souffrance. Mais le temps apaise et les témoignages des femmes émeuvent.

Après Inch'Allah dimanche, une douce fiction sur la vie de femme exilée, Yamina Benguigui tourne Le plafond de verre. Le film aborde la discrimination dont sont victimes au travail les jeunes issus de l'immigration et particulièrement ceux nés en France, de parents venus d'Algérie ou d'Afrique. Le passé colonial ressurgit. L'inégalité subie par ces jeunes algériens les renvoie à une exclusion sociale qu'ils ne pouvaient supposer ou, en tout cas admettre, alors que leurs parents s'installaient en France : pour quelque temps ou pour toujours ? Promesse de retour, sans suite ou pas avant longtemps. L'installation en France d'une deuxième voire troisième génération donne le ton : l'aller-retour est permanent entre la France et l'Algérie. II ne s'agit pas de voyages, mais d'amour, même s'il reste encore quelque nostalgie et des souvenirs douloureux.