C’est l’histoire d’une génération de musiciens, juifs et musulmans, passionnés de chaâbi, courant musical né dans la rue et popularisé par El Hadj M’Hamed El Anka sur les plateaux de télévision dans l’Algérie des années cinquante. Vinrent la guerre d’indépendance et l’exil des Pieds-Noirs. Le hasard a mis la réalisatrice Safinez Bousbia sur la trace de certains de ces vieux messieurs nostalgiques d’une jeunesse révolue et d’amitiés séparées par la politique et la Méditerranée. Le temps ayant fait son œuvre, l’heure de la réunion a sonné : la scène du Grand Rex à Paris, puis d’autres, ont vibré de leurs rythmes retrouvés l’année dernière - au point de rencontrer un succès inattendu : Damon Albarn a été jusqu’à réaliser un album avec une partie des membres de la formation baptisée "El Gusto" (qui signifie "La bonne humeur").
Safinez Bousbia, elle, a décidé de filmer ses instants. Sur le fond, la démarche est louable et respectable. Sur la forme, son documentaire, faussement humble et pas très structuré, est frustrant. On parle trop peu de cette musique et de ses spécificités. On revient trop longuement, à coup d’images d’archives au demeurant parcellaires et de commentaires convenus, sur la guerre d’Algérie. On passe à côté de la grande question : que s’est-il passé entre 1962 et 2012 ? Et le cœur du film, c’est-à-dire les retrouvailles des musiciens et leur tournée internationale, est confiné à la dernière partie d’un film qui manque de rythme et d’une musicalité propre.
Réalisation : Safinez Bousbia. 1h28