CARTOUCHES GAULOISES - LA CRITIQUE
Un monde à part
- Réalisateur : Charef, Mehdi
- Acteurs : Hamada, Bonnafet Tarbouriech, Thomas Millet
- Genre : Drame, Historique, Film de guerre
- Date de sortie : 08 août 2007
Durée : 1h32mn
Des Cartouches... bouleversantes et salutaires sur la Guerre d’Algérie
L’argument : 1962 : l’Algérie française a vécu. Ali, à peine onze ans, devient le témoin d’un monde qui s’effiloche. Un monde qui s’en va vers la liberté nationale, mais au prix du sang.
Notre avis : Contrechamp sur la mémoire historique percluse de la Guerre d’Algérie, Cartouches gauloisescomplète un puzzle cinématographique de quarante ans d’âge. Depuis La bataille d’Alger, de Gillo Pontecorvo, on compte les films affrontant cette problématique sur les doigts d’une main - notammentMon colonel, de Laurent Herbiet ou le récent L’avocat de la terreur. Le mérite du film ne tient pas seulement, même s’il est salutaire, à l’ajout du point de vuealgérien à cet ensemble.
En retrouvant ses souvenirs enfouis sous les tisons de la tristesse, Medhi Charef a peut-être réalisé son grand œuvre. Film sur l’enfance et la déchirure historique, il porte haut la référence intime dans un long métrage qu’il ne faudrait pas réduire à un Grand cheminalgérien. Alors que la transition de 1962 se prépare, Ali (Ali Hamada) et Nico (Thomas Millet) vivent les derniers instants de leur amitié. L’un est arabe, l’autre pied-noir, tout les oppose donc dans ce monde colonial clivé.
Sous le soleil d’Alger, ce sont la perte, la peur et le viol qui rôdent. Charef compte les morts dans les rangs algériens, relève le mépris altier des colons tout à une vie d’aisance. Pourtant le réalisateur est plus proche de Mankiewicz que de Pontecorvo. Dans ce monde déchu de son pouvoir, le chef de gare (Bonnafet Tarbouriech) devient un personnage en quête d’auteur, préparant méticuleusement la place qu’il va quitter pour son successeur algérien. Le constat historique, le détail documentaire s’irisent de poésie dans ce film déchirant.