Rencontre avec Michel Boujenah : ´J' attends le bon scÈnario pour tourner en Tunisieª Version imprimable Suggérer par mail
Rencontre avec Michel Boujenah
Comédien, auteur de «one-man-show», réalisateur de cinéma et humoriste, Michel Boujenah est certainement le plus célèbre des artistes du genre en Tunisie. 

Nous avons donc profité de sa présence au tournoi international de golf, organisé le week-end dernier dans le nouveau terrain de golf de Gammarth, pour solliciter une interview. Bien qu’invité VIP à cet événement, Michel Boujenah reste avant tout une personne d’une modestie rare...

 

Est-il vrai que vous avez beaucoup souffert lorsque, à l’âge de 11 ans, vous aviez dû quitter la Tunisie pour partir vivre en France? 
Oui, absolument. J’ai beaucoup souffert de ma rupture avec mon pays natal. C’était d’ailleurs le thème principal abordé dans mon tout premier spectacle «Albert», au début des années 1980, où je parlais de mes racines juives tunisiennes et des juifs tunisiens immigrés en France. Il faut aussi savoir que lorsque j’ai passé le concours de l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre national de Strasbourg, j’ai été recalé à cause de mon accent juif tunisien trop marqué.


En pensant à tous les spectacles que vous avez montés depuis plus de trente ans, quel est celui que vous aimez le plus ? 
Je dois être persuadé par mon rôle avant de pouvoir le jouer. J’aime donc tous mes spectacles avec tout de même un petit faible pour «Les magnifiques» qui a véritablement lancé ma carrière d’humoriste.


Vous attendiez-vous à connaître le même succès au cinéma ? 
J’ai débuté ma carrière au cinéma à l’âge de 27 ans, avec le rôle d’un homme gentil et naïf dans le film Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes de Jan Saint-Hamont. Dans ce film, j’ai constaté que l’humour drôle naïf, c’est lorsqu’on se fait passer pour un c… et que ça fait rire tellement on l’est. Par la suite, j’ai joué dans Trois hommes et un couffin où je me suis vu attribuer le César du meilleur second rôle masculin (1984). Sincèrement, je ne m’y attendais pas du tout et j’avoue que cette distinction m’a encouragé à m’investir dans mon métier d’acteur.


Le respect du père et de la famille est un thème récurrent dans vos spectacles, comment expliquez-vous ce choix? 
C’est un thème qui me touche particulièrement. J’ai été éduqué dans le respect de ceux qui m’entourent. Il n’y a rien de plus beau qu’un père qui avoue son amour à son fils et qu’un enfant qui prend son père entre ses bras en lui disant je t’aime. Cela peut sembler banal, mais lorsque je traite cela dans mes spectacles et même quand c’est fait avec beaucoup de distance et de dérision, le public adhère profondément.


Quelle différence faites-vous entre votre métier d’acteur au cinéma et votre travail de comédien au théâtre ? 
Je dirais qu’au cinéma c’est comme lorsque tu écris une lettre d’amour à ta femme. Elle reçoit la lettre sans voir comment tes yeux brillent et tes lèvres tremblent. Tandis qu’au théâtre, tu lui dis ce que tu as à dire en face. Il y a une sacrée différence. En 1996, Férid Boughedir vous a sollicité pour jouer dans son film Un été à La goulette, comment jugez-vous cette expérience? Je garde un excellent souvenir de cette période. Je me rappelle qu’en compagnie de Claudia Cardinale, on s’était beaucoup amusé. En même temps, ce film a éveillé beaucoup de nostalgie.


Maintenant que vous êtes passé derrière la caméra en réalisant Père et Fils ( 2003) et 3 amis ( 2007), pensez-vous tourner un film en Tunisie avec des Tunisiens et dont le sujet concerne votre pays d’origine? vous verra-t-on un jour réaliser un film tunisien? 
Certainement. Mais j’attends qu’un bon scénario me tombe entre les mains. A ce moment-là, je foncerais.

 

 

Source : La presse    

 

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