OSMANE BELKACEM, Auteur, Metteur en scène et humoriste
“Je déplore le peu d’intérêt qu’on accorde au produit littéraire”
Par : Rachid Hamatou
L’auteur, qui a déjà derrière lui une carrière de près de 30 ans dans l’écriture (scénario, poésie, contes, monologues, etc.), ne manque point d'humour en dépit de ses cris de cœur et d'alarme quant à la situation de l'auteur dans les Aurès qui ne trouve pas d’éditeur.
Liberté : Lors de votre intervention à la rencontre littéraire organisée à Tkout, jeudi dernier, vous avez déclaré qu’aucune de vos œuvres n’a pu voir le jour. Pour quelles raisons ?
Osmane Belkacem : Lors de mon intervention, j’ai constaté et déploré l’absence d’éditeurs, le peu d’intérêt qu’on accorde au produit littéraire ou théâtral, à un moment où le gain facile fait ravage. D’autres facteurs s’ajoutent certainement à ce constat. J’ajouterais également que nous n’avons pas de supports médias à travers les Aurès. Je suis ici grâce à internet, et, en effet, peut-être qu’une ouverture se dessine à travers les nouveaux moyens qui ont bouleversé le monde.
Vous avez également parlé du HCA (Haut Commissariat à l’amazighité)...
Effectivement, la formule proposée par cette institution n’a plus aucune raison d’exister. Si vous déposez une œuvre en 2013 pour qu’elle soit publiée en 2025, ce n’est vraiment pas la peine, sachant également que ce n’est point rentable.
Je ne veux pas brader mon produit ou travailler pour rien. Il est urgent que les responsables du HCA revoient leur méthode ou façon de travailler que je considère peu ou pas claire du tout.
Vous dites écrire et produire sans être édité depuis 1984. À combien estimez-vous le nombre de vos écrits non publiés ?
Je ne me suis pas spécialisé dans un seul domaine, car j'ai produit des contes, des adages et charades en chaoui, des scénarios pour films, des pièces de théâtre… En tout, une trentaine d'œuvres imprimées qui n'attendent que preneur et une diffusion.
Mais cette forme de stagnation risque de vous décourager…
évidemment, quand vous voyez matin et soir ce que vous produisez au stade brut, c'est juste écrit, ça ne peut que vous décourager. Nous entendons parler de l'aide l'état à la création dans toute sa diversité, mais, honnêtement, nous n'avons ni vu ni reçu cette aide, en dépit de nos différentes démarches. Je parle en utilisant le “nous”, car je ne suis pas la seule personne dans cette situation intolérable.
Que proposez-vous dans ce cas ?
Une commission de lecture installée à Alger ou qui fait des déplacements à travers le pays. Peut-être que ce que je produis ne mérite pas d'être imprimé et diffusé, mais lorsqu’on me le dira, au moins je serai fixé.
R. H