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L’actrice australienne Cate Blanchett a remporté, samedi, le prix d’interprétation féminine pour son rôle de cheffe d’orchestre ivre de pouvoir dans Tár. L’Irlandais Colin Farrell a remporté le prix d’interprétation masculine pour son rôle de fermier au cœur tendre dans Les Banshees d’Inisherin.
Du côté algérien, La dernière reine de Adila Bendimerad et Damien Ounouri, un film historique sur la conquête d’Alger par les Turcs et le parcours exceptionnel de la reine Zaphira, sélectionné aux Journées des auteurs, a valu à sa coréalisatrice la mention spéciale des auteures femmes de moins de quarante ans «Valentina Pedicini».
La documentariste Laura Poitras a remporté, samedi 10 septembre, le Lion d’or de la 79e Mostra de Venise pour un film qui met en lumière le parcours de la photographe Nan Goldin et son combat contre les opiacés aux états-Unis.
À 58 ans, la réalisatrice américaine remporte son deuxième prix majeur, après l’Oscar du meilleur documentaire pour Citizenfour (2015), réalisé aux côtés du lanceur d’alerte Edward Snowden.
Pas de révélations fracassantes cette fois dans All the Beauty and the Bloodshed, mais un voyage à travers la vie de Nan Goldin, photographe de 68 ans connue pour ses clichés du New York underground et qui a tant côtoyé la mort, du sida à la crise des opiacés, son dernier combat. Car Nan Goldin a pris la tête d’un combat à la David contre Goliath contre les producteurs d’opioïdes, des antidouleurs qui ont rendu dépendants et tué un demi-million d’Américains ces deux dernières décennies.
Le documentaire y revient longuement : la photographe, ayant elle-même frôlé la mort à cause de sa dépendance, a mis sa notoriété au service de la lutte contre la richissime famille Sackler qui a produit l’Oxycodone.
Peu de documentaires sont sélectionnés dans les principaux festivals internationaux de cinéma, bien que ce genre fasse montre d’une belle vitalité ces dernières années.
En 2013, la Mostra avait déjà récompensé un documentaire, Sacro GRA, de Gianfranco Rosi, autour du périphérique enserrant la ville de Rome.
L’actrice australienne Cate Blanchett a, quant à elle, remporté le prix d’interprétation féminine pour son rôle de cheffe d’orchestre ivre de pouvoir dans Tár, de Todd Field.
Actrice et militante féministe habituée des jurys et des palmarès, Cate Blanchett, 53 ans, est une interprète polymorphe, capable de jouer aussi bien une princesse elfe (Le Seigneur des anneaux), une scientifique du KGB (Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal) que des grandes bourgeoises (Blue Jasmine ou Carol).
Dans Tár, Cate Blanchett, visage diaphane, joue une cheffe d’orchestre ultra-célèbre, en couple avec une violoniste de son orchestre, qui va être rattrapée par son passé. Un rôle qui porte un regard complexe sur la dénonciation du harcèlement ou l’abus de pouvoir par des femmes sur leurs subordonnées, et fait écho aux engagements de l’artiste.
Il y a quinze ans, elle avait déjà remporté le prix à Venise pour I’m Not There, de Todd Haynes, où elle incarnait, franchissant la frontière du genre, un autre musicien, Bob Dylan.
L’acteur irlandais Colin Farrell a, lui, remporté le prix d’interprétation masculine pour son rôle de fermier au cœur tendre dans une comédie à l’humour noir, Les Banshees d’Inisherin.
Devant la caméra de son compatriote Martin McDonagh, Colin Farrell, 46 ans, brille dans une parabole sur la violente fin d’une amitié dans le cadre bucolique d’une île isolée d’Irlande dans les années 1920, à l’époque de la guerre d’indépendance. Martin McDonagh lui offre dans Les Banshees d’Inisherin des retrouvailles avec l’acteur Brendan Gleeson, reconstituant ainsi le trio gagnant de la comédie Bons baisers de Bruges (2008).
La Mostra de Venise a par ailleurs envoyé un signal politique contre la censure et le pouvoir iranien en décernant un prix spécial du jury à Jafar Panahi, montrant qu’elle n’abandonnait pas à son sort le réalisateur, emprisonné depuis juillet. En son absence, le cinéaste a été longuement ovationné debout par le public à Venise, après l’annonce de son prix. Figure majeure du cinéma iranien empêché par son incarcération de venir défendre son film Les ours n’existent pas, Jafar Panahi, 62 ans, y livre une mise en abyme, celle d’un créateur enfermé dans son propre pays, pour mieux dénoncer l’oppression.