Mostra de Venise, jour 4

Les jours ne se ressemblent pas à la Mostra de Venise. Dimanche 3 septembre morose, lundi 4 plus rose.
La catastrophe du jour, même si l’on n’en attendait pas grand-chose, c’est le nouveau film de Terry Gilliam : The Zero Theorem. Co-production internationale un peu cheap, ce film de science-fiction mériterait de remporter le Lion de béton du film le plus plombant de la première moitié du festival. Si l’on devait le résumer en deux mots, ce seraient : lourdeur et laideur. De la mise en scène, du jeu des acteurs, de la “pensée”, des sentiments, des personnages. En fait, Terry Gilliam ne semble pas avoir avancé d’un pouce depuis Brazil, sauf qu’il ne dispose plus des moyens imposants qui étaient les siens à l’époque et surtout que le monde, lui, n’est plus tout à fait le même. Sa critique de la société libérale fait plof. Ce voyage dans le futur se trompe de direction et part vers le passé. N’insistons pas, sinon pour dire que le pauvre Christopher Waltz y joue le plus mauvais rôle de sa vie depuis quelques années, que Mélanie Thierry est malmenée. Dans le genre, The Meaning of Life en disait plus sur aujourd’hui. Bref.
On a aussi découvert une jeune cinéaste. Dans la famille Coppola, voici donc la petite-fille de Francis, la nièce de Roman et Sofia, la jeune Gia (26 ans, la fille de Gio, le fils aîné de Francis, mort accidentellement à 22 ans). Encore une “fille de”, oui… Palo Alto, son premier film, n’a rien de génial. Surtout, on a l’impression de l’avoir déjà vue cent fois, cette adolescence américaine qui ne peut pas s’empêcher de faire des bêtises plus grosses qu’elle (ne serait-ce que chez Sofia). Mais le film a confiance dans le cinéma, se laisse aller à des digressions gracieuses, prend son temps, décrit les parents avec finesse, les intermittences du cœur et du sexe avec humanité et indulgence. Cette fille a le sens du tempo. On se laisse entraîner par le charme intelligent du film et celui de ses interprètes, dont certains déjà célèbres : James Franco (qui a produit le film), Val Kilmer (hilarant en beau-père junky), la craquante Emma Roberts. Bon. Une dynastie de cinéma, ces Coppola. On attend mieux la prochaine fois.
On a vu aussi une partie du nouvel opus de quatre heures du grand documentariste Frederick Wiseman, At Berkeley, qui décrit les arcanes de cette grande université californienne. Un début génial, enthousiasmant, galvanisant, politique. Un film qui agite des idées. On en reparlera quand on l’aura vu en entier à Paris (et surtout avec des sous-titres français…).
Ana Arabia, le nouveau film de fiction d’Amos Gitai, nous a laissés un peu de marbre : un plan séquence de 84 minutes au cœur d’une maison, de ses cours intérieures. Une journaliste est venue enquêter sur une femme qui y habitait depuis 1948 et qui vient de mourir. Rescapée d’Auschwitz, elle avait fait scandale en épousant un Arabe musulman. La journaliste interroge le mari, les enfants… L’ensemble est assez artificiel et théâtral, parfois émouvant, mais ne trouve jamais l’élan nécessaire pour nous embarquer, nous subjuguer, nous soumettre à sa forme.