Vendredi 31 mai 2013

83 CLINT-001

 
 
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Par Fred Jay Walk - Publié dans : LES CHEFS-D'OEUVRE DU WESTERN - Communauté : WESTERN MOVIES 
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Dimanche 13 janvier 2013
Lundi 4 juin 2012

JEREMIAH J« JEREMIAH JOHNSON » apparaît comme le produit presque contre-nature de deux auteurs diamétralement opposés : le scénariste John Milius, avec son approche « sauvage » et légendaire et le réalisateur Sydney Pollack qui donne à son film un rythme de chronique contemplative et plus terre-à-terre. Au lieu de déséquilibrer le résultat, ce double regard lui donne une profondeur et une émotion inespérées, uniques. 

L’histoire de Johnson, un ancien soldat – un déserteur, peut-être ? – qui s’exile dans les Rocheuses, pour oublier les hommes et leur folie, est extrêmement linéaire. On le voit d’abord en « bleu » inexpérimenté, accumulant les échecs comme la pathétique pièce rapportée qu'il est. On suit son apprentissage à la dure, on le voit se métamorphoser en un de ces ‘mountain men’ barbus, couverts de peaux de bêtes, puis aller encore au-delà et devenir un mythe vivant, en déclarant sa guerre seul contre les indiens Crows qui ont massacré sa famille recomposée.

Ponctuée par une triste ballade chantée par Tim McIntire, cette fable est le portrait d’un homme et son impossible retour à la Nature. Parce qu'il n’est pas vraiment un solitaire, JEREMIAH J (1)parce qu'il est capable de compassion et de générosité, Johnson ne pourra jamais être un vrai trappeur, ces créatures à moitié démentes qui errent toute leur vie dans des paysages désolés, en attendant la flèche fatale ou le grizzly plus malin qu’eux. Il est condamné à assumer son rôle de légende vivante dans lequel les évènements l’ont poussé. Loin d’être mièvres, les séquences de bonheur, avec la squaw et le jeune garçon muet, sont l’image presque fantasmée d’un paradis trop fragile pour survivre aux rigueurs du réel.

Robert Redford trouve un personnage en parfaite adéquation avec ce qu'il représente. Taiseux, mystérieux, assez opaque, il gère magnifiquement l’évolution de son rôle, probablement son plus emblématique. Tous les seconds rôles sont parfaits, littéralement fondus à la montagne.

Des années après sa réalisation, « JEREMIAH JOHNSON » a gardé l’essentiel de son pouvoir de fascination. Et si certaines coquetteries de mise en scène comme quelques coups de zoom malencontreux ou des fondus-enchaînés démodés, le datent de temps en temps, il demeure un des plus beaux accomplissements du tandem Pollack-Redford et le regard qu'il porte sur les Indiens est honnête sans jamais être angélique. Juste respectueux. C'est en brisant cet équilibre, en violant un territoire sacré des Crows, que Johnson sera éjecté de son rugueux Éden.

Toute fable a sa morale. Même cruelle…

 
 
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Par Fred Jay Walk - Publié dans : LES CHEFS-D'OEUVRE DU WESTERN - Communauté : WESTERN MOVIES 
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Dimanche 20 mai 2012

CHUNCHOS’il est un ‘spaghetti western’ qui transcende le genre d’où il est issu, c'est bien « EL CHUNCHO ». En un peu plus de deux heures, Damiano Damiani parvient à concentrer un nombre inimaginable de thématiques, à tisser des relations infiniment complexes entre ses protagonistes et à déguiser avec une maestria inouïe ce qui est une œuvre profondément CHUNCHO (2)politique, en un film d’aventures tonitruant et flamboyant.

Le principal attrait du magnifique scénario est la rencontre entre un mercenaire américain venu pour un « contrat » et un hors-la-loi mexicain qui fournit des armes à la révolution pour de l’argent. Si le ‘gringo’ est froid, calculateur et quasi-inhumain, le ‘chicano’ est rabelaisien, jouisseur et haut-en-couleurs. Ça n’empêche pas les deux hommes de se retrouver sur unCHUNCHO (3) point essentiel : ils travaillent uniquement pour l’argent. Une espèce d’amitié naît entre eux, une véritable affection qui trouble le fruste Chuncho et devient un talon d’Achille pour l’assassin professionnel. C'est en poussant le Mexicain à trahir les siens, à devenir riche sur le dos des malheureux, en affichant son mépris absolu pour toute idéologie, que le mercenaire fera naître bien malgré lui, quelque chose chez son compañero, qui ressemble vaguement à une conscience politique.

Porté par une maîtrise exceptionnelle du format Scope, par une BO enthousiasmante d’Ennio Morricone et surtout par la composition époustouflante de Gian Maria Volonte’, « EL CHUNCHO » semble s’être bonifié avec les années. L’acteur italien, dans la foulée de CHUNCHO (4)ses rôles chez Leone, est en surjeu permanent, à la limite de la surchauffe. Enfantin, paillard, monstrueux, touchant, il bouffe tout et tout le monde autour de lui avec une voracité que n’a pu atteindre parfois qu’un Anthony Quinn. Face à lui, son exact contraire, Lou Castel le ‘niño’, un flingueur glacial et désincarné, au visage poupin, aux manières policées et au regard mort. Martine Beswick est une formidable passionaria et Klaus Kinski – malgré sa seconde place au générique – n’a qu’un rôle peu présent, mais très frappant de moine-guerrier illuminé.

CHUNCHO (1)

Aussi bien écrit que filmé, « EL CHUNCHO » comme pas mal de classiques du western, est une œuvre éternellement inachevée, puisqu’il en existe à ce jour trois montages : l’Italien, le plus complet, l’international plus court d’un quart d’heure et l’américain encore raccourci de quelques minutes. Le Blu-ray récemment sorti aux U.S.A. propose les deux dernières versions.

Certains chefs-d’œuvre heureusement, ne pâtissent pas des outrages qu'ils subissent. Et « EL CHUNCHO » est un pur et authentique chef-d’œuvre.

 
 
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Par Fred Jay Walk - Publié dans : LES CHEFS-D'OEUVRE DU WESTERN - Communauté : WESTERN MOVIES 
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Dimanche 27 mars 2011

TRUE GRIT (3)Quand on lui remit son Oscar pour « CENT DOLLARS POUR UN SHÉRIF », John Wayne déclara avec humour que s’il avait su, il se serait mis un bandeau sur l’œil plus tôt. Les critiques furent généralement de cet avis, affirmant qu'il ne faisait dans ce film que saTRUE GRIT (2) routine habituelle. Rien n’est plus faux. Dans la forme comme dans le fond, d'ailleurs.

Rooster Cogburn n’a rien d’un héros « fordien » ou même « hawksien », ces ‘mensch’ de l'Ouest bourrus, taiseux et incorruptibles qui ont forgé l’image du ‘Duke’. C'est un ivrogne, un ancien hors-la-loi, un tueur sans pitié (il tire même dans le dos et sans sommation !), un bavard impénitent. Wayne ne cabotine pas vraiment dans ce rôle, c'est autre chose : il pousse ses maniérismes aux extrêmes limites de la parodie sans y sombrer totalement, accepte de se laisser bousculer – et parfois voler la vedette – par une gamine, de se ridiculiser, pour renaître de ses cendres à la fin dans un « tournoi » à un contre quatre, entré dans la légende du western.

« CENT DOLLARS POUR UN SHÉRIF » est un film quasi-parfait, au dialogue finement TRUE GRIT (1)ciselé, oscillant constamment entre l’humour et l’émotion. Certaines scènes comme les échanges entre Mattie et le vendeur de chevaux (savoureux Strother Martin) sont des bijoux en soi. Et Hathaway profite pleinement de ses deux heures de métrage en prenant le temps d’installer sesTRUE GRIT (5) personnages, de développer les enjeux. Sans parler de la photo de Lucien Ballard, sans doute une des plus belles de sa longue carrière.

La jeune Kim Darby assume crânement ce rôle d’ado irritante et donneuse de leçon et tient tête à Wayne du début à la fin. La séquence où pendant la nuit, Rooster raconte sa vie à Mattie méritait à elle seule l’Oscar. Et pas seulement pour Wayne ! Avec sa bedaine, sa diction reconnaissable entre mille, ses mimiques cocasses, Wayne est un régal de chaque instant. Ainsi la scène où il descend un rat après lui avoir sommé de se rendre, est-elle une vraie TRUE GRITprouesse d’acteur. Le cast de seconds rôles est superbe : Robert Duvall donne une profondeur inattendue à son rôle de bandit balafré. Dennis Hopper apparaît dans une séquence en voyou blessé et il ne fait pas dans la sobriété bressonienne. On reconnaît le temps de quelques plans des visages familiers de l’entourage du ‘Duke’.

À la sortie du remake des frères Coen, le film d’Hathaway a souvent été dénigré, comme s’il s’agissait d’une vieillerie obsolète. Esthétiquement, c'est déjà loin d’en être une (surtout en Blu-ray) et scénaristiquement, on trouve des éléments très nouveaux pour l’époque, comme cette fin douce-amère qui laisse sur une note assez poignante ou plus généralement, ce portrait de l’héroïne, qui ne cède jamais au sentimentalisme hollywoodien d’usage. Casse-pied elle est, casse-pied elle reste jusqu'au bout. Même si entretemps on a appris à l’aimer à travers les yeux (enfin, l’œil !) du vieux ‘Rooster’.

C'est définitivement un des plus beaux films d’Henry Hathaway et une des grandes réussites de John Wayne.

TRUE GRIT (4)

 
 
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Par Fred Jay Walk - Publié dans : LES CHEFS-D'OEUVRE DU WESTERN - Communauté : WESTERN MOVIES 
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Dimanche 20 mars 2011

ONE EYED JACKS (2)Tiré d’un roman lui-même lointainement inspiré de la légende de Billy the Kid et Pat Garrett, « LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES » est d’abord passé entre les mains de ONE EYED JACKS (1)Sam Peckinpah et Stanley Kubrick avant queMarlon Brando neONE EYED JACKS (3) se décide à le réaliser lui-même. Ce sera son unique film et fort heureusement, un coup de maître. Même si on sait que d’une durée excessive, son ‘director’s cut’ fut allégé de… deux heures.

Dès le départ, le ton est donné : les deux joyeuses crapules se nomment ‘Dad’ et ‘Kid’. Dès les premières scènes, ils ne font que mentir, soit pour séduire, soit pour sauver leur peau. Après la première trahison, tout ne sera plus qu’un grand jeu de dupes, un affrontement longtemps différé entre deux voyous sans foi ni loi. L’aîné est devenu shérif et joue le rôle de l'homme respectable, l’autre n’est animé que par une haine brûlante, une envie de vengeance qui le consume jusqu'à lui ôter toute humanité.

Brando se joue ouvertement de toutes les conventions du western : le film se déroule au bord de la mer à Monterey, le fond sonore n’est pas le vent soufflant dans le désert, mais le ONE EYED JACKS (4)fracas des vagues déchaînées. Le rythme est extrêmement lent, le dialogue très singulier (« Espèce de porc suceur de merde ! Si tu mentionnes son nom encore une fois, je t’arrache les bras ! ») et l’ambiguïté règne en maîtresse absolue. Outre un évident sens visuel dans les cadrages et la création d’atmosphère, « ï»¿LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES » se distingue par la qualité de sa direction d’acteurs. Karl Malden n’a jamais été meilleur que dans ce rôle d’ordure implacable aux allures de bourgeois replet. La scène où il fouette Rio est saisissante par l’intensité que dégagent les comédiens. La débutante Pina Pellicer est gauche et à peine jolie, ce qui change agréablement des improbables jeunes premières habituelles du western. Ses scènes avec Brando dégagent une émotion palpable, une souffrance. Slim Pickens compose un adjoint cauteleux et visqueux des plus haïssables. Sans oublier la grande Katy Jurado, magistraleONE EYED JACKS (5) dans cette scène merveilleuse où elle apprend que sa fille est enceinte. Ce qui passe sur son visage en quelques instants mérite d’être étudié dans les cours de comédie.

Brando lui, fidèle à son image iconoclaste façonne un étrange antihéros. Lent, nasillard, l’œil éteint, il est extraordinaire dans ses moments de rage dévastatrice : il faut l’avoir vu balancer une table comme s’il s’agissait d’un fétu de paille et défier Ben Johnson en vibrant littéralement de haine. Rio est vraiment un protagoniste très particulier, au moins aussi odieux et blâmable que l'homme qu'il poursuit de sa rancune. On a même du mal à croire sa rédemption finale, qui pourrait tout à fait être un mensonge de plus.

ONE EYED JACKS

Tragédie antique déguisée en western, dont le « héros » est une sorte de Hamlet corrompu rêvant de tuer son père au lieu de le venger, « LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES » est un film unique à touts points de vue.

Impossible de ne pas regretter la fin originelle : Luisa était tuée par Dad en fuyant avec Rio. Et surtout de ne jamais voir des images de toutes ces scènes tournées et jamais montrées. Un chef-d’œuvre à demi-fantasmé, en somme…

 
 
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Mardi 18 janvier 2011

VERACRUZDes gringos sans foi ni loi plongés dans la révolution mexicaine pour le seul appât du gain, des trognes burinées et mal rasées, un ‘bad guy’ sympathique tout de noir vêtu, un duel VERACRUZ (1)final en forme de happening. Sans oublier Charles Bronson jouant de l’harmonica… « VERA CRUZ » a tout, vraiment tout du ‘spaghetti western’, à part le fait d’être sorti dix bonnes années AVANT l’éclosion du genre.VERACRUZ (3) Et d'être tout ce qu'il y a d'Américain.

Premier gros budget alloué àRobert Aldrich, première grosse production deBurt Lancaster, ce western haut-en-couleurs, amoral et spectaculaire fut dit-on improvisé au jour le jour. Cela se ressent parfois dans la construction en boule de neige du scénario et dans des détails comme le rôle d’Ernest Borgnine dont on ne sait jamais très bien s’il n’est qu’un simple figurant ou un personnage secondaire important.

La principale attraction du film est bien sûr le face à face entre deux générations de stars : Gary Cooper vieillissant mais toujours droit dans ses bottes et Lancaster, qui s’est taillé la part du lion dans un rôle flamboyant de fripouille n’écoutant que ses pulsions animales. Ils VERACRUZ (2)s’estiment et s’amusent de leur complémentarité, tout en se méfiant constamment l’un de l’autre. Ils sont complices, mais toujours prêts à se tirer dans le dos. Cette « amitié » instable et périlleuse constitue le cœur de « VERA CRUZ ». Cooper fait de louables efforts pour paraître aussi cynique que son partenaire, mais il a tant d’années de droiture et d’héroïsme derrière lui, que sa volte-face finale ne crée aucune surprise. ‘Coop’ n’allait tout de même pas devenir une crapule sans cœur d’un seul coup ! D’autant qu'il y a des « petites gens » (les pauvres ‘chicanos’ opprimés par l’empereur Maximilien) à défendre. On ne se refait pas… En vieuxVERACRUZ (4)‘pro’, il choisit l’extrême sobriété pour résister au cabotinage exultant d’un Burt qui bouffe littéralement la pellicule.

Magnifiquement photographié dans des extérieurs grandioses de ruines aztèques ou de palais luxuriants, truffé de répliques à double-sens, de batailles épiques, « VERA CRUZ » c’est du pur Aldrich : cadrages dynamiques en contre-plongées, montage ‘cut’ parfois abrupt, absence totale de sentimentalité, c'est un film qui ne vieillit absolument pas. Sans doute parce qu'il était très en avance sur son époque.

À l’ombre du duo de stars, les rôles féminins sont écrits avec une franche misogynie,Henry Brandon est excellent en officier français arrogant et odieux et le trio infernal Borgnine, Bronson et Jack Elam occupe l’espace dans de tout petits rôles sans grand relief.

Beaucoup tentèrent d’imiter « VERA CRUZ » par la suite, et Aldrich lui-même s’y essaya plusieurs fois, mais sans jamais y parvenir. On appelle cela l’alchimie. Et c'est inexplicable, heureusement.

VERACRUZ (5)

 
 
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Par Fred Jay Walk - Publié dans : LES CHEFS-D'OEUVRE DU WESTERN - Communauté : WESTERN MOVIES 
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Dimanche 14 novembre 2010

MONTE WALSH (1)Il est des films vus il y a longtemps, dont on garde une bonne impression même si elle devient de moins en moins précise avec le temps. Puis quand on les revoit des années MONTE WALSHaprès, cruelle est la déception. L’inverse est finalement assez rare. Mais « MONTE WALSH » fait partie de ceux-là. Loin d’être une simple chronique nostalgique et réaliste sur la vie des cowboys à la façon de « LA POUSSIÈRE, LA SUEUR ET LA POUDRE », c'est un authentique chef-d’œuvre du genre, un vrai film crépusculaire qui n’a mêmeMONTE WALSH (3) pas recours à la violence pour rendre son discours plus attractif.

L'Ouest décrit par W.A. Fraker, chef-opérateur dont c'est un des rares films comme réalisateur, est en fin de vie. Les ranches sont vendus à des conglomérats de l’Est, le chômage sévit, les saloons sont déserts, les vieux cowboys se suicident, même les prostituées n’ont plus de boulot. Monte Walsh (Lee Marvin) refuse de voir et de croire à cette mort annoncée. Il continue de vivre comme il l’a toujours fait, aveugle au progrès et au temps qui passe inexorablement. Son ami de toujours Chet (Jack Palance) prend le train en marche, épouse une gentille veuve et devient épicier. Ce n’est pas ce qui lui sauvera la vie. Comme Monte, il est un MONTE WALSH (2)fossile vivant qui ne demande qu’à s’éteindre.

La vraie originalité de « MONTE WALSH » c'est que, malgré ce sujet sombre et même triste à pleurer, le film n’est jamais vraiment désespéré. Il est habité par une espèce de joie de vivre, de soif de liberté et de grands espaces. Certains morceaux de bravoure comme le dressage « à la dure » d’un mustang qui aboutit à la quasi-destruction d’une ville entière, sont extraordinaires.

Et le film est porté par Marvin, dans un de ses plus beaux rôles. Parfaitement dirigé, d’une sobriété jamais prise en défaut, il crée un personnage en trois dimensions, extrêmement attachant, à la fois primaire et sensible, voyou et fidèle à ses principes. Son visage parfois étonnamment juvénile contraste avec sa tignasse blanche de presque vieillard. Ses scènes avec Jeanne Moreau, jamais plaquées sur l’action, sont d’une poésie désarmante. Quant à sa relation avec Palance, nourrie par les trois films qu'ils firent déjà ensemble (« ï»¿LA PEUR AU VENTRE », « ATTAQUE ! » et « LES PROFESSIONNELS »), elle est d’une évidence absolue. En brave type souriant et placide, celui-ci surprend. C'est sans doute son rôle le plus humain, le moins surjoué. À leurs côtés, on reconnaît les garçons-vachers habituels des seventies : Bo Hopkins, Mitch Ryan, Billy ‘Green’ Bush, Matt Clark, etc.

MONTE WALSH (4)

Porté par une BO inspirée de John Barry, « MONTE WALSH » fait en quelque sorte la charnière entre le western classique et l’épilogue révisionniste du genre, qui le clôtura au début des années 70. Pour le fan de Lee Marvin, c'est un ‘must’ total. La scène où il refuse de jouer dans ‘Wild West Show’ en disant « Pas question que je crache sur toute mon existence », est peut-être ce qu'il a fait de mieux à l’écran.

 

À NOTER : le film est récemment sorti en DVD zone 1 sans aucune publicité, dans une belle copie dotée de sous-titres anglais.

 
 
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Samedi 6 novembre 2010

WILD BUNCH (2)Encore aujourd'hui, « LA HORDE SAUVAGE » est le film de référence sur la violence au cinéma. Des ouvrages entiers lui ont été consacrés aux U.S.A. et en Angleterre, le film WILD BUNCH (1)considéré (ce ne fut pas toujours le cas) comme un des quelques indiscutables chefs-d’œuvre du western est ressorti en Blu-ray dans une copie immaculée. Et malgré les années, les re-visions, les milliers d’analyses qu’on a pu lire sur son style et son contenu, une chose saute aux yeux. « ï»¿LA HORDE SAUVAGE » est un film sur l’enfance !WILD BUNCH (3)

Le film s’ouvre sur des gamins mexicains qui jettent un scorpion en pâture à des fourmis voraces. On comprend vite que le scorpion symbolise les hors-la-loi qui arrivent en ville au même moment, pour commettre un hold-up. Mais on a trop peu dit que les enfants aussi, sont une ombre portée de ces ‘misfits’.

Le paradoxe vient de l’aspect physique de ces hommes : des quinquagénaires ventrus, au visage abimé par le soleil et la tequila, des has-beens qui seront bientôt balayés par leWILD BUNCHprogrès et qui n’ont plus leur place nulle part. Alors on s’imagine que « ï»¿LA HORDE SAUVAGE » est un film sur la vieillesse. Pourtant, Peckinpah donne pas mal d’indices : ce vieillard mexicain qui dit en regardantWarren Oatesfaire l’imbécile : « Nous rêvons tous de redevenir des enfants. Même les pires d’entre nous. Surtout les pires d’entre nous ». Les fous rires que partagent les « gringos » sont ceux d’une bande de potaches trop vite grandis prêts à toutes les blagues. À part que leurs blagues finissent souvent par des morts d’hommes ! Même Mapache, l’horrible officier, l’égorgeur sans foi ni loi, aime à s’amuser avec un gamin admiratif qui le suit partout.

Le suicide collectif de la horde à la fin du film ressemble à une mutinerie de cancres. La récré est finie ? Ils n’ont pas envie de retourner en classe. Autant foutre le bordel une dernière fois. Nul héroïsme là-dedans. Juste le geste fou et irréfléchi d’un « gang » d’insoumis incapable d’entrer dans le rang.

WILD BUNCH (4)

Que ces gamins portent les rides et les yeux bouffis de William Holden, la bedaine d’Ernest Borgnine, la silhouette voûtée de Robert Ryan, les trognes de brutes de L.Q. Jones ou Ben Johnson ne change rien à l’affaire. Lors du générique de fin, Peckinpah repasse les images de leur plus beau fou-rire. Un moment « hustonien » où toute la bande  partage une bouteille, après l’échec sanglant d’un hold-up, et prive Oates de sa part. La violence, la mort de leurs copains, leur avenir plus qu’incertain… Tout est oublié pendant quelques secondes. Le temps d’une farce idiote et puérile.

C'est certainement ce niveau de lecture qui rend « ï»¿LA HORDE SAUVAGE » si émouvant et nostalgique, alors que certains s'arrêtent à sa brutalité et ses effets de style.

« ï»¿LA COURSE DU LIÈVRE À TRAVERS LES CHAMPS » (avec aussi Robert Ryan, tiens !) mettait en exergue une citation de Lewis Carroll : « Nous ne sommes que des enfants vieillis qui s’agitent avant de trouver le sommeil ». Elle aurait parfaitement pu ouvrir « LA HORDE SAUVAGE ».

Le genre de film qu’on reverra indéfiniment pour en découvrir toutes les couches successives.

 
 
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Dimanche 24 octobre 2010

OKCORRAL (4)« RÈGLEMENT DE COMPTES À OK-CORRAL » se situe à mi-chemin entre le western traditionnel et la récente mode du ‘western psychologique’. John Sturges au mieux de sa OKCORRAL (1)forme offre à son public son lot de ‘gunfights’, de beaux paysages, sa musique tonitruante signée Dimitri Tiomkin, maisOKCORRAL (3) le scénario de Leon Uris pousse l’étude de caractères plus loin que d’habitude : c'est en fait un film sur la famille. Dans tous ses états : Doc Holliday voit Wyatt Earp comme le grand frère qu'il aurait rêvé d’avoir, l'homme qu'il aurait aimé être. Earp se retrouve dans le jeune Billy Clanton écrasé par ses aînés. Pour aller aider son frère en danger, Earp n’hésite pas à abandonner la femme de sa vie…

Écrit avec rigueur, même s’il est parfois un peu trop bavard, réalisé au cordeau, cela demeure un des grands westerns des fifties. Un peu mécanique dans son déroulement, le scénario s’oblige à justifier par des actes l’amitié que Doc ressent pour Earp, quand le second sauve la vie du premier. Dans « ï»¿LA POURSUITEOKCORRAL (6)INFERNALE », cette camaraderie inattendue ne naissait que par la compatibilité de caractères des deux hommes. On peut aussi regretter la récurrence de la chanson de Frankie Laine qui vient jouer les chœurs antiques de façon irritante.

Mais le casting de Burt Lancaster et Kirk Douglas est un coup de génie. Burt incarne un ‘lawman’ psychorigide dénué du moindre humour, une incarnation monolithique du héros du Far-West, alors que Kirk est son exact contraire : dépravé, suicidaire, cynique. Le tandem fonctionne à merveille, chacun de leurs face à faces est un plaisir. Que Lancaster ne soit jamais éclipsé par Douglas qui a un rôle beaucoup plus gratifiant, en dit long sur sa présence et son métier.

OKCORRAL (5)

À leurs côtés, Jo Van Fleet est remarquable dans un rôle de prostituée au visage fané, qui entretient une relation malsaine et extraordinairement osée pour l’époque avec Doc. On frise le sado-maso ! La belle Rhonda Fleming a plus de mal à s’intégrer au récit dans unOKCORRAL personnage mal développé. Parmi les superbes seconds rôles : Dennis Hopper est très bien en jeunot condamné, Lee Van Cleef apparaît au début en pistolero haineux et on reconnaît au passage de vieilles connaissances comme Earl Holliman,DeForest Kelley ou Jack Elam dans une silhouette. 

Il manquera toujours un petit quelque chose à « RÈGLEMENT DE COMPTES À OK-CORRAL » pour être un western parfait. Un brin de poésie, peut-être, de laisser-aller… C'est difficile à définir. Cela demeure un grand moment de plaisir cinéphile et quand arrive enfin l’affrontement à OK-Corral, on n’est nullement déçu. Le genre de film auquel on revient régulièrement.

OKCORRAL (2)

 

 
 
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Mercredi 6 octobre 2010

IMPITOYABLE (1)« IMPITOYABLE » est un des quelques incontestables chefs-d’œuvre réalisés par Clint Eastwood et peut faire figure de « dernier western ». Dans sa filmo, mais également au sein du genre lui-même. La démarche des auteurs est fascinante : en ranimant un vieux IMPITOYABLEtueur rangé des voitures, en le lançant dans une dernière chasse à l'homme, ils mettent à nu les rouages des légendes westerniennes, les démythifient jusqu'au point de non-retour et utilisent une des grandes icônes du western (Eastwood, donc) pour en dévoiler l’envers dans toute sa misère humaine.

Munny n’est pas un ‘homme sans nom’ abstrait, ni un Josey Wales humanisé, ni même un ‘Preacher’ fantomatique : c'estIMPITOYABLE (2) un pauvre type, un ivrogne qui a massacré aveuglément hommes, femmes et enfants pendant des années, avant de prendre sa retraite et de devenir un père de famille sentencieux, à peine capable d’élever quelques porcs. Quand un jeune « fan » lui parle des grandes années héroïques, Munny lui avoue qu'il était tellement imbibé de whisky, qu'il ne se souvient de rien. « Il n’a jamais existé, le bon vieux temps », disait Beauregard dans « MON NOM EST PERSONNE ». À sa façon, Clint ne dit rien d’autre. Et quand il s’agit d’abattre un homme, cela n’a rien de spectaculaire : le pauvre type est en train de déféquer aux latrines et son agonie est interminable. En quelques séquences, Eastwood semble vouloir balayer des décennies hollywoodiennes (et même italiennes) de héros-bidon, de cavalcades inventées de toutes pièces, d’exploits magnifiés. L'Ouest, le vraiIMPITOYABLE (3)nous dit-il, était un cloaque boueux peuplé de brutes imbéciles et sanguinaires qui s’entretuaient pour quelques dollars. Voilà tout.

Pour enfoncer le clou, « IMPITOYABLE » met en scène un reporter collant aux basques d’un pistolero (Richard Harris), pour inventer sa légende. Comme Ned Buntline dans « BUFFALO BILL & LES INDIENS ». Le binoclard passera d’un « héros » à l’autre et devra écouter les horreurs du shérifGene Hackman, qui lui, ne se berce pas d’illusions. Ce qu'il raconte est sordide, mais c'est la stricte vérité. Mais qui a envie de l’entendre ?

« IMPITOYABLE » est un très grand film, qui déploie ses thèmes avec finesse et sans aucune concession. Le final, sous la pluie battante, le baroud d’honneur de Munny revenu d’entre les morts, n’a même pas le souffle d’antan. Le vieux ‘gunfighter’ retombe dans ses pires travers et massacre ses ennemis sans gloire ni panache. Il a bien sûr l’excuse de venger son vieil ami (Morgan Freeman), mais sa violence est plus inquiétante qu’admirable. Et son départ dans la tempête est absolument pathétique. De toute façon, le déclenchement de l’aventure, la prostituée défigurée par un soûlard, n’était-il pas une excuse du même genre ?

IMPITOYABLE (4)

Le grand Clint a définitivement réglé ses comptes avec le Far West dans « IMPITOYABLE » avant de passer à l’ultime phase de sa longue carrière. Comment rêver plus belle et intelligente conclusion ? Après lui, le déluge...

 
 
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Dimanche 3 octobre 2010

LAST MOHICANS (1)Le Blu-ray du « DERNIER DES MOHICANS » est sorti aux U.S.A. et il reprend le montage initial préféré des fans. Il y a peut-être quelques micro-modifs mais elles sont LAST MOHICANSindiscernables. Ce « definitive cut » est donc le montage d’origine. Et tant mieux ! Pour ce qui est de l’apport HD, il est plus qu’évident dans le long passage au fort William Henry, qui se passe entièrement de nuit et était parfois indiscernable en DVD. Les séquences en paraissent moins longues. Pour le reste, la photo de Dante Spinetti n’a jamais été plus resplendissante.LAST MOHICANS (4)

Chef-d’œuvre de Michael Mann, cette adaptation de Fenimore Cooper est un somptueux poème lyrique, mêlant un romantisme échevelé à une sauvagerie inouïe lors des scènes de combat. C'est sensuel, sanglant, émouvant, haletant et le dernier quart-d’heure est une étourdissante leçon de pur cinéma, quasi-muette. Chaque mouvement du corps, chaque battement de cil, froissement d’étoffe, chaque échange de regard, participe d’un véritable ballet. Il faut avoir vu comment Jodhi May, l’adolescente anglaise traumatisée décide d’échapper à ses geôliers indiens en se jetant dans le vide. En une seconde, son regard change. Son visage se modifie : la fillette ingrate se mue en femme indomptée, maîtresse de son destin. Vraiment du grand cinéma !

LAST MOHICANS (3)

Daniel Day-Lewis et Madeleine Stowe forment instantanément un couple mythique du 7ème Art, digne des classiques de l’Âge d’Or hollywoodien. Leur face à face dans la caverne sous LAST MOHICANS (2)la cascade, est un pur moment de passion, qui parvient – on ne sait par quel miracle – à ne jamais tomber dans le kitsch. C'est la force du scénario, de ne pas négliger les personnages au profit du spectacle. Tous ont plusieurs dimensions, jusqu'à l’officier Duncan, au visage porcin qui saura finir en héros. Mais celui qui vole la vedette à tout ce beau monde, c'est l’extraordinaire Wes Studi qui compose un des ‘méchants’ les plus terrifiants vus sur un écran. Monstre froid, mû par une haine incandescente, l’acteur fait preuve d’une animalité et d’une présence incomparables. Son affrontement final avec Chingachgook, bref et brutal laisse pantois.

On pourrait encore parler de la sublime BO, de la direction artistique, du montage. Mais « LE DERNIER DES MOHICANS » est un film d’images. Et la meilleure façon d’en parler, c'est encore de le revoir…

 
 
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Mercredi 29 septembre 2010
Mardi 7 septembre 2010

TALL T (2)« L'HOMME DE L’ARIZONA » écrit par Burt Kennedy d'après un roman d'Elmore Leonard, démarre comme un banal western de série, avec le vieillissant Randolph Scott dans un personnage un peu gauche et ‘plouc’ à la Gary Cooper TALL T (1)et des seconds rôles cliché du genre comme le vieux muletier. Mais à l'arrivée au relais deTALL T2 diligence, le film décolle brusquement et se transforme en tragédie âpre et dépouillée, dans le cadre écrasant d'un désert de rocs stériles et arides. Comme si le réalisateur avait voulu appâter le public et le piéger insidieusement dans un film beaucoup moins ludique que ne le promettaient les premières minutes.

À l’instar de Lee Marvin dans « 7 HOMMES À ABATTRE », c'est le méchant, Richard Boone qui devient alors le cœur du film. ‘Méchant’ tout relatif d'ailleurs, puisqu'il épargne le héros TALL T (3)sans raison particulière, méprise visiblement la sauvagerie de ses acolytes et se montre même attentionné avec son otage. L'élégance rugueuse de l'acteur, sa façon de rire, sa voix cultivée, en font un personnage inattendu et ambigu qui aurait pu en d'autres circonstances, devenir un type bien. Pendant tout le film, il recherche une complicité avec Scott, un lien, que celui-ci lui refuse obstinément. Le contraste entre Boone et son bras droit Henry Silva, plus inquiétant que jamais en pistolero ‘racaille’ imbécile et sadique, est également passionnant. On a les amis qu’on mérite !

Les protagonistes sont joués par Randolph Scott, plus souriant que d’habitude et la mûrissante Maureen O'Sullivan  (la Jane sexy des premiers « TARZAN » de Weissmuller) en vieille fille malheureuse que personne n'épargne (« Cessez de pleurnicher », lui dit Brennan « ça ne sert à rien »). Boone lui, va jusqu'à lui trouver un « physique ingrat » !

TALL T (4)

Comme toujours chez Boetticher, les cadrages sont splendides, les silhouettes se détachent du paysage avec grâce. La violence est très crue pour l'époque : une tête explosée à bout-portant d'un coup de fusil, un homme aveuglé par une balle au visage et même un enfant abattu (hors du champ de la caméra, mais tout de même !) et jeté au fond d'un puits.

Comme « 7 HOMMES À ABATTRE » et « ï»¿LA CHEVAUCHÉE DE LA VENGEANCE » les autres chefs-d’œuvre du réalisateur, « L'HOMME DE L’ARIZONA » est un film quasi parfait qui ne fait vraiment pas son demi-siècle.

 
 
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Mardi 25 mai 2010

DARLING CLEMENTINE (2)La légende de Wyatt Earp et du duel à OK-Corral a depuis si longtemps supplanté la réalité, que John Ford n’a eu qu’à reprendre quelques évènements, les remodeler selon sa DARLING CLEMENTINE (1)sensibilité, leur donner une logique, pour que « LA POURSUITE INFERNALE » fasse définitivement oublier ce faits-divers somme toute banal et le transcende en une geste de l'Ouest de proportion mythologique.DARLING CLEMENTINE

Avant toute chose, le film est le portrait d’un homme. Mais un Homme avec un ‘H’ majuscule : un honnête homme, humble, sûr de lui, proche de sa famille, courageux et calme. Earp est jeune, mais il a la sagesse d’un patriarche et comme son père probablement, aime à se balancer sur un rocking chair en regardant sa ville s’éveiller. Il aime aussi aller chez le barbier et se faire beau. Le seul moment où on le voit démuni, c'est devant un sentiment qu'il ignorait jusqu'ici : l’amour. « Mac… » demande-t-il au vieux barman, « As-tu déjà été amoureux ? »« J'ai été barman toute ma vie », répond Mac dans une des plus jolies répliques du film.

Le scénario se concentre sur le comportement de Wyatt Earp, sur ses réactions, quitte à délaisser complètement l’intrigue, autrement dit l’enquête pour confondre les Clanton. Ce qui intéresse Ford, c'est de fantasmer cet homme de l'Ouest, tel qu'il n’a certainement jamais existé, mais que tout le monde aurait rêvé d’avoir comme aïeul. Le choix d’Henry Fonda est un des atouts principaux du réalisateur. Digne, simple, un peu raide, l’acteur investit son personnage, le rendant à la fois extrêmement humain et quasi-métaphorique. Toute la séquence deDARLING CLEMENTINE (3) l’inauguration de l’Église, la marche de Earp au bras de la jolie Clementine et leur danse sur le plancher de bois, serre inexplicablement la gorge par sa pudeur et l’espoir qu'il porte. Un morceau de cinéma apparemment anodin, mais qui pourrait symboliser toute l’œuvre de John Ford.

L’épais Victor Mature est un curieux choix pour incarner le maladif Holliday, mais il s’en sort très bien. Au sein d’un cast d’ensemble formidable, c'est Walter Brennan qui étonne le plus en chef de clan faussement gâteux, fourbe et cruel. Un splendide contremploi !

Il faudrait tout citer dans « LA POURSUITE INFERNALE » (quel curieux titre français, tout de même !), de la photo en clairs-obscurs parfois proche du ‘film noir’, aux cadrages impeccables, en passant par la richesse laconique du dialogue(« M’ame… I sure like that name… Clementine »).

C'est évidemment un chef-d’œuvre du western, mais surtout du cinéma tout court. Et pour paraphraser l’affiche de « JUGE ET HORS-LA-LOI » : « Si ça ne s’est pas passé comme ça… Eh bien, ça aurait dû ! ».

DARLING CLEMENTINE (4)

 

 
 
 
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Par Fred Jay Walk - Publié dans : LES CHEFS-D'OEUVRE DU WESTERN 
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