L’une des premières difficultés d’écriture du scénario est la construction macroscopique, c’est à dire le sens général de la narration.
Il existe, bien entendu, la fameuse « Structure en trois actes », chère à Syd Field (cf. son livre réputé Screenplay), qui vise à faire tenir toute histoire dans un canevas universel, mais ce type d’approche ne fonctionne qu’après que le scénario soit écrit. Avant l’écriture, pendant l’écriture, si l’on commence à enfermer son désir et sa créativité dans un carcan logique, on n’ira pas bien loin. Dans le processus d’écriture, il faut avancer, découvrir, défricher, chercher, et c’est dans cette complexité là, cette complexité de la vie, que des choses qui ont du sens pour nous, donc qui sont susceptibles d’en avoir aussi pour un spectateur, pourront émerger.
Le mind mapping est une technique de mémorisation, de brainstorming, d’organisation rapide des idées. On utilise un logiciel comme Mind manager (le meilleur, mais payant), ou Free mind (gratuit, un peu moins ergonomique), et on « jette » littéralement l’idée principale du film, de préférence le titre provisoire, ou le thème sur lequel on a envie de travailler. Je prends un exemple, la vieillesse.
-
- Mind map 1
Ensuite, on « jette » les idées qui nous viennent, tout de suite, par association, les unes après les autres, autour du thème central.
En quelques secondes, les idées viennent. Ensuite, il convient des les organiser, les répartir en groupes plus clairs.
Cela pourrait être une structure pour écrire un article de journal sur la vieillesse, mais nous avons le projet d’un film. Donc, commençons à répartir les choses dans ce sens.
On voit que la mind map change de sens, qu’on répartit au fur et à mesure les idées dans un cadre qui devient celui d’un projet de film. On ajoute, un à un, en vrac, comme ça vient, les idées, puis on les organise. On va vite, les idées s’enchaînent, s’entraînent les unes les autres, par cette vision du tout. Le travail d’écriture accompagne et mime le mouvement de la pensée.
On a même indiqué les notions de budget, de lieux de tournage, etc. c’est à dire le cadre de contraintes, qui du coup devient présent à l’esprit, et qui, au lieu d’être une entrave, devient un adjuvant au processus d’écriture.
On voit que la technique du mind mapping est un formidable antidote à la page blanche. Par l’aspect visuel, par la spontanéité que cela apporte, c’est d’une grande aide pour « débloquer ses idées ».
Cet outil de travail peut aussi être très utile pour construire la structure globale du film : où ce film a-t-il l’intention d’amener le spectateur et pourquoi. C’est le type de question qu’il est indispensable de se poser, tout le temps, autant au début de l’écriture qu’au milieu ou à la fin. Travailler à sa vision d’ensemble est vraiment essentiel, surtout lorsqu’on avance dans l’écriture, qu’on a le « nez dans le guidon », et qu’il peut arriver qu’on se perde en chemin. Rassembler ses idées, en faisant une mind map (en français : carte heuristique) à intervalles réguliers est d’une grande aide.
Le défaut de la mindmap intervient lorsqu’il commence à y avoir beaucoup d’informations. Là, elle devient difficile à manipuler, et peut, parfois, même bloquer la vision d’ensemble, car il y a trop d’informations partout et on s’y perd. Cela demande une grande maîtrise de l’outil informatique, pour la plier-déplier rapidement et se déplacer dedans. On peut se débrouiller avec de grandes mind map et en tirer bénéfice, mais il faut une assez longue expérience de Mind Manager (pour cela Freemind trouve vraiment sa limite). Je ne pense pas que la mind map soit l’outil qui serve à tout pour écrire un scénario (même si, techniquement parlant, on pourrait même tout écrire avec, ce qui donne une grande facilité pour intervertir des scènes par exemple). Par contre, à intervalles réguliers, pour avoir des idées et les remettre en place, c’est un outil précieux !