Le Collectif des cinéastes interpelle la tutelle Un deuxième appel sur fond de division
Le collectif des cinéastes et professionnels du cinéma a adressé une deuxième lettre ouverte au ministère de la Culture et des Arts afin de l’interpeller sur l’absence de perspectives et les divers blocages induits par la suppression du Fdatic.
En juin 2022, un groupe de cinéastes, producteurs et professionnels du cinéma s’est constitué pour lancer un appel au ministère de la Culture et des Arts quant aux conséquences néfastes de la suppression du Fonds national pour le développement des arts, de la technique et de l’industrie cinématographique (Fdatic).
les quelques trente signataires interpellaient la ministre Soraya Mouloudji quant au marasme dans lequel se trouve le secteur depuis la suspension des financements publics : «Le dernier outil de financement public du cinéma algérien disparaît, sans communication officielle de nos institutions sur l’avenir de la politique cinématographique de notre pays», lisait-on dans cette lettre ouverte
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Trois mois plus tard, une deuxième correspondance a été rendue publique hier matin dans une tentative de relancer le dialogue avec la tutelle et de demander des engagements concrets concernant les mécanismes de remplacement du Fdatic et le déblocage des films qui n’ont pas encore reçu la dernière tranche de leur financement.
Signée par «le collectif des cinéastes algériens» sans pour autant mentionner les noms, cette lettre ouverte précise d’abord qu’aucune réunion n’a encore eu lieu entre les cinéastes et la tutelle malgré l’urgence de la situation.
Or, on sait qu’une partie des signataires de ce premier appel a été reçue par la ministre à la mi-août. Il s’agit de quelques membres de l’Association des producteurs algériens de cinéma qui ont abordé avec la responsable du secteur différentes questions liées au financement mais aussi à l’exploitation des salles et à la formation.
On apprend également que cette rencontre a fait l’objet d’un désaccord au sein du collectif des cinéastes qui aurait choisi d’axer ses revendications, du moins dans l’immédiat, sur le volet des subventions.
«Par ailleurs, nous avons pris acte de votre communiqué du 17 août 2022, qui ne mentionne pas encore l’instauration d’un nouveau fonds public de financement. Cependant, vous annoncez, entre autres, la restauration provisoire de la dernière commission de lecture du Fdatic par une prolongation de son mandat, l’ouverture d’un dépôt pour de nouveaux projets et le règlement des dernières tranches de financement de certains films.
Nous saluons avec un enthousiasme sincère ces annonces et le travail que vous et vos services déployez pour permettre au septième art algérien de continuer d’exister. Néanmoins, ces annonces n’éludent pas nos questionnements, déjà détaillés dans notre lettre ouverte, et soulèvent d’autres interrogations comme suit :
- À quelle date les films laissés en souffrance suite à la suppression du Fdatic seront-ils véritablement soldés : ceux dont toutes les tranches n’ont pas encore été réglées (dont Akhira. La Dernière Reine de Adila Bendimerad et Damien Ounouri, pour ne citer qu’un exemple parmi d’autres) ? Ceux agréés par la commission de mars 2020 et non encore ratifiés (Cigare au miel de Kamir Aïnouz) ?
- Quand la prochaine commission de lecture de scénarii aura-t-elle lieu pour statuer sur les projets déjà déposés aux dernières commissions de 2021 et qui restent, à ce jour, bloqués (tels que Roqia de Yanis Koussim, Poupiya de Yacine Bouaziz, Dactylo de Osama Rai, parmi d’autres) ?
- Pour combien de temps cette commission de lecture est-elle prolongée ?
- Quand un nouveau fonds ou mécanisme de remplacement du Fdatic sera-t-il enfin instauré ? De quel montant sera-t-il doté ?», lit-on dans le communiqué.
S. H.