Lakhmari fut?
Au 21ème siècle, nous pouvons nous vanter d’avoir voyagé dans les étoiles à des millénaires de notre ère, traversé le désert en Arabie dans les yeux bleus d’un agent britannique, combattu sans armes de terrifiants dinosaures, attendu Farid Al Atrach dans une petite robe noire, dansé sur Nat King Cole en Chine, aimé à Venise la peur au ventre, et ce sans bouger de notre siège… Mais rien n’est plus excitant que de pouvoir maintenant faire l’expérience de dormir sur le toit d’un immeuble surplombant une« CASANEGRA » plus blanche que jamais.
Banal me direz vous ? On peut faire ça tout le temps. Eh bien justement ! Le Cinéma ce n’est pas juste s’évader, c’est aussi approcher le réel autrement, retrouver l’étincelle qui nous a échappé !
Bien que ce soit devenu machinal pour nous êtres modernes, nous avons cette chance… Celle de pouvoir nous relever après que l’écran ne se soit éteint, ne laissant en nous que la magie d’avoir vécu au-delà de l’espace et du temps. Plus que l’expérience du cinéma, on se fait notre cinéma à la fin d’un film : les genoux affaiblis, le cœur battant, l’âme torturée, nous sentant étrangement libres de faire des choix, probablement parce que nos yeux se sont ouverts sur l’invisible que la réalité résiduelle peine à combattre…Une fois que le grand écran vire au blanc, c’est le retour à la réalité physique, celle qui était, est, et sera toujours là après chaque projection… Celle ou seule l’urgence de décider et d’agir compte.
Mais agir sur quoi ?
C’est au Maroc que nous partageons un espace de vie, et bien que nous ayons beaucoup d’expériences fictives, et un grand sens de l’universel, c’est à un tout autre quotidien que nous sommes confrontés, avec une soif conséquente de références locales en terme de cinéma. La soif de voir au delà de ce qui nous entoure tout simplement.
Un cinéaste nous offre son regard, et nous donne l’occasion de vivre autrement à travers lui. DepuisNour-Eddine Lakhmari, nous pouvons aujourd’hui nous laisser embarquer dans une fiction qui parle concrètement à notre réalité : celle de notre pays, et c’est là une richesse artistique qui n’a pas de prix. Mis à part l’aspect universel de l’art, lorsqu’il se sert du local il devient patrimoine, et contribue donc à la construction continuelle d’une identité. Le cinéma marocain cher à notre cœur déploie ses ailes depuis quelques années maintenant et nous assistons à de nouveaux phénomènes qui nous enchantent de plus en plus.
D’ailleurs, il n’est pas question ici de n’attribuer ce mérite qu’à lui, mais l’énergie et l’engouement que ses films ont créé chez le spectateur marocain sont indéniables et uniques… peut être est ce une question de contexte et de circonstances… Nous pensons plutôt que « Le hasard profite aux esprits préparés ».
Pour mieux apprécier l’œuvre du cinéaste, il est nécessaire de faire un retour en arrière et voir la diversité de son travail, car c’est là que résonnent paradoxalement l’esprit et le cœur de celui-ci. Je vous conseille donc vivement de voir « LE REGARD » réalisé il y a quelques années par notre ami Lakhmari ainsi que nombre de ses courts métrages. Je ne vous en dirais pas plus à ce sujet là, je vous laisse le soin de le découvrir par vous mêmes, car chacun est libre de fonder ses propres émotions (Bien sur il y a matière à débattre sur ce qui tient la route ou pas) , mais je tiens à souligner, que nous avons parmi nous un homme d’action sur le terrain cinématographique, car au-delà de l’exigence et de la modestie dont il fait preuve, nous avons gagné un artiste au souffle plein d’espoir : Son cinéma dénonce sans jamais enfoncer, observe sans juger, magnifie sans pétrir…c’est une énergie intelligente dont le marocain a besoin dans son processus de responsabilisation, bien que je pense personnellement qu’un artiste soit au service du monde. C’est là toute la force de l’art sur la prise de position quotidienne, car si la vie n’est pas du cinéma ou que le cinéma n’est pas obligé d’être la réalité, c’est qu’il y a bien une raison… et ce n’est sûrement pas celle qui nous empêche d’être libres de rêver dans un premier temps les actions qu’on posera. Nous accordons plus de crédit à notre expérience « fictive » qu’on n’ose le penser, celle que chacun interprète à sa manière… Alors continuons de décloisonner nos points de vues de spectateurs, pour demeurer de meilleurs acteurs lorsque chacun prendra sa trajectoire à la sortie de la salle.
En attendant donc la sortie imminente de son prochain long métrage « ZÉRO » ( Qui est d’ailleurs en compétition officielle au FIFM 2012 ), c’est avec le souffle audacieux de Nour-Eddine Lakhmari que nous inaugurons notre premier article. A l’image de l’action qu’il représente, nous tenterons d’être honnêtes, incisifs et enthousiastes.
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