Fable-manifeste pour la libération des femmes au Moyen-Orient, le nouveau film de Radu Mihaileanu est sauvé de la caricature par la belle Leïla Bekhti.
Le sujet est magnifique. Dans un village reculé du Maghreb ou de la péninsule arabique, des femmes font la grève du sexe pour que les hommes prennent enfin leur responsabilité et aillent chercher l’eau dans la montagne. Impossible de ne pas penser aux révolutions arabes et à ce vent de liberté qui souffle encore en Syrie et dans de nombreux pays de la région. A l’arrivée des islamistes modérés en Tunisie et du rétablissement de la charia en Libye. Difficile de ne pas adhérer au propos humaniste du cinéaste roumain francophile, qui, comme Louis Aragon et Jean Ferrat avant lui, fait des femmes l’avenir de l’homme.
Hélas, les bons sentiments, aussi nobles soient-ils ne font pas toujours les grands films. Si «La Source des femmes» devrait rencontrer un franc succès public – il a été très applaudi lors de sa présentation officielle au dernier Festival de Cannes, le nouveau long métrage de Radu Mihaileanu («Le Concert») souffre d’un trop-plein d’intentions et d’un scénario en roue libre – personnages caricaturaux, Deus ex Machina grossier, dialogues surlignés.
Dans ce Coran expliqué pour les nuls, il y a pourtant un cœur qui bat, celui de la belle Leïla, jeune femme amoureuse, bien déterminée à faire bouger les lignes et les culs des hommes attablés à la terrasse d’un café. Dans le rôle de cette révolutionnaire au caractère bien trempé, une formidable actrice, Leïla Bekhti. César du meilleur jeune espoir féminin pour «Tout ce qui brille», la native d’Issy-les-Moulineaux confirme dans «La Source des femmes» qu’elle est bien la grande actrice française de demain, dont le sourire et le charme font tourner la tête des hommes, mais qui cache en elle – comme dans «Tout ce qui brille» - de la rage et de la mélancolie.