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le 31.03.14 | 10h00 Réagissez
Scène du film L’honneur du dragon de Tony Jaa.
Pour un cinéphile, Bangkok mérite le voyage. C’est une ville de cinéma. Cela saute aux yeux quand on arrive sur les rives de la Chao Phraya.
Bangkok (Thaïlande)
De notre envoyé spécial
Quand les néons s’allument, une invraisemblable quantité d’affiches de films attirent le regard sur des panneaux géants et illuminés. Films d’action, kung-fu à la chinoise, comédies et mélodrames passent dans les salles réunies aux derniers étages des shopping centers. Il y a aussi une bonne moisson de films d’horreur à qui le box-office semble faire la part belle. Et des films sur la boxe thaïlandaise qui font courir les jeunes spectateurs, comme L’honneur du dragon, réalisé par Tony Jaa, qui fait mieux que les productions d’Hollywood. A Bangkok, les cinéastes talentueux sont légion, ceux qui font des films d’art et essais destinés plus à concourir dans les festivals internationaux qu’à connaître une bonne carrière nationale. Il s’agit de Apichapong Weerasthakul, Wisit Sasanatieng, Nonzee Nimibut... Si leurs films ne font pas recette, ils se rattrapent sur les DVD en tournant des courts métrages vendus aux chaînes de télévision. A. Weerasthakul a enchaîné deux documentaires dont l’un sur le tsunami, Ghost Of Asia, a eu du succès.
Les grosses productions dominent cependant. Comme partout ailleurs, les producteurs visent les recettes et savent d’avance qu’un thriller sanglant, un kung-fu au rythme époustouflant, ou encore quelque chose d’infernal, sont autrement plus rentables. Sur une des affiches de Bangkok, on lit ce titre : Dynamite Warrior, et on devine que les recettes pèseront lourd dans les poches du producteur. A côté des six grands studios qui gèrent en Thaïlande la production, la distribution et l’exploitation, il y a aussi des investisseurs indépendants qui, eux, sans scrupules, enchaînent des productions très vite et à moindre frais, en visant tant le marché intérieur que l’étranger. Une avalanche de médiocrités destinées, comme en Inde et à Hong Kong, au grand public.
Seul objectif : le jack-pot. Curieusement, en Thaïlande, il y a aussi un cinéma «officiel», produit par des organismes étatiques avec des histoires de rois, de princes et princesses... King Naresuan est une biopic sur le roi de Thaïlande, qui a proclamé au XVIe siècle l’indépendance du pays occupé par les Birmans. L’exportation du cinéma thaï hors des frontières, à Singapour, Birmanie, Malaisie, n’obtient pas de bons résultats, car la concurrence du cinéma chinois est rude.
A l’extérieur de la Chine, le cinéma chinois s’appuie sur une large diaspora et sur des salles très nombreuses situées dans les «China Towns» de nombreux pays. En marge du festival du film documentaire de Bangkok, la cinémathèque donnait la possibilité au critique étranger de passage de visionner quantité de films récents, d’art et essais, tous bien faits, aux thèmes assez délicats, qui font oublier les séquences chocs du cinéma thaï populaire. Dear Dakanda, de Khomkrit Treewimol, est une histoire d’amour clandestin entre un jeune homme et sa petite amie. Crying Tiger, de Santi Taephanich, est une chronique de la vie dans la Cité des anges (Bangkok) de jeunes Thaïlandais venus du Nord et qui essayent de survivre dans un environnement difficile. Ordinary Romance, de Teekhadet Vucharadhamin, montre la déchirure et la réconciliation d’un couple.
Wonderful Town est une chronique heureuse d’un village, Takua Pa, du sud de la Thaïlande, après avoir connu les souffrances causées par le tsunami. The Coffin, de Ekachai Ukrongthan, explique le rituel thaï : se coucher dans un cercueil pour tromper la mort. One Night Husband, de Pimpaka Tohveera, raconte la mauvaise surprise d’une femme qui découvre la véritable identité de son mari après sa disparition pendant la nuit de noces. Ainsi, Bangkok est devenu un des pôles cinématographiques en Asie. C’est encore loin d’égaler Hong Kong. Dans l’étrange situation de crise politique que vit la Thaïlande depuis de longs mois, à Bangkok on continue à faire du cinéma (sous toutes ses formes) avec l’espoir qu’un jour prochain les partis politiques règlent leurs querelles pour que les affiches de films vibrent encore sous les néons .