cinema,algerie,film,scenario
Interrogée au téléphone, sur celui que l'on surnommait le «lion du Djebel», la fille du grand combattant et célèbre chef historique du Front de libération nationale durant la guerre d'indépendance algérienne, Krim Belkacem, a bien voulu répondre à nos questions, après avoir vu le film réalisé par Ahmed Rachedi à l'effigie de son père.
L'Expression: Mme Belkacem, qu'avez-vous pensé et ressenti après avoir regardé ce film?
Kaouther Belkacem: C'est une histoire interrompue plusieurs fois. On montre Krim Belkacem en tant que maquisard. Mais on oublie d'évoquer plusieurs aspects de sa personnalité. La guerre d'Algérie c'était une lutte sanglante qui a suscité une admiration dans le monde entier.
Il y a beaucoup de scènes de combat certes, mais il y a des étapes de son parcours qui ont sauté et n'ont pas été relevées. Le spectateur reste sur sa faim de ce fait. Il n'y a pas eu de coordination. J'ai été accostée par des spectateurs à qui j'ai dû expliquer certaines scènes pour combler les brèches et faire comprendre le tout. J'avais soulevé ces failles avec Ahmed Rachedi.
Quelle a été sa réaction?
Il m'a dit que vu justement tout le riche parcours de Krim Belkacem, il était difficile de parler de tout comme cela s'est déroulé et vécu par lui, qu'il fallait en faire un résumé. Or, moi je dis que peut-être il aurait fallu faire appel à un autre réalisateur, peut-être qu'il n'y avait pas assez de moyens? Il faut être armé pour faire un tel film. Il y a de plus, des non-dits dans ce film. Alors, soit on dit tout ou rien. Le 1er Novembre on ne l'a pas traité comme il le faut. Et puis on montre ma mère à Tunis. Elle n'est pas tunisienne ma mère. On ne comprend rien à cette séquence. Enfin, moi si, mais les autres non. On n'a pas eu non plus l'indépendance aussi facilement comme ça. Il y a eu trois Gpra.On a eu le soutien de la Chine, de Nikita Khrouchtchev, la Corée du Nord, la Ligue arabe etc. On est passé très vite à la scène des négociations en franchissant des étapes.
Qu'en est-il de la personnalité de Krim Belkacem, ses traits de caractère, les aviez-vous retrouvés dans ce film?
La dimension charismatique de Krim Belkacem n'a pas été abordée totalement. Une deuxième partie de film s'impose, si on veut vraiment connaître la personnalité de Krim Belkacem. Il faut étudier le caractère charismatique à fond. Durant son parcours, il a beaucoup évolué.
Il faut le voir au côté de Mao Tsé Toung! On n'a pas abordé non plus le commando choc... Il faut penser à la jeunesse qui doit connaître bien son histoire. Il n'y a pas que la partie maquisarde, il fallait aussi souligner les aspects politique et diplomatique qui étaient aussi très importants et qui ont été amputés dans ce film, même s'il reste acceptable globalement. Nos responsables militaires et institutionnels ont le devoir de notre Histoire. Il faut que les choses se rétablissent pour que l'Histoire se reconstruise. On aboutit rapidement dans le film aux accords d'Evian. Cette signature a été très saluée par la scène internationale. Ce fut un exploit. Cela, on ne le voit pas. Il y a un effort à faire. Le film n'est pas complet si on ne lui donne pas suffisamment les moyens. Quitte à faire appel à des étrangers. Ce n'est pas une fiction. On ne peut pas faire une fiction quand l'Histoire n'est pas rétablie. Il est temps pour les jeunes de connaître son histoire et le véritable parcours de Krim Belkacem. Il donnait sans rien attendre en retour. C'était quelqu'un d'extrêmement généreux. Cela on le sent, on le devine dans le film, c'est pourquoi je ne veux pas polémiquer et je préfère être positive mais je pense surtout qu'une deuxième partie s'impose!