Synopsis
Portrait du grand poète kabyle de la fin du siècle dernier, une des figures les plus attachantes et les plus complexes de la poésie algérienne. Notre ambition est défaire connaître ce barde, respecté et incorruptible, qui n’a eu d’égards ni pour ses compatriotes, ni pour les autres. À la vie de son peuple, à un moment critique de son histoire, Si Mohand U M’hand a participé pleinement.
Il naît et déjà le drame marque sa vie. Sa famille est en effet étrangère au village où il voit le jour ; elle vient de s’y réfugier depuis peu pour fuir les suites d’une vendetta. Puis Mohand encore enfant voit les troupes du Général Randon monter à l’assaut du massif Kabyle. Ichariouan, son village, est détruit et ses habitants dispersés. C’est le deuxième exil du poète.
Quatorze ans plus tard, la grande révolte de 1871 soulève le pays, la famille de Mohand s’y engage tout entière. Après la défaite, le père du poète est jugé, condamné et passé par les armes à Fort National sur les lieux même de son premier village détruit. Son oncle est déporté en Nouvelle Calédonie. Son frère fuit en Tunisie et lui-même ne doit la vie sauve qu’à l’intervention d’un officier français. Tous les biens de la famille sont confisqués. Mohand réduit à l’indigence, quitte la montagne natale et s’en va c ‘est son troisième et définitif exil.
Il passera désormais sa vie à parcourir les villes et les routes d’Algérie et quelques fois de Tunisie, il vit jour le jour, au fil des circonstances. Il prend conscience du caractère singulier de son destin et l’accepte comme tel. Pour s’étourdir, il s’adonne, d’abord avec réticence, et à la fin avec frénésie, à tous les plaisirs défendus : les filles, le vin, l’absinthe, le haschich, la cocaïne.
Vivant d’expédients, il hante les cafés maures, les bistrots, tous les lieux ou l’on tâche de s’étourdir et de prendre du bon temps. Il a des compagnons de plaisir ou de misère et au milieu de tout cela, traîne une incurable solitude intérieure. Aucun lieu, aucun être n’arrive à l’attacher vraiment. Il est l’éternel errant, toujours à la veille d’un départ qui parfois ressemble à une fuite.
Il vivra ainsi trente ans durant, toujours sur la route, toujours seul, buvant, aimant, se droguant, mais par-dessus tout magnifiant tout cela du don de poésie. La poésie c ‘est plus que sa justification, sa raison d’être. Il a ainsi crée le type de poète à la fois élu et damné, libéré des canons de conduites communs, et dont le rôle est justement d’apporter, dans une société enserrée jusqu’à l’étouffement dans les règles d’une tradition tyrannique, l’exemple et la dose d’une anarchie compensatrice.