• RENCONTRE AVEC BOUDJEMAA KARECHE

    Culture : RENCONTRE AVEC BOUDJEMAA KARECHE AUTOUR D’“UN JOUR, UN FILM”
    Il faut aller au cinéma

    Rencontré la semaine dernière lors d’une ventedédicace de son dernier livre, Un jour, un film, l’ex-directeur de la Cinémathèque algérienne, celui qui a dans ses souvenirs l’essentiel de l’histoire du cinéma algérien, Boudjemaâ Karèche, a accepté entre deux signatures de répondre à nos questions.

    Le Soir d’Algérie : Avant de parler de votre actualité, en l’occurrence, la sortie de votre livre, Un jour, un film, on est tenté de vous (re)poser la question de votre départ de la Cinémathèque algérienne…

    Boudjemaâ Karèche : J’ai été mis à la retraite, c’est clair et simple. C’est-à-dire qu’on m’a renvoyé de mon travail.

    Le cinéma algérien, qui commence à bouger un peu, n’a pourtant jamais eu autant besoin de ses spécialistes et défenseurs…

    Je suis fier que vous me disiez ça. Mais le cinéma algérien ne bouge pas…

    Pourtant, en comparant avec les années précédentes, on voit plus de films dans les quelques salles qui existent.

    Vous parlez de la distribution alors ! Il y a quelques distributeurs courageux, d’ailleurs. J’ai écrit un texte sur eux, mais moi, quand vous me dites “cinéma algérien” je pense à la production algérienne. Je l’ai dit pendant 35 années à la Cinémathèque algérienne que je ne restais à la cinémathèque que s’il y avait un cinéma algérien, et malheureusement pour vous et pour moi, il n’y a plus de cinéma algérien, il n’y a aucun film qui se tourne et il n’y aura aucun film qui se tournera avant longtemps

    Difficile d’entendre ça de la part d’un spécialiste comme vous.

    Faut-il dire la vérité ou fautil encore tricher, moi je pense qu’il faut dire la vérité et la vérité est très souvent amère. Pas plus tard que ce matin, on me pose la question : “Monsieur Karèche, êtes-vous content du festival du film amazigh de Ghardaïa ?”. C’est faux, moi je n’y suis pas allé, d’autre part ce n’est pas un festival, ce sont des rencontres autour de la vidéo, et comment veut-on faire un festival de cinéma sans films et sans salles de cinéma. A l’heure où je vous parle, on est en janvier 2006 et il n’y a que trois salles de cinéma en Algérie : Algeria, Ibn- Zeydoun et El-Mouggar et elles sont vides… L’Etat taxe les distributeurs à hauteur de 57% et le privé ne s’intéresse pas au cinéma alors qu’il devrait, car il y a de l’argent dans le cinéma… Comment être optimiste ? Il y a que les jeunes qui peuvent changer la situation principalement en allant voir les films dans les salles de cinéma.

    Votre livre, Un jour, un film, marque votre retour, un retour qu’on peut qualifier d’inattendu puisqu’on vous soupçonnait derrière une caméra et on vous retrouve auteur d’un ouvrage !

    Je suis à la retraite depuis deux années, comme j’ai participé et écrit dans la presse et que j’ai beaucoup d’amis journalistes qui m’ont accordé beaucoup d’interviews, comme vous le faites-vous maintenant, j’ai donc décidé de ramasser tout ça. Ce sont des tonnes de documents. J’ai sélectionné puis je me suis dit que, peutêtre, ce que je raconte intéresserait quelques jeunes et moins jeunes. Ce n’est pas un livre sur le cinéma, c’est un livre sur mon travail à la cinémathèque. Vous allez trouver des rapports, des affections et des sympathies avec des êtres humains et des lieux. Maintenant, faire un film… quelle merveille de faire un film mais c’est très difficile. Et quand on veut faire un film, il faut avoir quelque chose à dire et c’est très très difficile d’avoir quelque chose à dire au cinéma, moi qui ai passé toute ma vie à regarder des films, je suis incapable d’en faire un. Cest un métier très difficile

    Mais vous avez quelque chose à dire sinon, pourquoi ce livre ?

    Moi, j’ai toujours dit que j’aime le cinéma, j’aime l’image mais la lecture d’abord, donc j’ai fait ce livre, ça peut aider des jeunes à lire des portraits, savoir qui est Ali Zamoum, qui est Fetouma, Ali Bekhti, Allouache et d’autres anecdotes que je raconte…

    Vous commencez votre livre par l’évocation de quelques femmes…

    Non, vous avez mal lu mon livre (rires). Je commence par un ami à moi, Ali Zamoum, que j’adorais, qui est décédé malheureusement depuis une année. Il était le plus jeune condamné à mort de la guerre de Libération. Il a compris une chose alors qu’il a eu des postes très importants, il a tout quitté, il a dit : “Pour que ce pays s’en sorte, il faut s’intéresser aux jeunes et à la culture des jeunes.” Toute sa vie il n’a fait que ça. Donc je lui rends hommage, ensuite, c’est vrai j’ai fait le portrait de sept femmes, parce que je pense qu’il n’y a pas plus beau au monde que les femmes. Un lieu ne peut être beau que s’il y a des femmes et ces femmes sont mes amies, je les aime et donc j’ai écrit sur celles que j’aime.

    Pour finir, quel est le conseil que vous donnez à la jeune génération qui est attirée par le monde du cinéma ?

    Allez voir des films. Il faut voir des films à longueur de journées

    Mais où ?

    Ben, il y a trois salles à Alger ! Faut voir les films deux, trois fois s’il le faut et bien sûr il faut lire la littérature, les grands auteurs et pas seulement les nôtres… Il faut aller vers la culture, c’est la seule façon de devenir cinéaste.
    Y. H.

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