• REDA TLILI, RÉALISATEUR TUNISIEN À L'EXPRESSION

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    REDA TLILI, RÉALISATEUR TUNISIEN À L'EXPRESSION

    "Je veux laisser des traces pour les générations futures"

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    L'avenir reste encore à bâtirL'avenir reste encore à bâtir

    Il a son actif neuf films entre courts et longs métrages. Son premier film, Ayen kan a pris part au Festival du court métrage de taghit en 2008 où il avait obtenu le Prix de la mise en scène. Après des essais, des films expérimentaux, des docs, installations vidéos, il est devenu aujourd'hui coordinateur aux JCC dans la section cinéma indépendant et promoteur pour quelques festivals. Depuis trois ans, il a monté une boîte de production pour réaliser des projets, parfois pour la télé et le cinéma. De retour en Algérie, il a présenté jeudi dernier à la Cinémathèque de Béjaïa son documentaire réalisé avec Ayten Mutlu. Il s'agit de Controlling and punishment. Retour sur la ville de Sidi Bouzid où tout s'est enclenché. Portrait de ces habitants profondément enracinés et à la conscience politique très forte. Rien n'est encore joué, estime le film. Le combat continue, à condition de bien s'armer et connaître son passé pour ne plus refaire les mêmes bêtises. L'avenir reste encore à bâtir, en art s'il le faut, en cris et en paroles mais aussi en mouvement circulaire comme l'est la vie, le monde...

    L'Expression: Dans la présentation de votre film, vous avez déclaré qu'on a tendance à porter à la révolution du Jasmin une très lourde responsabilité comme si celle-ci avait poussé les autres révolutions à germer et votre film semble, du moins en partie, tenter de dédouaner cette hypothèse en disant que la révolution tunisienne est née d'abord, dans une région reculée par un jeune qui voulait au départ revendiquer seulement son droit au travail, autrement c'était d'abord social puis c'est devenu politique et tout a basculé....Est-ce vrai?
    Reda Tlili:
     Il y a toujours eu des gens politiques entre opposants et résistants dans toute la région et dans tout le pays, bien avant la révolution. Mais au bout d'un moment, ce n'était pas eux les leaders. C'était la jeunesse mise à l'écart par le pouvoir de Ben Ali. Les slogans étaient simples. Ils voulaient du travail et de la dignité. C'est à ce moment-là qu' a commencé le soulèvement. On était surpris après de voir que tout a été détourné. On a commencé à parler de coalition politique, d'élection, de tel parti au pouvoir. A partir du 14 janvier, c'est-à-dire le départ de Ben Ali, c'était une contre-révolution qui a pris place. Ceux qui avait fait l'acte révolutionnaire étaient mis à l'écart. On entendait parler de Ennhada etc, mais pas de ceux qui ont été dans la rue..

    Pensez-vous justement que ces jeunes inexpérimentés et sans trop de bagages intellectuels sont à même de reprendre les rênes?
    Il ne s'agit pas de diriger le pays. Nous, on ne demande pas de diriger le pays, mais on veut que les biens du pays soient bien divisés entre tout le monde, qu'il n'y ait plus de corruption et d'injustice sociale. Après, pour moi en tant que cinéaste rien a changé. Je n'ai jamais eu l'aide de l'état. Ce sont toujours les mêmes personnes depuis 40 ans qui ont cette subvention. Ces gens-là ont leur cercle et l'argent est toujours réservé à telle ou telle personne

    Justement, dans votre film vous le dites très bien. Rien a changé ou presque mais il y a un cercle vicieux qui tourne dans votre film. Ce n'est pas pour rien que vous dénoncez l'échec d'Ennahdha et après vous bifurquez vers le passé par un souci, non seulement de devoir de mémoire, mais surtout pour réveiller les consciences sur la continuité de l'impunité des crimes commis par le passé, notamment de Chraïti, sous le régime de Bourguiba. Pourquoi cet épisode alors? Pour dénoncer le perpétuel mensonge des politiques donc?
    Justement, oui c'est vrai, car en quelque sorte l'histoire se répète avec beaucoup plus de violence. Si cette trahison du passé a pu être calmée, aujourd'hui on voit bien que tous ces jeunes qui, las de leurs revendications, deviennent des terroristes. Avec la montée de la corruption, les jeunes se radicalisent. Il y a beaucoup de gens qui quittent le pays alors qu'on peut donner du boulot à tout le monde. Petit à petit, il y a plus de violence.

    Quelle est votre vision de la Tunisie actuelle et qu'elle a été le moteur pour faire ce film bien que cet acteur de théâtre dit que ce n'est que le début...
    En tant que cinéaste, si j'ai fais ce film c'est pour garder des traces de cette période pour la génération qui va venir. Cette génération s'en fout pas mal de son passé. Chacun est dans son monde, mais si nous, on dit O.K. on va accumuler les projets artistiques, les générations à venir vont peut-être retenir les leçons de ce qui se passe ou s'est passé. Sinon, la situation est très pessimiste. Nous, on essaie de faire notre devoir. On est là. On n'a pas quitté le pays. On reste dans nos régions. On essaie de faire des films avec les moyens qu'on a, on essaie de monter des événements culturels, de jouer notre rôle.

    L'art est omniprésent au milieu de ce désordre. Il y a justement cette compagnie de théâtre qui tente par forme de catharsis de dire les choses, et le responsable de cette compagnie affirme que ce n'est que le début. Prônez-vous donc la patience à travers votre film?
    Je partage son avis. Tout vient de commencer. J'ai fait trois films sur le thème de la révolution dont un sur le street art et le graffiti et beaucoup sont dans cette optique et cette idée selon laquelle on doit faire quelque chose, même si on na pas d'échos dans notre pays, mais on s'organise et on essaie de faire des choses. On ne cède pas la place. Il y a beaucoup qui font soit du théâtre, soit de la danse dans la rue par exemple, mais ils n'ont pas beaucoup de moyens. Ils restent encore optimistes même si la réalité est tout autre et demeure beaucoup plus sombre..

    Déconstruction est le titre de votre prochain film long métrage fiction. Pourquoi l'histoire du départ d'une fille? Pourquoi ce thème?
    En fait il s'agit d'une fille qui se retrouve dans une situation compliquée, poursuivie et dans cette fuite on fait tout un voyage avec elle dans le pays. On parle de terrorisme, de trafic, de tout ce qui est caché dans le pays et à partir de cette fille qui essaie de quitter le pays, on voit tout ce qui se passe derrière. Des choses Illégales, les terroristes, le film s'inscrit dans l'état actuel du pays. C'est un film indépendant et je cherche des financements pour pouvoir le finir.

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