• Quand la photo se fait mémorielle Kouaci

    Quand la photo se fait mémorielle

    Kouaci en réveilleur de conscience des jeunes

    Par : D. LOUKIL

    Une exposition intitulée “Témoignages photographiques 1958-1963” a été accueillie à Oran comme une découverte et un plaisir partagé. Un partage presque comme un legs, une page d’histoire qui se lit et qui nous mène vers des moments furtifs, parfois comme volés et qui, mis bout à bout, sont des instants documentaires.

    C’est d’une voix posée, calme, donnant un rythme précieux aux mots comme souvent chez les dames de son âge et de sa génération, que Safia Kouaci nous a parlé de son mari, feu Mohamed Kouaci. Au milieu des clichés dont certains peu connus du grand public, Safia ne se lasse pas d’écouter et de parler aux jeunes visiteurs qui découvraient l’exposition retraçant quelques années du parcours du photographe autodidacte qu’il était. Une exposition intitulée “Témoignages photographiques 1958-1963” qui, même si elle a été accueillie dans plusieurs grandes villes, à Oran ce fut, une fois de plus, une découverte et un plaisir partagé. Un partage presque comme un legs, une page d’histoire qui se lit et qui nous mène vers des moments furtifs, parfois comme volés et qui, mis bout à bout, sont des instants documentaires. 
    Safia d’ailleurs explique que cette exposition montée avec l’aide d’une parente, Faïza, est un peu ce que voulait feu Mohamed Kouaci. Réaliser, après sa mort, son projet, et donner à lire son œuvre comme un testament, un ultime legs pour les futures générations : “Vers la fin de sa vie, il était étonné de voir que les jeunes méconnaissaient notre révolution, et quelle révolution, et les gens qui l’ont faite… Il parlait souvent non pas des gens de notre génération, mais des jeunes, et il voulait que ceux-ci découvrent cette histoire, il voulait réveiller leurs consciences…” Et Safia de confier encore : “Dans son esprit, ses photos c’est un héritage, c’est très clair. Pendant toute sa maladie il parlait beaucoup de cela, de laisser aux jeunes comme un héritage, il pensait même faire un livre, dédié toujours aux jeunes. Il avait préparé la maquette, mais la maladie ne l’a pas laissé finir…” Mais Safia se promet aujourd’hui d’achever le rêve de son mari en terminant ce livre, elle, la compagne des années durant, qui n’avait pas osé toucher aux milliers de clichés qu’il avait laissés après sa mort en 1996. Pour réaliser l’exposition, le choix ne fut pas facile, néanmoins Safia espère quand même que les visiteurs sentiront la générosité, l’humanisme de Kouaci et que surtout “chaque photo peut s’interpréter comme on l’entend, chacun peut extraire une vérité ou laisser le champ libre à leurs propres regards”, dit-elle encore, non sans oublier de mettre en relief l’art de son mari “de soutirer la vérité de ceux qui se laissaient photographier”. Les clichés en noir et blanc, la prédilection de Kouaci, regroupés dans cette exposition qui est itinérante, sont autant d’instants capturés par l’objectif de Kouaci, des instants de vie célébrée en même temps. 
    A parcourir les photos, les visiteurs, surtout les jeunes, découvrent les visages d’inconnus, pourtant acteurs héroïques, ceux d’hommes, de femmes, souvent jeunes, à l’arrière des maquis, armes à la main aussi, ou encore, les enfants de la guerre réfugiés en Tunisie. L’exposition se fait histoire et témoin, avec les portraits de certains des leaders historiques du mouvement national de libération. Bitat, Boussouf, Bentobal, Yazid, Dahleb sont là, côte à côte, et pour les jeunes ces visages sont souvent et douloureusement des inconnus, des pages arrachées de leur mémoire collective. Kouaci nous trace un chemin vers la libération célébrée dans les campagnes par les retrouvailles d’un père avec son enfant. Puis il nous entrouvre la porte pour nous offrir quelques portraits de grands leaders des années 60 qui passaient par l’Algérie : le Che, Castro, Gamal Abdel Nasser, Tito, côtoyant leurs hôtes de l’époque : Boumediene, Ben Bella… C’est bien cela en fait cette exposition de Kouaci, des instantanés dans le temps d’un pays, témoignant pour l’histoire et pour les générations futures. Les milliers de clichés laissés par Kouaci, quant malheureusement certains ont été pris et jamais rendus à la famille, sont une œuvre à protéger et à préserver. Mais là encore, Safia et ses proches sont trop seuls à vouloir empêcher que le temps n’efface à jamais ces pages de l’Algérie et de la vie de Mohamed Kouaci.

    D. L

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