• «Printemps reporté» un film de Walid Bouchebbah

    «Printemps reporté» un film de Walid Bouchebbah

    Hommage aux héros anonymes

    Un film sur les choix d’un homme et les dures décisions que l’on peut prendre face à l’adversité , les doutes, les tourments du quotidien et les à-côtés de la vie...

    Outre le film «Soula» de Salah Issaâd, qui nous aura certainement marqués, s'il avait été diffusé cette année en Algérie, aux côtés de «Djamila au temps du Hirak» de Abderrahmane Harrat, «Il reviendra» de Youssef Mehsas, ou encore «Tchebtchaq marikane» de Amel Blidi, notamment, un autre court métrage vient d'attirer agréablement, notre attention. Il s'agit de «Printemps reporté» du réalisateur algérien Walid Bouchebah qui entame en ce moment une belle carrière, tout doucement mais sùrement, bien qu'à l'ombre des sunlights et du glamour. D'emblée, à notre question, «pourquoi revenir au Printemps noir, alors que l'Algérie vit le Hirak en 2020?», le réalisateur nous répond tout de go:

    « C'est un film que j'ai écrit en 2014 et tourné fin 2016 début 2017, deux ans avant le Hirak.». Et puis on se met à songer..Et pourquoi pas? Longtemps restées taboues, les manifestations sanglantes du printemps noir ont très peu été montrées au cinéma. Il était temps, en effet, qu'on les mette en lumière, qu'on parle d'elles, et on discute...Car la question de l'identité berbèrequi est au centre du film, n'en demeure pas moins toujours d'actualité hélas...de quoi raconte le film au juste?

    Il s'agit en fait d'un couple d'Algérois qui ont quitté la ville avec leur fils pour ne pas devoir à subir les affres de la violence liée ces à ces confrontations que connait le pays..Mais on n'échappe pas à son destin et les événements du Printemps berbère enflent et prennent une grande proportion, y compris chez le père de famille, campé par Mourad Oudjit et son ami, Fodil alias Fodil Assoul. L' on ne peut rester sourd devant la marche de l'histoire..
    Assumer ses Choix
    L'un veut se rendre à la capitale pour participer à la marche, mais sa femme, incarnée par Samia Meziane, tente de l'en dissuader. L'ami, de l'usine, Fodil, a, lui aussi, une lourde responsabilité à gérer, son père handicapé en plus, interprété par le comédien Rachid Benalal. Au milieu de cet imbroglio et conflit des grands, entre raison et passion, l'on ne sait qui va l'emporter.

    Sans raconter la fin, le propos du film se veut émouvant d'autant qu'il place, à juste titre, au milieu, le regard d'une enfant. Ce dernier, campé à merveille par Adlane Benmoussa, assiste à ces clashs entre adultes et voient comment les décisions se prennent...Il sait qu'il est aussi un bouc émissaire au sein de ses parents, que sa mère a peur qu'il lui arrive quelque chose...

    Néanmoins, tout ceci va certainement forger son caractère de demain...Ce gamin n'est autre, suppose t-on que le réalisateur lui-même qui indique sur sa page facebook: «En réfléchissant à ce que je désirai dire sur ce thème qui est celui des évènements de la Kabylie, la marche de 2001, et même avant la marche, m'est revenu le souvenir des nuits blanches à Béjaïa ma ville natale, alors que j'avais à peine 12 ans.

    Ce souvenir, c'est celui des bombes lacrymogènes, des sirènes de pompiers et de cris de femmes qui retentissaient constamment dans cette vill...j'ai la chance, des années après, de revivre quelques images à travers mon court-métrage « printemps reporté»/ En effet, si l'on ne voit pas ces scènes dans le film, le réalisateur les place ici et là, grâce au son de la radio, qui fait défile l'actualité à longueur de journée, mais aussi lors d'un accident où l'enfant arrive les yeux esquintés par le gaz'lacrymogène.

    Ce qui constituera l'objet de dispute entre la mère et le père. Une tension palpable que le réalisateur parviendra à restituer avec vérité.


    De la notion d'engagement au cinéma
    Le film de Walib Bouchebah est intéressant à plus d'un titre car il pose sur la table ce qu'est la notion d'engagement. Aller jusqu'au bout de ses aspirations. Car à un moment donné, nos deux protagonistes du film, devront faire ce fatidique choix dans la vie: aller, partir ou rester! C'est cet enjeu-là qui est mis en scène dans ce film et qui tentera de mettre en haleine le spectateur. Si les extérieurs ne sont pas trop montrés, ou rarement, le film gagne en épaisseur grâce à son aspect psychologique, qui est abordé avec délicatesse.

    Il traduira ainsi les interrogations de nos personnages et cela se voit par l'accent appuyé de la caméra qui est mis sur les regards. Ces derniers, vifs ou désespérés, déterminés ou perdus, témoignent justement de la dure réalité qui est dépeinte chez ces deux familles lambda de notre société. Ce film rend ainsi hommage aux héros anonymes du printemps noir. «Printemps reporté» ne juge personne en effet, il décrit avant tout une histoire humaine en butte à ses tourments, à ses doutes, prise par les aléas de la vie, du quotidien....

    En cela, le film fait penser à «Les bienheureux» de Sofia Djama. Film bien utile, «Printemps reporté», prend part, rappelons-le, en ce moment à la 26e édition du Festival international Capri Hollywood en Italie qui se tient jusqu' au 31 décembre courant. Produit en 2018, il est à noter que «Printemps reporté» est le deuxième court-métrage du réalisateur Bouchebbah. Le Festival international du film de Capri Hollywood se tient chaque fin décembre ou début janvier à Capri, en Italie.

    Créée en 1995, la sélection compétition est ouverte aux films internationaux, à l'animation, aux documentaires et à la fiction.
    «Printemps reporté» participera également au festival «Hollywood first time filmmaker showcase», organisé par Lift-Off Global Limited. Il a pour but de récompenser les meilleures productions et offrir aux participants une grande visibilité et une renommée à l'échelle mondiale. Né en 1988, Walid Bouchebbah, diplômé de l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel à Alger, a mis en scène, entre autres, la pièce «Divorce sans mariage», outre la réalisation du sitcom télévisé «Bab Edechra».

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