• Mort d'Edouard Molinaro

    Mort d'Edouard Molinaro, artisan indispensable du cinéma français

    CINÉMA | Le réalisateur Edouard Molinaro est mort, à l’âge de 85 ans. Il était l'auteur de plus d'une trentaine de longs métrages, dont “Oscar”, “L'Emmerdeur”, ou encore évidemment “La Cage aux folles”.

    Le <time datetime="2013-12-07T15:28:00+01:00" itemprop="datePublished">07/12/2013 à 15h28</time>- <time datetime="2013-12-07T16:19:27+01:00" itemprop="dateModified">Mis à jour le 07/12/2013 à 16h19</time> 
    Pierre Murat

    <figure style="padding: 0px; margin: 0px; position: relative;"><figcaption style="padding: 0px; margin: 0px; position: relative; font-size: 1em; color: rgb(165, 163, 157); font-weight: bold;">PHOTOPQR/LE COURRIER DE L'OUEST/LAURENT COMBET</figcaption></figure>

    C’était la modestie même. De tous ses films, Edouard Molinaro , décédé le 7 décembre à l’âge de 85 ans, n’aimait que l’un de ses tout premiers : La Mort de Belle, d’après Georges Simenon, tourné en 1961, avec Jean Dessailly et Alexandra Stewart. Ouvre étrange, poétique, délicate. Bide total, difficilement visible, aujourd’hui…

    A cette époque – la fin des années 50 – il ose, il invente… Avant Louis Malle etAscenseur pour l’échafaud, où Miles Davis joue un rôle musical si important, il demande à Art Blakey et ses Jazz Messengers de meubler le générique de Des femmes disparaissent (1958). Et quand l’échec de La Mort de Belle le pousse à réaliser un polar, il fait des Ennemis (récemment édité par SNC Les Classiques français) un bijou fantaisiste où même Roger Hanin est irrésistible : c’est dire ! La encore, le jazz est primordial : cette fois, c’est Martial Solal qui est aux commandes…

    Du rythme, du rythme, du rythme… Les comédies qu’il tourne dans les années 60 filent à toute allure, avec un montage sec, elliptique qui élimine l’ennui : Arsène Lupin contre Arsène Lupin (Jean-Claude Brialy, Jean-Pierre Cassel, Françoise Dorléac), Une ravissante idiote (Brigitte Bardot et Anthony Perkins). Et surtout La Chasse à l’homme (1965), petit joyau où le clan des mecs (Belmondo, Brialy, Claude Rich), opposé a celui des nanas (Dorléac, encore, Marie Laforêt et une quasi débutante nommée Catherine Deneuve, dont on découvre la vraie voix après l’avoir entendue, doublée, dans Les Parapluies de Cherbourg) se livre à une guerre des sexes féroce, arbitrée par les répliques de Michel Audiard. C’est là qu’on entend le fameux : « Deux milliards d’impôts nouveaux ? Moi, j’appelle plus ça du budget. Mais de l’attaque à main armée ». Sans oublier le génial : « Personne n’a pu tomber amoureux de papa. Maman a essayé »

    Molinaro tourne avec des monstres sacrés, aussi, et ça se passe mal. C’est que « Doudou », comme l’appellent ses intimes, ne rit jamais sur un plateau et Louis de Funès déteste qu’un metteur en scène garde son sérieux devant ses gags et ses grimaces. Le tournage d’Oscar est électrique. Quelle réussite, pourtant ! Et si « Fufu » y est génial, Edouard Molinaro y est pour beaucoup qui parvient à allier l’hystérie de son comédien à son goût du rythme gracieux à l’américaine, style Howard Hawks.

    Il aura tourné du bon (Le Gang des otages, méconnu, comme La Mort de Belle, dans un style presque documentaire). Du moyen (Beaumarchais l’insolent, avec Fabrice Luchini). Et du mauvais (La Cage aux folles 1 et 2, où un autre monstre sacré, Ugo Tognazzi, le fera beaucoup souffrir). Ces films seront, à la fois, des triomphes et sa perte, puisqu’ils l’enfermeront, peu à peu, dans un cinéma commode qu’il n’avait pas la force de refuser. C’est à la télé, curieusement, qu’en fin de carrière, il réussit à s’épanouir en adaptant Stefan Zweig (La Pitié dangereuse, avec Michel Piccoli), Henry James (Ce que voulait Maisie, avec Evelyne Bouix) ou Balzac (Nana, avec Lou Doillon).

    Edouard « Doudou » Molinaro faisait partie de ce qui manque le plus au cinéma français actuel : des artisans, forcément méprisés, dont on s’aperçoit toujours, mais trop tard, qu’ils étaient indispensables. 

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