• LECON DE SCENARIO 6

     
    LECON DE SCENARIO #6
    Les fondamentaux de la dramaturgie
    Par Jean Marie ROTH
    en partenariat avec scenario-mag.com
    site dédié à l’écriture de scénarios


    Le site Scenario-mag.com, qui vous propose cet article, vous fait découvrir ou redécouvrir un film à travers le scénario pour mettre en valeur et promouvoir le travail du scénariste. Ce site propose également une newsletter avec toute l'actualité du scénario et du storyboard.



    L'idée

    Tout film, quel qu'il soit, prend pour base une idée.  Il s'agit du résumé, en une ligne, de l'enjeu principal de l'intrigue.

    Ex : Deux policiers recherchent un psychopathe qui choisit ses victimes en fonction des sept péchés capitaux.

    Il s'agit de l'idée de "Seven". Bien entendu, en donnant juste cette idée à 10 scénaristes différents, vous obtiendrez 10 films totalement différents. C'est pourquoi une idée n'est pas juridiquement protégeable.

    A dire vrai, la formulation exacte de votre idée n'a de raison d'être que pour vous. Elle vous sert de repère constant, tout au long de votre travail.  A chaque instant de l'écriture, vous devez vous demander si ce que vous écrivez correspond bien à votre idée.  Ainsi, moins votre idée sera claire, plus vous risquerez de tomber dans le terrible piège du hors sujet. Et ça, ce n'est pas une bonne idée.



    Le genre

    N'importe quelle idée peut être traitée sous n'importe quel genre. Ainsi, l'idée de "Seven"  Deux policiers recherchent un psychopathe qui choisit ses victimes en fonction des sept péchés capitaux peut tout aussi bien servir de support à un thriller qu'à une comédie loufoque. Rien ne l'empêche. Cependant, en règle générale, il est préférable de ne pas trop jouer avec les genres et d'opter pour le plus évident. Celui qui est induit par l'idée. Finalement, un psychopathe comique… ça fait mauvais genre.


    La théorie

    Tout film, à quelques très rares exceptions près, contient ce que le dramaturge appelle une "théorie". Il s'agit en quelque sorte de la morale de l'histoire… même si celle-ci n'a rien de moral. Demandez-vous, le plus honnêtement du monde, quel est votre message final. Un scénariste ne peut se permettre de rester neutre, il lui faut prendre position, définitivement, face à son idée. Il ne peut se permettre de conclure son film en accordant une place au doute.  On peut dire que si votre message correspond à votre théorie, le film en est la démonstration. Comme pour l'idée, il convient d'être clair face à sa théorie. Comme pour l'idée, elle doit se résumer en une phrase.

    Ex : La naïveté permet de gagner sur les événements de la vie.  Il s'agit de la théorie de Forrest Gump.

     

     

     

     

     

     
    La loi des trois actes

    Toute narration, quelle qu'elle soit, s'élabore de façon ternaire. Un scénario se construit en trois actes principaux. : prémisses - développement - conclusion. Parfois, surtout en matière de télévision, le second acte peut être scindé en trois sous actes, ce qui donne pas pour autant cinq actes.


    Les noeuds dramatiques

    Tout film, toute histoire, contient son lot de Nœuds dramatiques.  Il s'agit des événements essentiels ponctuant l'histoire et permettant à la narration de progresser.

    Ex : Jean découvre que sa femme le trompe - Mylène perd son emploi - Georges est assassiné - Louis tombe amoureux - etc.

    Ils existe deux types de Nœuds : les majeurs et les mineurs.

    " Les Noeuds Majeurs sont des événements fondamentaux arrivant aux personnages principaux.

    " Les Nœuds mineurs sont des événements de moindre importance arrivant aux personnages principaux, ou des événements essentiels survenant aux personnages secondaires.



    Les prémisses

    Vous avez quinze minutes pour convaincre le spectateur et quelques pages pour fasciner le producteur.

    Dans les prémisses vous devez présenter les personnages principaux, leur style de vie habituel et l'élément qui va permettre de lancer l'intrigue.

    Ex : Robert rentre chez lui. Sa femme a disparu.



    Le développement

    C'est en quelque sorte le plat de résistance. Tout ou presque y est montré, l'essentiel y est dit, les éléments vitaux y sont présentés...

    - fond des personnages : leur caractère, leurs caractéristiques, leur moralité, leurs croyances et coutumes... etc...
    - conflits intérieurs et extérieurs des personnages (doutes - cas de conscience - problématiques diverses - antagonismes).
    - personnages secondaires sauf exception, il faut présenter l'intégralité des personnages secondaires avant le dénouement.

    Questions : De multiples interrogations sont soulevées dans le film tout au long de cet acte central. Qui fait quoi ? Pour qui ? Pourquoi ? Comment ? Avec qui ? Où ? A quel moment ? Qui pense quoi ? Qui dit quoi ? Qui cache quoi ?

    Réponses : Si vous attendez les 15 dernières minutes du film - celles réservées au dénouement - pour répondre à toutes les questions posées, il faudra projeter la fin en accéléré. N'hésitez surtout pas à déblayer régulièrement le terrain en répondant à certaines questions.
    La fin de certains personnages

    Une fois encore, vous ne pouvez tout réserver pour la fin. Ainsi, certains personnages trouvent-ils leur conclusion avant le dénouement.


    Le denouement

    Vous avez généralement une quinzaine de minutes pour tout régler sans confusion. Les nœuds dramatiques non encore explicités le sont dans cette dernière partie.  Les questions encore ouvertes y trouvent réponse.  Chaque élément présenté précédemment, sans qu'on ne sache vraiment pourquoi, prend utilité en ces ultimes minutes.  Pourquoi ce film ? Que démontre-t-il ?


    Le personnage

    Le personnage est le moteur du film. C'est par lui que tout arrive. Il est en quelque sorte votre ambassadeur face au public. Sans personnage : pas de film ! D'où l'importance primordiale de le connaître le plus parfaitement possible. Quel est son style de réaction habituel ? Quel est son mode naturel d'expression physique et linguistique ?, Comment évolue-t-il physiquement ?, Comment exprime-t-il ses émotions ?, Comment résout-il ses principaux problèmes ?, Comment sort-il des principaux nœuds dramatiques ?


    Les trois dimensions du personnage

    > Physique : Homme, femme, âge, grand, gros, petit, laid, beau, cheveux longs, courts, chauve.
    Psychologique : Il s'agit là de déterminer le fond profond (si je puis dire) de votre personnage
    > Sociologique : Un pauvre anciennement riche n'agira pas comme un pauvre anciennement pauvre.


    La crédibilité du personnage

    Le personnage doit être à la fois commun, ce qui le rend identifiant, tout en étant différent, ce qui le rend séduisant. C'est de ce juste mélange que naîtra la crédibilité de votre personnage.


    Les nécessités

    Si le personnage est le moteur du film, la nécessité en est le carburant. Il existe différentes sortes de nécéssités.

    La nécessité directe : Un personnage veut quelque chose. Et c'est tout.

    La nécessités opposées : Le vilain bandit veut échapper au gentil policier (ou le contraire).La quête de l'objet unique.

    Deux amoureux veulent la même fille ; la France et l'Italie veulent la Coupe d'Europe ; Indiana Jones veut l'Arche d'alliance, au même titre que les nazis.

     

     

     

     

     

     
    Les provenances possibles des nécessités

    Elles viennent du film : C'est le cas le plus fréquent.  Les nécessités sont ici conséquentes à des événements survenus au sein même du film. Elles sont la suite directe d'événements précédant le film : Dans Le silence des agneaux, la nécessité de Jodie Foster est de retrouver un dangereux psychopathe. Mais ce besoin existait avant le début du film puisqu'un premier meurtre avait déjà été commis.

    Elles surgissent inopinément du passé : Dans La femme d’a coté, de François Truffaut, deux amants se retrouvent, vingt ans après avoir été séparés et n'avoir pas pu vivre leur passion.


    La gestion des nécessités

    Aussi évident cela puisse paraître, il ne faut jamais hésiter à s'interroger sur les nécessités de son personnage : Que veut-il ?, Pourquoi le veut-il ?, Jusqu'à quel point le veut-il ?

    Après quoi il faudra se demander : Que va-t-il faire pour atteindre son but ? => ACTION, Comment va-t-il le faire ? => MANIERE


    Les qualités essentielles aux nécessités

    Pour que les nécessités présentées aux spectateurs, et imposées aux personnages, fonctionnent de façon efficace, il faut qu'elles soient :

    CREDIBLES - Un peu dans le sens où un riche voulant à tout prix devenir pauvre sera difficile à suivre.

    EVIDENTES - S'il faut utiliser les trois quarts du film à expliquer les motivations profondes du personnage, le spectateur décroche en ayant l'impression d'avoir perdu son temps.

    UNIVERSELLES - Le spectateur doit immédiatement s'identifier au personnage en souffrant avec lui ses difficultés et en se réjouissant de ses victoires...


    L'aspect dramatique et cinématographique de la nécessité

    ACTION (ce qu'il fait) : Imaginons que mon personnage veuille effectuer le casse du siècle.  Je peux très bien le montrer en train d'en parler à ses copains. Je peux, oui... mais c'est nul ! Mon traitement est davantage théâtral que cinématographique.

    Par contre, si je le présente en action, prenant des mesures, chronométrant les trajets, vérifiant les plans, etc... le spectateur saisit mieux l'ampleur de la motivation et n'a plus de doute sur le fait que ce qu'on lui montre est bien un film.

    IMMINENCE (quand il le fait) Si mon personnage peut attendre plusieurs mois avant de mettre son plan en action, l'intérêt ne sera alors que d'ordre technique : comment va-t-il s'y prendre ?

    CARACTERE MORAL (pourquoi il le fait) De la nécessité à l'obstacle

    Face à son désir, à sa nécessité, le personnage doit rencontrer un problème. C'est ce que l'on appelle "dramatiser". Roméo veut épouser Juliette, mais les familles ne sont pas d'accord. Jules a un important rendez-vous de travail mais sa voiture ne démarre pas. Bruce veut bien sauver le monde une nouvelle fois, mais la routine l'épuise.

     

     

     

     

     

     
    Le conflit

    Le conflit est un obstacle de nature humaine. On recense plusieurs types de conflits.

    CONFLIT REACTIONNEL : Les intérêts de votre personnage s'opposent à ceux d'une ou plusieurs personnes de son entourage. Pierre veut se rendre chez Marie, mais Max l'en empêche.

    CONFLIT D'IDEES – EXTERNE : Deux personnages ne sont pas du tout du même avis.
    Jacques prétend que d'avoir couché avec la femme de Bruno est une chose tout à fait normale. Bruno n'est pas d'accord.

    CONFLIT D'INTERET PROPRE : Le jeu en vaut-il la chandelle ? Cette question se pose sans aucune connotation d'ordre moral. Pour mes vacances, plutôt le Brésil ou Melun sud ?

    CONFLIT MORAL : Culpabilisation, problèmes éthiques... Dès lors que votre personnage se pose une question du style "pourrai-je encore me regarder dans une glace après avoir fait ça ?" il se trouve en situation de conflit moral.

    CONFLIT D'IDEES – INTERIEUR : Le doute d'un personnage face à ses convictions. Un prêtre se met à douter de l'existence de Dieu.


    L'action

    L'action suit l'obstacle. Votre personnage rencontre un obstacle, il va donc agir.  En dramaturgie, l'inaction ou le refus d'agir est également considéré comme acte. On distingue deux types d'action : physique et émotionnelle.

    " Un homme court pour gagner une course : il s'agit d'une action physique

    " Un homme court pour rejoindre celle qu'il aime : il s'agit d'une action dite émotionnelle

    " Un homme court pour gagner une course dans le but de séduire celle qu'il aime... il s'agit d'un acte émotionnel.


    Les informations

    Un film n'est rien d'autre qu'une succession d'informations, plus ou moins importantes, de la première à la dernière seconde. Un personnage entre scène : infos sur son physique, sur son déplacement, sur son âge, sur son sexe, etc. Il parle : infos sur ce qu'il a dire, sur la façon dont il le fait, sur son humeur, etc.

    Une voiture entre dans une rue : infos sur les lieux, sur le type de voiture, sur la façon dont elle est conduite, etc. Les informations doivent constamment apporter un plus, et ne jamais être redondantes.


    La redondance informative

    Il faut tout dire et répéter, mais surtout il faut faire en sorte que personne ne s'en aperçoive.Le rôle du scénariste est donc de discerner l'importance des informations, puis d'en extraire les plus essentielles afin de les présenter 3, 10 ou 20 fois au public sous des aspects différents sans que celui-ci ne se doute de rien.


    Les implants

    Informations données en amont, pour en justifier d'autres en aval. Dans Psychose Hitchcock a pris soin de nous présenter Norman Bates en taxidermiste averti. On le voit, entouré d'animaux empaillés, parler de sa passion à une cliente (Janet Leigh).
    « scenario 7scenario »
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