• Le scénariste

    Le scénariste

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    «La nouvelle critique: un sujet, un verbe, un compliment.» Anonyme

    On peut bien se demander pourquoi y a-t-il chez nous, au pays où l'on a l'habitude de raconter des histoires à dormir debout, une pénurie de scénariste? Plusieurs réponses plausibles peuvent expliquer cette situation: un pays confiné dans l'agropastoralisme ne peut donner naissance à des créations culturelles. Ce sont les grandes villes qui donnent naissance à des vocations artistiques. Comme ces grandes villes ont été édifiées généralement par les divers occupants, on peut comprendre le retard accumulé par les indigènes pour s'exprimer.
    La deuxième cause est la tradition arabo-islamique qui, dans son interprétation la plus rigoriste, bannit certaines formes d'expression scénique. L'analphabétisme, cause des diverses occupations, a donné lieu à une oralité qui se rit de toutes les censures. Car la censure qui a toujours été exercée par les divers régimes qui ont sévi dans le Maghreb central s'est jointe aux autres facteurs pour appauvrir considérablement la production intellectuelle.
    Au lendemain de l'Indépendance, malgré les mesures démagogiques prises par les divers Exécutifs pour développer le secteur de l'expression, la mauvaise gestion du secteur audiovisuel et la censure en ont limité la portée. Cela n'a pas empêché les ordonnateurs de budgets d'organiser çà et là des festivals de cinéma et des ateliers d'écriture de scénario pour stimuler les vocations.
    Qu'est-ce qu'un scénariste, sinon un écrivain qui raconte une histoire destinée à être portée sur un écran! C'est avant tout un conteur qui a des choses à dire et qui doit les envelopper dans les apprêts les plus chatoyants. Il doit maîtriser tous les mécanismes et utiliser tous les artifices afin que le sujet qu'il propose puisse être crédible et assimilable par les spectateurs de la société où il vit. Le scénariste doit, en plus de son talent de conteur, posséder une culture solide: il a dû faire un survol de toutes les littératures du monde, afin qu'il s'en inspire et qu'il évite de répéter mal ce que les autres ont si bien dit. Une fois la technique de l'écriture apprivoisée, le scénariste doit pouvoir choisir (en mettant bien sûr la censure de côté), le sujet qui peut intéresser le type de spectateurs qu'il vise: s'il s'agit d'un film de fiction, il peut sans difficulté puiser dans le riche patrimoine de la littérature écrite et orale de son pays natal ou même de l'aire culturelle dans laquelle il baigne. Que ce soit un sujet historique ou contemporain, l'auteur devra, soit se référer aux clichés transmis par la tradition ou par le discours officiel, soit faire preuve d'audace et casser les tabous en démythifiant la légende. Il devra y mettre alors, plus que son talent. S'il s'inspire d'une histoire importée (au pays du tout-importé, c'est permis), il lui suffira d'adapter les actions et les personnages, afin que son public puisse s'y identifier. S'il s'agit d'un documentaire ou d'un sujet biographique, un travail de recherche et de compilation lui est nécessaire pour ne pas prêter le flanc aux arguments d'une commission de lecture pointilleuse qui pèse dans la décision de l'ouverture des cordons de la bourse. Les films d'aventure qui retracent les époques de résistance populaire aux occupants sont toujours les bienvenus. Quant aux histoires d'amour, elles sont tolérées quand les non-dits qui peuvent constituer le sel de l'histoire sont plus éloquents que les fades vérités étalées dans un pur conformisme. L'histoire d'amour est un sujet en or pour tous ceux ou celles qui manquent d'affection.

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