• Le long métrage qui ressuscite le 7e art algérien

    SORTIE DE “LA VIE D’APRÈS” D’ANIS DJAAD

    Le long métrage qui ressuscite le 7e art algérien

     

     
     
    Après les courts métrages Le hublot, Passage à niveau et Le voyage de Keltoum, Anis Djaad nous embarque vers une nouvelle destination, où une fois encore sa caméra arrive à capter avec élégance la réalité sociale des citoyens lambda. Ce réalisateur, qui s’est démarqué dans le paysage cinématographique grâce aux sujets abordés et à sa manière de raconter ces histoires empreintes de notre réel à travers la fiction, vient de réaliser un coup de maître avec son premier long métrage La vie d’après, dont l’avant-première a eu lieu le 9 décembre à la salle Ibn Zeydoun de l’Oref (Alger). En découvrant cette œuvre, nous sommes littéralement scotchés devant la beauté du propos, des personnages, de l’image… Un sentiment que peu de films algériens ont pu ressusciter ces dernières années, soit éventuellement depuis la sortie d’En attendant les hirondelles (2017), de Karim Moussaoui. Dès les premières secondes, le spectateur est happé par les prises d’images magistrales d’un douar perdu à l’ouest du pays où vit la veuve Hadjer (campée par Lydia Larini) avec son fils Djamil (Ahmed Belmoumane), qui travaille dans des champs agricoles. Cette mère aux revenus modestes, qui fait office de technicienne de surface dans une mairie, est sujette à des médisances au sujet d’une éventuelle relation avec son chef de service.

    La rumeur se propage au sein du village ; la mère et l’adolescent sont contraints de quitter les lieux ! À partir de là commence un road-movie, durant lequel ce duo aura à affronter mille embûches pour sa survie. Le bus les mènera vers Mostaganem, un univers méconnu et si différent pour cette famille habituée au calme de la campagne. Après deux nuits passées au hammam pour Djamil, et à dormir dans une cuisine pour Hadjer, ils arrivent à trouver un gourbi grâce à Mohamed, l’époux de Fatma (Hedjla Khelladi), amie de Hadjer. Alcoolique, vicieux et sans perspectives, Mohamed, joué par Samir Elhakim qui incarne à la perfection ce personnage exécrable, aura un rôle déterminant sur l’avenir des protagonistes… qui se retrouvent pour la deuxième fois à fuir leur “confort”. Comme dans une pièce de théâtre composée de trois actes, Anis Djaad illustre ce “voyage” à travers trois tableaux différents : le départ, la “renaissance” et la destination finale, qui les emportera vers d’autres rivages, chez Kader, alias feu Djamel Barek, propriétaire d’un restaurant. Si ce petit résumé (pour ne pas spolier) ne rend pas justice au film, La vie d’après est à voir, il prend aux tripes et bouleverse.

    Sans tomber dans le misérabilisme ou autres clichés auxquels nous avons droit habituellement, ce film dépeint une réalité amère de notre société que beaucoup ignorent ou font semblant de ne pas connaître : la difficulté d’être une mère célibataire, qui, souvent dans les petites villes où villages reculés, est victime de violence, de misogynie, d’abus sexuels. Autre phénomène indissociable à cette femme ou plutôt personnage : un adolescent de 16 ans, désabusé et privé de son enfance, de sa jeunesse. Cette jeunesse qui par dépit décide d’emprunter la voie de la harga pour échapper à la hogra ! Le réalisateur s’est longuement intéressé à ces histoires sociétales, son long métrage est un hublot sur cette réalité, qu’il fait bien de nous rappeler. Même si le spectateur n’aura pas droit à son happy end, il aura à vivre 1h45 minutes de colère, d’espoir, de sourires et de larmes.

    En somme, le public aura droit à la magie du cinéma ! Concernant le côté technique et l’acting, le réalisateur a usé d’un rythme lent qui collait à la narration et au propos, appuyé par un silence et de gros plans suggestifs. Sans oublier la jolie brochette de comédiens qui ont excellé dans leur jeu ainsi que dans la diction ; pour une fois, seul l’accent de l’Ouest régnait, comme le voulait la trame du film. Le long métrage La vie d’après, dont la sortie nationale n’a pas eu lieu comme annoncée par le producteur algérien CADC (Centre algérien du développement du cinéma), mérite d’être visionné par le public avide de cinéma. 

     

     

    Hana M.

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