• ?Je veux tourner en algérie et dans le monde entier?

    Juliette Binoche. Actrice française

    “Je veux tourner en algérie et dans le monde entier”

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    le 28.08.14 | 10h00 Réagissez

     
	Je regarderai d’abord les  films et le scénario du réalisateur algérien

     
    Je regarderai d’abord les  films et le scénario du...

     

    - Vous êtes vous préparée pour le film Mille fois bonne nuit d’Erik Poppe ?

    Quand vous allez en Afghanistan, c’est une tout autre situation. Quand vous allez principalement dans les pays arabes, c’est une différence réelle. J’ai beaucoup parlé avec Lynsey Addario qui est photographe de guerre. Elle a été en Afghanistan plusieurs fois. C’est hallucinant de voir comment elle prépare ses voyages. Cela n’est pas improvisé à la dernière minute. Et dire : «Chouette d’aller là-bas !» (rire). C’est plutôt organisé. Spécialement quand c’est dangereux. Faire ce film, c’est déjà une déclaration politique.

    - Votre rôle de photographe de guerre est déchirant et émouvant. A-t-il un message, une morale... ?

    Je ne sais pas si ce film donne une réponse, vous savez. Mais, définitivement il pose quelques questions. Parce qu’au début, elle (Rebecca, la photogragraphe de guerre) ne peut pas prendre de photos de ce kamikaze-terroriste (attentat suicide). A la fin de l’histoire, elle ne peut pas non plus le faire. Aussi, c’est une sorte de réflexion. Elle est riche de cette histoire. Cela ne donne pas de réponse.
    C’est à vous de comprendre ce que vous voulez comprendre avec cela. J’ai rencontré un photographe de guerre qui a décidé d’arrêter (son métier).

    Parce que c’était trop dur. Et se mettre dans une telle situation dangereuse, à ce moment-là,  vous pensez à votre vie : «Pourquoi ai-je besoin d’aller là-bas ?». Alors, bien sûr, vous trouvez beaucoup de raisons : «vous voulez montrer cela (la guerre) au monde» ; «vous avez la rage» ; «vous voulez montrer les choses, la réalité, la vérité…». Alors, vous mettez votre vie en danger ; être témoin d’une telle horreur. Il y a un questionnement comme : «que dois-je faire avec ma vie ?» ; «que dois-je rapporter aux autres sur la vie». Alors, c’est une intéressante question, Parce qu’il y a de plus en plus de photographes, spécialement des femmes, le monde occidental aidant, qui sont sur le terrain.

    Cela pose une autre question, et ce, comme une femme (photographe de guerre) qui a une passion. Une passion dangereuse. Pourquoi n’est-elle pas acceptée comme un homme se rendant dans des zones de guerre ? Et en même temps ayant une famille. Je veux dire qu’il y a de grandes différences. Les gens n’acceptent pas qu’une femme opère dans les zones de guerre. Et ils disent : «C’est une mauvaise mère !»

    - Le rôle de Rebecca était-il facile ou difficile à camper

    Si vous décidez d’incarner le rôle, vous acceptez la difficulté et cela devient facile. Si vous ne l’acceptez pas, ce n’est pas facile. Ils sont liés  ensemble. Il faut y aller et y entrer. C’est comme la vie. Si tu n’oses pas, «re-oses» pas… C’est horrible à vivre. Parce que vous ne le vivez pas. Malgré les difficultés, vous y allez. Et vous continuez… Rien n’est facile, rien n’est difficile. Vous n’avez qu’à juste le vivre.

    - En tant que mère, ce rôle a-t-il déteint sur vous ?

    Oh, je suis une combattante en tant que mère. Je me bats pour être une mère. Je ne peux pas renoncer à ma passion. Parce que c’est moi. Alors, tu dois combiner ces deux folles situations, de toute façon (rire). Parce que c’est ce que la vie t’a donné. Choisir entre l’un et l’autre ? Jamais ! Il y a des mères spéciales, ainsi que d’autres aussi spéciales. J’ai toujours été consciente des besoins des enfants. Ils voyagent beaucoup avec moi. Et des fois, ils choisissent de ne pas le faire avec moi (rire). Je veux dire que, toujours, c’est une adaptation de situation. Vous vous adaptez avec ce qui se passe. Parce que la vie change ses mouvements.

    Elle change tout le temps. Une bonne mère s’adapte. Et les meilleurs enfants, ce sont ceux qui s’adaptent. Je comprends certaines gens qui ont besoin d’aller à leur bureau de 8h à 17h. Je ne veux pas de cela. Probablement, c’est parce que je ne me sens pas instable à l’intérieur. Je ressens une sorte de stabilité à l’intérieur. Alors, je peux bouger, c’est o.k. ! Peut-être que si j’étais instable, j’aurais eu besoin de quelque chose de plus contrôlable. Je ne sais pas.

    - Vous avez toujours cette flamme en vous, celle du cinéma… La passion de continuer ?

    La flamme, vous l’avez ou vous ne l’avez pas. Alors, vous pouvez la mettre partout où vous voulez. J’essaie d’être ouverte et dévier de la réalité des choses. Et c’est beaucoup de travail (rire). J’ai tellement de chance. J’ai toujours cette passion pour ce que je fais. Voyager dans des pays où je rencontre des gens formidables. Je suis heureuse de présenter mon nouveau film parce qu’il s’agit du présent et du futur.

    - On parle d’un projet de film avec Abbas Kiarostami à partir d’un script de Jean-Claude Carrière. Des retrouvailles après Copie Conforme ?

    Pour le moment, il a besoin de pause. Il fait de la photographie, il s’adonne à la poésie. Mais, probablement il y pense beaucoup.

    - Jouer dans Godzilla de Gareth Edwards, un choix à 360° ... ?

    C’est ma nouvelle carrière ! (rire). J’ai reçu une très belle lettre de Gareth Edwards, le réalisateur. Et j’ai dit : o. k., je suis partante. C’était drôle. On a tourné à Vancouver (Canada).

    - Et travailler avec Olivier Assayas dans Sils Maria ?

    C était  une telle  bénédiction que de travailler avec lui. Parce que j’ai déjà fait un film avec lui. Et puis, Olivier (Assayas), je lui avait manqué (rire). Pendant le tournage, j’ai été tellement bénie. C’était mon rêve qui se réalisait. C’était juste une lueur ! Un gros projet !

    - Etes-vous sélective dans vos choix de films ?

    Les offres ne sont pas mon but. Je veux travailler avec des gens du monde entier. Issus de différents esprits, visions… Calculer entre un film commercial et un autre d’auteur, d’art… cela n’est pas moi.

    - Si un réalisateur algérien vous sollicitait pour un tournage à Alger, Oran...Â…

    Je regarderai d’abord ses films (rire). Je lirai d’abord son scénario. Et je le rencontrerai. Voilà !

    - Et le financement ?

    Eh bien, cela ça se discute (rire).

     

    K. Smail
    « Une fresque anticolonialeEL WAHRANI AU FESTIVAL D'ANGOULEME »
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