Le 13 février 1960, la France procédait à son premier essai nucléaire à Reggane, dans le Sahara algérien. La puissance de ce tir réalisé en atmosphère, et qui répond au doux nom de « Gerboise Bleue », est quatre fois supérieure à celle de la bombe d’Hiroshima. Trois tirs aériens suivront puis 13 autres tirs souterrains alors même que, entre temps, l’Algérie a accédé à l’Indépendance en 1962. Au total, entre 1960 et 1966, la France mettra en œuvre 17 tirs dont celui dit du « Béryl », le 1er mai 1962 qui échoua, fissura la montagne et laissa échapper un nuage radioactif.

Le documentaire de Djamel Ouahab, « Gerboise Bleue » (2008), revient donc sur cet épisode assez méconnu de l’histoire contemporaine. Par le biais de témoignages d’anciens soldats, d’appelés et d’Algériens, il montre comment la France a procédé à ces essais sans avoir pris la peine de prévenir les militaires, les civils et les populations locales de la dangerosité des manœuvres. De plus, après son départ, l’armée française n’a procédé à aucune décontamination des sites et s’est contentée d’un enfouissement sommaire des matériels. Aujourd’hui, abandonnés à leur sort, les victimes françaises et algériennes des ces essais, qui pour beaucoup souffrent de lourdes pathologies, réclament reconnaissance et justice. L’État algérien, qui s’est peu préoccupé de ce problème jusque-là, voudrait que lui soient communiqués les documents utiles pour « comprendre ce qui s’est passé, connaître les sites contaminés et les circonscrire ». Mais l’État français continue de faire la sourde oreille. Il a décidé de classer secret-défense les archives relatives à ces essais et refuse de reconnaître une quelconque corrélation entre l’exposition aux radiations et l’apparition des maladies.

Voir également le documentaire sur De Gaulle, l’Algérie et la bombe en cliquant ici et un reportage sur la puissance des essais nucléaires réalisés en Algérie ici.