• Festival international du livre et du film étonnants Voyageurs

    Festival international du livre et du film étonnants Voyageurs

    Rabat, «arène» des idées sans tabou

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    le 15.03.14 | 10h00 Réagissez

     

     

    Ecrivains, dramaturges, cinéastes, poètes, plasticiens et conteurs de renom du monde entier ont atterri dans la capitale politique du royaume pour «s’affronter» intellectuellement pendant quatre jours.
     

    Rabat (Maroc).
    De notre envoyé spécial  


    Est-ce un hasard si les organisateurs ont jeté leur dévolu sur le Maroc pour cette édition, pays dont on dit, pourtant, que la liberté d’expression et de penser se réduit comme peau de chagrin, dès que les thèmes paraissent provocateurs pour le régime ? Le choix de cette ville ouverte sur l’Atlantique de ce pays est vite justifié. «Il est situé, géographiquement et culturellement, au carrefour de plusieurs civilisations et qui connaît aujourd’hui une réelle effervescence artistique.» Mais en réalité — et c’est un constat — les a priori et autres clichés disparaissent dès que l’on se retrouve «embarqué» dans des conférences, des films et pièces de théâtre mettant inexorablement le doigt sur des sujets paraissant suggestifs, «subversifs» pour les esprits à la traîne de l’évolution des mentalités. Des réalités du temps présent. Pour les 90 intellectuels présents sur les bords de la rivière Bouregreg, la libre pensée a supplanté la langue de bois, le politiquement incorrect.  Wassyla Tamzali a donné le ton dans Histoires minuscules des révolutions arabes, à la superbe Bibliothèque nationale devant un auditoire toute ouïe : «Je continue de penser, même si le mot fait peur, que l’écrivain a un rôle moral à jouer.

    Il faut savoir de quel côté vous êtes.» Quelle analyse prétend-on tirer de ce qu’on appelle les «Printemps arabes». Mme Tamzali estime que «les textes d’analyse de l’époque nous tombent des mains aujourd’hui. La fiction reste essentielle pour saisir l’intime.» Venant à sa rescousse, le Prix Goncourt marocain Tahar Ben Jelloun confirme cette thèse en empruntant son argument à Stendhal. «Tous les arts sont fondés sur un certain degré de fausseté et je (Ben Jelloun) pense que c’est justement ce degré de fausseté qui permet d’atteindre la vérité.» Il est donc purement cruel de croire que l’intellectuel, maghrébin notamment, s’exclut volontairement, par calcul ou intérêt, des enjeux et débats de leurs sociétés.  En fait, facebook était-il à l’origine des «Printemps arabes» ? Pas très vrai, si l’on se fie à l’auteur et analyste marocain Driss Ksikes dans son intervention : «Les effets inattendus de la cyberrévolution et qui considère que, pour lutter contre le néolibéralisme dominant, producteur d’inégalités sociales, les plus farouches envisageaient pour la première fois le réseau et le partage en ligne comme outils de mobilisation.

    Dans l’intervalle, les représentations médiatiques, partiales de nature, ont davantage reflété les peurs identitaires de chacun que les archaïsmes politiques et économiques qui généraient de grosses frustrations chez la plupart». Réflexion fortement débattue par une assistance composée de jeunes, parfois interloqués et ne comprenant pas que des révolutions menées par les peuples (Tunisie, Egypte…)  ayant fait chuter des tyrans, soient expliquées «subtilement» par des raisons autres que par la détermination et la bravoure de peuples longtemps réduits à des individus sans projet, sans vision d’avenir… Déni de vérité d’un intellectuel ? L’écrivaine algérienne, plus directe, témoin de son siècle, constate : «Les Tunisiens, les Libyens, les Egyptiens ont mené une révolution – sanglante – pour recouvrer leur liberté et leur dignité. Ils ont payé le prix fort. L’on s’attendait donc à une éclosion qui aurait débouché sur l’avènement d’une société plus juste, plus tolérante qui prendrait enfin en compte les aspirations des citoyens dans leur diversité Or, depuis la fin des dictatures, tout se passe comme si on voulait confisquer cette révolution populaire au profit d’un ordre nouveau qui voudrait instaurer une autre forme de dictature plus pernicieuse encore parce qu’elle se réclame de la religion ou du moins d’une interprétation rigoriste de la religion.»   

    Chahredine Berriah
    S

     

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