• Festival de Cannes 2011: Les grands réalisateurs européens

    Par: Christelle Viero
    Parmi les vingt films en lice pour la Palme d'or 2011 figurent en tête de proue quatre des plus grands cinéastes d'Europe: Pedro Almodovar, Les Frères Dardenne et Nanni Moretti.

    Pedro Almodovar

    Il signe son tout premier long métrage en 1980, "Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier", dans lequel émerge déjà une certaine liberté de ton. Avec une récurrence de sujets tournant autour de l'identité sexuelle, les personnages évoluent dans un univers où les secrets de famille sont toujours prêts à ressurgir et les relations entres les hommes et les femmes sont souvent perçues comme néfastes. Parfois controversé, il va tout de même s'imposer comme l'une des icônes du mouvement culturel créatif post-franquiste, la Movida espagnole. "Talons aiguilles" marque sans doute un tournant dans sa carrière et suite au poignant "Tout sur ma mère" en 1999, s'ensuit une filmographie exemplaire et singulière d'un grand artiste et directeur d'acteurs: il révèlera notamment Carmen Maura, Gael Garcia Bernal et fera de Penelope Cruz sa muse. Dans cette veine, sort trois ans plus tard "Parle avec elle", considérée par la critique comme son oeuvre la plus mature et la plus aboutie. La couleur rouge omniprésente dans quasiment tous ses films pourrait faire écho au tapis rouge du Festival de Cannes, car, entre La Croisette et Almodovar, il s'agit d'une grande histoire d'amour. Endossant le costume de membre du jury en 1992, le cinéaste revient sept ans plus tard pour repartir avec le Prix de la meilleure mise en scène pour son film "Tout sur ma mère". Dès lors, Almodovar liera une relation toute particulière avec cet événement en ayant désormais son fauteuil à son nom dans La Sélection officielle pour chacun de ses films: "La Mauvaise éducation" présenté en Ouverture, "Volver" Prix du scénario et Prix d'interprétation féminine, ou encore "Etreintes brisées" qui repartira bredouille. 
    Son tout nouveau film, "La piel que habito", inspiré du roman "Mygale" de Thierry Joncquet, permet au cinéaste espagnol de retrouver l'acteur et compatriote Antonio Banderas, 21 ans après "Attache-moi".

    Les Frères Dardenne

    Bien plus au Nord, Les Frères Dardenne... S'ils font partie de ces cinéastes dits "social" à l'instar des Ken Loach et Mike Leigh chez nos voisins britanniques, le cinéma de Jean-Pierre et Luc Dardenne s'inscrit très tôt dans la mouvance d'un cinéma réaliste et engagé, où s'imposent leur style, mais aussi leurs revendications. . 
    Leur parcours cannois commence en 1996, à la Quinzaine des réalisateurs, grâce au film "La promesse" (qui révèle Jérémie Renier). Ce film annonce un discours militant mais non moralisateur qui imprègnera chacun de leurs longs métrages. 1999 est l'année où les frères Dardenne s'exportent mondialement grâce à leur Palme d'or obtenue pour "Rosetta" avec Emilie Dequenne (encore une révélation) en pleine recherche désespérée d'un emploi. Ce rôle lui vaudra le Prix d'interprétation féminine. En 2002, "Le Fils" permet à Olivier Gourmet de remporter également le Prix d'interprétation masculine. En 2005, le jury décerne une nouvelle fois la Palme d'or pour leur film "L'enfant" avec à nouveau Jérémie Renier et Déborah François, alors encore débutante. Un an plus tard, les deux cinéastes reviennent à Cannes en tant que co-présidents du jury de la Caméra d'or. En 2008, "Le silence de Lorna" leur vaut un autre trophée cannois: le Prix du scénario. Ils comptent désormais parmi les metteurs en scène les plus primés de l'histoire du festival. Cette année, pour leur nouveau film, "Le Gamin au vélo", les frères Dardenne ont fait appel à une actrice belge déjà confirmée en la personne de Cécile De France.

    Nanni Moretti

    Les oeuvres du cinéaste italien entremêlent des questionnements intimes avec des interrogations politiques. En témoigne sont tout premier long métrage en 1976, "Je suis un autarcique", dans lequel il porte un regard ironique sur le gauchisme. La rencontre entre Cannes et Moretti débute deux ans plus tard avec "Ecce Bombo", présenté en Sélection officielle. Le succès dans la carrière du cinéaste va croissant. En effet, en 1994, son film sur le combat contre la maladie de Hodgkin, "Journal intime", remporte le Prix de la mise en scène. Mais c'est "La chambre du fils" qui fera l'unanimité pour la Palme d'or 2001, sans toutefois parvenir à gagner le coeur des Français, en atteste le faible nombre d'entrées dans les salles françaises. "Le caïman", satire grinçante contre Berlusconi, est présenté en Sélection officielle en 2006, en pleine campagnes législatives transalpines. Pour la Sélection 2011, Michel Piccoli incarne pour son film pontifical qui concourt pour la Palme d'or, "Habemus papam", un pape fraîchement élu, empli de doutes pour assumer sa nouvelle fonction.


    La présence récurrente de ces cinéastes à cette nouvelle sélection confirme une fois de plus qu'ils sont indiscutablement les maestro du cinéma dans leur patrie. 

    A propos de l'Auteur:
    jeune journaliste et critique de cinéma
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